jeu.
21
févr.
2013
- On paye en US dollars. La monnaie locale ne sert généralement que pour payer les cents
- La bière coûte moins chère que l'eau
- Comme en Thaïlande, le tourisme sexuel est développé. Il vient à vous sans même le chercher. C'est 15$ l'acte. D'après un témoignage, parfois le préliminaire est gratuit si vous prenez une bière
- La forêt tropicale semble impressionnante
- Le premier prix n'est jamais le dernier
- Les cambodgiennes portent des cols roulés et des gants pour éviter de bronzer, et garder une peau claire, même quand il fait 40° l'après-midi
- Il n'y a pas beaucoup d'interdits
- Les Lonely Planet en vente, comme les livres à l'Université, sont des photocopies reliées
- Il est souvent déconseillé de s'éloigner des chemins balisés en forêt à cause des mines
- Le sourire est la règle
- Trouver de l'opium n'est pas difficile
- La corruption est très développée
- Le massage des pieds ne coûte que 1$
- A l'aéroport, Le Monde est vendu sous forme de photocopies
- Les ravages de l'Histoire, guerres et génocide, se font encore bien sentir
- Mac Donald n'est pas encore arrivé. KFC si
- Il pleut une grosse heure et demi en période de mousson, entre 16h et 18h
- Les cambodgiens ont froid quand il fait 25° au petit matin, comme en ce moment.
- On mange des insectes, des mygales frits dans l'huile, et tout ce qui est vivant, aussi à cause des guerres et des conditions de survie dans lesquelles le peuple a été plongé
- Il n'y a pas beaucoup de taxis officiels
- Il fait toujours beau, 30° minimum, même pendant la mousson
jeu.
21
févr.
2013
Aujourd'hui, jour de départ.
La matinée se résume à faire nos sacs, et une dernière petite marche dans la ville, vers Wat Phnom, et les rues autour. Audrey s'arrête pas très loin pour se faire masser par un aveugle, comme il est possible de le faire ici. Fred rentre à la guesthouse, et elle revient une heure plus tard. Pour 7$, elle n'est pas du tout déçue, et trouve même que c'est le meilleur du voyage - si ce n'est plus - qu'elle ait eu. Le fait de ne pas voir rend les masseurs bien plus attentifs aux douleurs et noeuds.
Vers 15h, nous décollons de la guesthouse. Tuk-tuk - l'un des derniers du voyage peut-être - et arrivée 30 minutes plus tard à l'aéroport. 10$. Enregistrement, et décollage à 17h25, sous un temps couvert.
mer.
20
févr.
2013
Petite journée today. Pas grand chose, à part repos, soleil, et piscine. Nous sommes retournés là où nous avons pris un verre hier soir, au Frangipani Hotel. Bon, à vrai dire, Phnom Penh, en deux jours, c'est visité. Nous aurions pu aller aux Killing Fields, que nous n'avons pas vus, ou tout simplement rester à la guesthouse, mais on va être franc : nous avions envie d'un grand bain de soleil, et de sentir la chaleur des rayons sur nous, toute la journée si possible. Nous avons donc emporté le PC, pour travailler un peu quand même, puis un moto-taxi, direction une rue à 10 minutes de la notre.
Mais avant d'aller nous baigner, ou nous allonger sur le transat, nous retournons là où nous n'avons pas pu rentrer hier soir, et qui va d'ailleurs sûrement bientôt être détruit (l'endroit a
simplement été construit pour la crémation du Roi... il y a un bon mois, le lieu était un parc). Il fait déjà très chaud, même si quelques nuages font une brève apparition. Nous faisons
le tour du monument central, qui ne présente rien de particulier. Nous prenons quelques photos, puis traversons la rue, et entrons dans ce petit hôtel, avant de rejoindre le 8ième étage
et la piscine. Pas grand monde pour l'instant. Nous nous installons, et y passons toute l'après-midi. Nous discutons avec une américaine, puis, bien plus tard dans la journée, avec une
française de Londres. La piscine est géniale, avec son revêtement couleur pierre, et son eau salée extrèmement claire. On en redemande. Envie de faire de la plongée. Nous partons alors
que la nuit est tombée, ce qui permet de prendre quelques photos du bâtiment de ce matin tout éclairé.
Comme nous n'avons pas beaucoup mangé aujourd'hui, hormis le snack commandé à la pisine pendant que nous finissions de rédiger un article, nous nous mettons en quête d'un restaurant français
digne de ce nom. Nous en avons un ou deux en tête. Nous remontons la grande rue le long du fleuve, et re-tombons au passage sur les appareils de gymnastique et de musculation que nous
avions aperçus l'autre jour. Pas mal de monde, dont plusieurs enfants, s'amusent avec. Vient notre tour, à essayer ces instruments assez rigolos. L'humeur est bonne. Plus loin, un cour
de danse, ou plutôt d'exercices rythmiques, est donné sur un espace un peu plus dégagé. Nous nous rappelons la Chine, ou même Bangkok, où nous avions assisté à la même chose. Audrey
décide d'aller voir le prof, et la voilà à donner un cours improvisé de quelques minutes. Une personne lui demande même de rester, et de faire du rab'. Bien sûr, on a tout filmé ! Nous
repartons, et continuons notre recherche de restaurant, qui devient pénible quand, après avoir tourné et demandé plusieurs fois, nous ne le trouvons toujours pas. Heureusement, nous
tombons dans un bar quelconque sur deux français, en train de refaire le monde, qui nous recommandent d'aller à "La brasserie du port", pas très loin. Comme les restaurants que
nous cherchions sont en fait assez loins, nous suivons leur conseil. Peu de temps après, une fois Christophe et Jean-Pierre - les propriétaires - rencontrés, nous voici devant une
assiette de charcuterie et un verre de vin à la main. Notre premier dîner français depuis notre départ. C'est bon quand même. Ca va être bien quand nous rentrerons. Nous restons en fin
du repas à discuter, un verre de vodka caramel offert par la maison posé sur le comptoir, puis regagnons la guesthouse.
Une fois la moto-taxi trouvée, Fred insiste pour conduire le scooter à la place du cambodgien, qui accepte. Le trajet n'est pas très long, ca peut être fun. Malheureusement, ce n'est pas un scooter, mais une moto. Et Fred ne sait pas passer les vitesses avec, et n'a pas du tout envie d'apprendre maintenant avec Audrey derrière. Tout de suite, c'est moins marrant, et accessoirement plus dangeureux, et il laisse la place au chauffeur, qui nous ramène rapidement, vers 23h.
mar.
19
févr.
2013
La journée est consacrée à la recherche de vans pour l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Rien de bien sexy donc. Nous passons les détails sur la matinée, classique, ainsi que sur les sites comparatifs, mails envoyés, lecture de forum etc.... tout cela au bord de la piscine, sans pour autant avoir beaucoup de soleil (elle est orientée quasi nord), sauf à un moment de l'après-midi. Petite forme pour tous les deux en plus. Allez savoir pourquoi, il y a des jours comme cela. Nous envoyons donc plusieurs mails, et nous orientons à priori sur la location d'un camping-car pour la Nouvelle-Zélande (permettant, contrairement à un van, d'avoir un vrai frigo, une cuisine intérieure, et de se tenir debout... utile donc pour les jours de pluie, comme nous risquons d'en rencontrer étant donné l'époque où nous y serons), et d'un 4x4 puis d'une voiture pour l'Australie (4x4 pour la partie centre de l'Australie-Adelaïde, puis voiture pour la partie Adélaïde-Sydney). Fred regarde aussi des infos pour certaines attractions comme faire de la pêche au gros en Australie, plonger en NZ avec des dauphins, voir des baleines, ou faire du snorkeling ou de la plongée dans un des Top diving spots de la planète (Poor Knight Islands). La journée passe donc tranquillement.
Un peu plus tard, en fin d'après-midi, nous nous décidons à prendre un tuk-tuk pour aller passer une heure sur un bateau, pour naviguer sur le Tonlé Sap, et rejoindre le Mékong, tout près. L'idée
est d'aller voir le soleil se coucher depuis le bateau. Nous avions vu cela il y a deux jours, en remontant la longue rue. Nous choississons attentivement notre heure, 17h30. Arrivés juste à
temps, nous économisons un dollar grâce à la bonté du guichetier (nous n'avons plus du tout de liquide, et les distributeurs aux alentours n'acceptent pas notre carte), et aussi parce que les
cambodgiens sont sympas, et que nous lui expliquons que nous partons demain, et que ce sont nos derniers dollars. Peu de monde à bord, sauf quelques français, dont un couple de trentenaires bien
sympas avec qui nous discutons longuement, à partager nos expériences de voyage. Le soleil descend peu à peu sur la ville, alors que le bateau est parti depuis maintenant une demi-heure. Il se
couche au moment où nous faisons demi-tour, pas très loin de la rive face à la ville, sur le Mékong, et lorsque nous sommes à côté de maisons sur pilotis et "épiceries" flottantes. Grande
pauvreté sous nos yeux. Le bateau se dirige de nouveau vers le quai, doucement, que nous rejoignons vers 19h et quelques. Autrement dit, nous sommes déjà en retard pour le verre que nous allons
prendre un peu plus loin, à environ 600m, avec Rapytha, une amie d'un ami de Fred (Alex, si tu nous lis !). Une cambodgienne d'une quarantaine d'année, mariée avec un français professeur au lycée
français de Phnom Penh. Nous avons du mal à trouver le restaurant où nous avons rendez-vous, et tournons une dizaine de minutes autour d'un autre, pourtant tout proche de là où le couple nous
attend. Finalement, tout est bien qui finit bien, et nous voici au bon endroit. Nous ne les avons jamais vus, et eux non plus, mais nous nous trouvons tout de suite. Et le courant passe sans
forcer, comme la semaine dernière à Siem Reap avec Louise, une autre amie d'un ami. C'est drôle, ce genre de situation n'arriverait probablement pas en France. Nous discutons, racontons nos
histoires respectives, autour d'une soupe vietnamienne et d'une bouteille de bière, sur la terrasse du petit restaurant local. L'occasion d'en apprendre plus sur le Cambodge et ses habitants, et
de rencontrer des personnes agréables, le temps d'une bonne soirée. Une fois terminée, ils nous emmènent juste à coté, voir le bâtiment éclairé qui nous intrigue : c'est celui qui a été construit
il y a trois semaines pour les funérailles du roi. C'est là que des milliers de personnes se sont amassées pour l'incinération, que Ayrault - le seul représentant occidental - s'est endormi,
scruté par les télévisions cambodgiennes, et que une grande partie de la région s'est figée le temps de la cérémonie, et les jours précédents. Nous passions la frontière ce jour là. Et nous nous
souvenons bien que toutes les télés ne diffusaient que cela, que des écrans géants étaient disposés à la frontière, que des photos du Roi étaient affichées dans tous les lieux (comme notre
première guesthouse, pourtant tenue par des anglais). Il faut imaginer que cet homme a traversé 50 ans de conflits, d'enjeux, de jeux politiques ou diplomatiques, à prendre et laisser le pouvoir
plusieurs fois. Un homme sûrement pas toujours clair, mais qui a marqué le peuple, et bénéficiait d'un amour profond de sa part. Autrement dit, sa disparition laisse un vide. Du coup, pour la
cérémonie, des centaines de milliers de cambodgiens se sont déplacés, de toutes les provinces du pays, pour venir à Phnom Penh. C'était il y a deux semaines. Et vous savez quoi ? La plupart ont
été interdits d'accès, et ont dû rester à la périphérie de la ville plusieurs jours. Mesures de sécurité. Ca a chauffé, et lesdites mesures ont été assouplies. Mais quand même. Interdire à des
gens ayant faits tout leur possible pour parcourir des centaines de kilomètres, sans en avoir parfois les moyens, pour se recueillir, saluer celui qui les a marqués, et atténuer leur peine....
pfff. Bref. Le bâtiment est illuminé de partout, et brille au milieu du quartier. Nous arrivons au moment pile où il ferme ses portes. Impossible du coup de rentrer, pour aller voir de plus près
(même si les cendres ne sont plus là). Nous reviendrons demain, ou jeudi matin.
Afin de continuer la soirée tous ensemble, nous allons boire un verre sur le toit d'un hôtel juste à côté. L'endroit est sympa. Il fait bon. Nous sommes rejoints par deux connaissances de nos
nouveaux amis, dans la capitale pour raisons professionnelles. Nous restons tous ensemble une heure au moins. Petit tour de l'hôtel avant de partir (tiens, la piscine extérieure à côté est bien
sympa, et à l'air d'être au soleil toute la journée, on pourrait peut-être y aller demain...), puis tuktuk, et retour à la guesthouse, deux dollars et demi plus tard. Nous traînons un peu en bas,
à discuter et faire deux ou trois chose sur l'ordinateur, puis montons nous coucher. Il est un peu plus de minuit.
lun.
18
févr.
2013
10h30, heure à laquelle nous montons dans un tuk tuk. Nous avons la chance de pouvoir choisir notre destination du jour, contrairement à ceux qui nous ont précédé le long de la route, entre 1975 et 1979, et qui ont été amenés de force dans ce lieu où personne ne souhaitait aller. Un lieu maudit de l'Histoire. Nous nous dirigeons pourtant vers une ancienne école. Lors de la "libération démocratique" de 1975 ("Kampuchea Democratic"), des déportations massives à travers tout le pays ont été organisées pour vider les villes de leurs habitants, et les faire retourner travailler dans les campagnes, dans des conditions proches de l'esclavage. C'est à ce moment que cet ancien bâtiment scolaire a été reconverti. L'endroit est connu sous le nom de S21 ("Security Office 21", aujourd'hui devenu le "Tuol Sleng Genocide museum"). C'est un témoignage bouleversant des atrocitées commises par les khmers rouges, en tant que centre principal de torture utilisé par le régime. Sur ordre de Pol Pot, le 17 avril 1975, le S21 vit le jour comme centre de détention, d'interrogation, de tortures et de meurtre.
Nous entrons dans l'édifice, 15 minutes après, en passant par le portail de l'école, et arrivons dans la cour de celle-ci. Les murs, 600 par 400 mètres, qui l'entourent sont surmontés de
barbelés. Nous voyons trois des quatre bâtiments, dont les salles de classe ont été à l'époque transformées en cellules individuelles, communes et en salles de torture. Nous découvrons également
14 tombes blanches, au milieu de la cour, abritant les corps des 14 dernières victimes de la folie des hommes, décédées quelques heures avant la fuite des derniers bourreaux, au moment où
l'intervention vietnamienne pénétrait dans la capitale, les trouvant sur leur lit de torture, le 7 janvier 1979, sans pouvoir les identifier suite aux sévisses reçus. L'un d'entre eux était une
femme. Sur notre gauche, le bâtiment A, haut de quatre étages, dont les pièces - contenant seulement un lit de fer, et des chaines permettant d'attacher le prisonnier au lit - servaient à toutes
sortes d'horreur. Ce premier bâtiment fût utilisé pour détenir des cadres accusés de mener une révolte contre la révolution en cours. A l'époque, on pouvait se faire arrêter pour n'importe quoi,
pour n'importe quel soupçon, avéré ou inventé. Un regard de travers et c'en était parfois fini. Si une personne était arrêtée, toute sa famille l'était alors, accusée de complicité. Comme les 10
000 prisonniers détenus au total pendant quatre ans, et les 20 000 enfants tués parallèlement, ils étaient torturés, attachés sur un lit sans sommier, de 8h à midi, puis de 14h à 18h (et un jour
ou l'autre, conduits, yeux bandés et mains liés, dans un champs à 15km à l'extérieur de la ville pour être tués et puis entassés... le fameux camps d'extermination de Choeung Ek, ou "Killing
fields"). 7 survivants sont ressortis d'ici, grâce à leur talent de photographe (pour répertorier chaque détenu par exemple), ou de peintre. Ainsi, l'un d'entre eux, lors d'un interrogatoire, a
dit qu'il savait dessiner, et a été mis à l'épreuve avec 10 autres personnes, en devant dessiner un portrait de Pol Pot (on imagine la peur terrifiante qu'il a du ressentir). Son talent lui a
donné la victoire, a amélioré un peu sa situation quotidienne, et lui a au bout du compte sauvé la vie. Mais qui a-t-il remplacé, et combien n'ont pas eu la chance de connaitre l'arrivée de
l'armée vietnamienne pour les libérer ? Combien de bourreaux eux-mêmes ont pris la place de ceux qu'ils torturaient ? Les salles que nous traversons sont vides, mis à part la structure en acier
du lit, des chaînes, une boite (renfermant l'origine des cartouches de fusils mitrailleurs, et dont la fonction a été détournée pour accueillir on ne sait quoi), et au mur, une photographie en
noir et blanc d'un prisonnier après une séance de torture. Difficile de dire s'il est mort ou vivant. Aux étages, d'autres salles identiques, avec parfois des traces de sang, indélébiles, sur les
carreaux par terre, ou d'autres ayant servis de dortoirs pour des dizaines de prisonniers entassés ensemble, attendant chacun leur tour d'être interrogés, encore et encore. En ressortant de
l'autre côté du bâtiment, dans la cour, une arche en bois, servant auparavant aux écoliers pour les exercices de gymnastique (pour monter à la corde par exemple), reconvertie en instrument de
torture : les prisonniers étaient attachés par les pieds et les mains ensemble dans le dos, la tête en bas. Des mouvement de va-et-vients étaient répétés jusqu'à la perte de connaissance, pour
ensuite plonger leur tête dans des jarres remplies d'excréments et d'eau polluée, afin de les faire revenir à eux, et de reprendre la séance. Derrière, le bâtiment B a été transformé en cellules
individuelles de détention, de 2m par 0,8, en brique au premier étage, en bois au second. Les autres étages sont devenus des cellules communes. On imagine l'atmosphère, le silence qui devait y
régner, entrecoupé par les hurlements venant des autres salles. La façade du bâtiment est recouverte de fils barbelés, comme si un filet de pêche avait été tendu tout le long ; l'idée était de
prévenir les sauts dans le vide, et les tentatives de suicide des prisoniers. L'office était dirigé par "Duch", ancien professeur de mathématiques, et ayant voulu progresser dans les sphères du
pouvoir rouge. Il reportait tout ce qu'il se passait au Ministère de la Défense d'alors. Deux autres camps, situés autre part dans la ville, subvenaient aux questions alimentaires et
fournissaient les produits agricoles au S21, où les prisonniers politiques séjournaient en général 6 ou 7 mois.
Dans plusieurs salles, transformées aujourd'hui en salles d'exposition, nous regardons des tableaux entiers de visages. Autrement dit, les photographies prises à chaque arrivée d'un nouveau
détenu, avec leur numéro d'immatriculation. En effet, les khmers rouges tenaient des registres précis des faits qu'ils commettaient. Chaque prisonnier qui arrivait, était photographié, parfois
avant et après leurs séances de torture. Leur regard est dur. Certains sont des enfants. La chaise ayant servi pour ces photos, disposant d'un mécanisme permettant de maintenir la tête du sujet,
est visible, à côté d'affaires de tortionnaires comme de prisonniers. Sont exposés aussi les papiers de plusieurs étrangers, dont un américain, un français (de Montpellier), et un australien,
emprisonnés ici avant d'être assassinés. Le français est arrivé au Cambodge après le divorce de ses parents, et a suivi son père natif du pays. Il a vécu aux crochets de ce dernier plusieurs
années, avant la Révolution Démocratique. Ils ont été explusés, comme tous les habitants, dans les campagnes, puis, un jour, ont dû faire leur valise pour rentrer en France. Ils sont ainsi montés
dans un camion, rempli d'Indiens. Le camion ne s'est arrêté qu'une seule fois....devant la porte du S21. Dans un autre registre, des peintures reproduisent ce qui était fait aux bébés. Elles
parlent d'elles-mêmes (visibles dans la galerie ci-dessous). Cela nous fait bizarre - bien que rien ici ne soit très violent visuellement - car ces enfants ou bébés sont de notre génération.
Autrement dit, ce traumatisme de l'Histoire humaine s'est déroulé pendant les années où nous sommes nés. Et en dehors de ce lieu, c'est 2 millions de personnes qui sont mortes par la folie du
régime khmer rouge. Tout ça quelques années après être juste sorti du conflit vietnamien. Nous lisons des témoignages d'anciens employés, et des 7 survivants. Un traumatisme supplémentaire pour
ce peuple vient du fait que les corps des victimes n'aient pas été brûlés, comme le veut la tradition boudhiste, empêchant du coup les âmes des défunts de poursuivre leur chemin vers la
réincarnation. Le troisième bâtiment est évidemment dans le même esprit. Une salle contient un stupa, à côté d'armoires remplis de crânes, certains ayant un trou clairement visible sur la partie
supérieure. On devine pourquoi. De grands panneaux affichent en outre des portraits de hauts responsables du régime (la belle-soeur de Pol Pot par exemple), et décrivent l'investigation toujours
en cours pour rendre justice. La plupart d'entre eux ont été arrêtés seulement en 2007, et sont toujours dans l'attente de leur jugement. Certains sont défendus par Maître Jacques Vergès. Les
définitions de crimes contre l'humanité, de génocide, et de crimes de guerres, dont ils sont accusés, sont affichées à côté.
Pour Audrey, l'aspect banal de l'école - simplicité des bâtiments scolaires, pelouse sur laquelle les enfants jouaient au ballon - rend le lieu d'autant plus épouvantable. La comparaison avec un
autre lieu effroyable de l'Histoire qu'elle a visité, Dachau, lui vient immédiatement à l'esprit. L'Histoire nous montre dans tous les cas que bien des choses peuvent se répéter, avec souvent les
mêmes intentions politiques et idéologiques, teintées par la volonté d'imposer une vision du monde, de ce qui est bien et ne l'est pas, d'un conformisme égalitaire malsain et dangeureux, d'un
nivellement intellectuel qu'il n'est pas possible de contester, ni d'en échapper, sous pretexte de vouloir imposer une vision du monde et de l'homme totalement utopique, servant principalement
les intêrets d'une minorité bien placée, où la suspicion est de rigueur, et l'arbitraire est roi. Tentative dramatique de vouloir faire disparaître le mot "liberté", au nom de la collectivité, et
par l'usage de la force. Parallèlement, la fin de ce camps de détention est le témoignage, espérons-le utile, qu'il n'est pas possible de forcer les choses, et que cette Révolution Démocratique,
comme la plupart ayant vocation à "libérer" un pays ou un peuple, n'avait pas les ressorts nécessaires pour convaincre, perdurer et trouver un souffle qui aurait permis à tous ses partisans de
croire encore à la justesse de leurs convictions. Ces aberrations politiques et idéologiques ne tiennent pas sur le long terme (sauf en Corée du Nord ?).
Après ces deux heures de visite, nous changeons complètement d'atmosphère, et reprenons un tuk tuk juste à côté, pour nous rendre au Palais Impérial, notre deuxième visite de la journée. Le
trajet pour y aller permet de revenir un peu au monde qui nous entoure. Nous passons à côté du monument de l'Indépendance (1953), réplique d'une tour d'Angkor Wat. L'ouverture du Palais est à
14h. Nous sommes donc un peu en avance, en arrivant vers 13h30. La rue longeant la porte d'entrée est longue, large, et interdite aux voitures. Nous marchons donc sur la chaussée, en plein soleil
de la mi-journée, vers celle bordant le fleuve, pour boire un jus de fruit frais ou un Sprite en attendant, tranquillement. Quelques instants plus tard, nous voilà à re-traverser la grande
étendue d'herbe de tout-à-l'heure, puis arriver devant le ticket office pour prendre nos billets. Audrey a pris quelques affaires pour éviter d'être interdite d'accès au cas où ses épaules nues
ne soient pas admises ici. Bien vu, car cela sert. Il y a dejà pas mal de monde, mais le Palais est très grand, bien qu'une partie soit fermée au public. Nous commençons par aller sur notre
gauche, et rejoindre la Pagode d'Argent, juste à côté. Elle doit son nom aux 5000 dalles d'argent couvrant le sol, pesant 1kg chacune. Le bâtiment est vaste, et abrite un buddha en jade (bien
qu'appelé buddha d'émeraude), un autre grandeur nature, en or, et recouvert de presque 10 000 diamants (certains étant d'ailleurs très gros, et l'un d'entre eux faisant 25 carats), d'autres
figurines en or, des coffres, et un palenquin. A quelques mètres, un stupa miniature protège une relique de Buddha, provenant du Sri Lanka. Chose agréable, l'édifice est entouré de fleurs et de
plantes, dans des vasques posés sur le sol, formant une sorte de jardin du plus bel effet. Nous faisons le tour, visitons quelques annexes (dont une renfermant une empreinte du pied de Buddha...
elle fait 4 mètres de long !), et rejoignons parfois des intérieurs - où sont exposés des bijoux, armes ou trônes royaux - simplement pour profiter de la climatisation et sécher un peu. Nous
continuons en prenant notre temps, et revenons vers le Palais. En passant, une maquette d'Angkor Wat se trouve là, en pierre, longue de 5 ou 6 mètres, entourée d'un bassin rempli de poissons. Le
Palais en lui-même est composé de plusieurs bâtiments. Nous rentrons dans le principal, afin de voir la salle du trône, que nous ne pouvons pas photographier. Construite en 1919, la plupart des
ornements ont été détruits par les khmers Rouges. En périphérie des autres, dans le jardin, une maison de fer, en ce moment en cours de rénovation, fut offerte au roi par Napolénon III. Les
édifices sont beaux, majestueux, dorés, entourés de pelouse verte. Le bleu du ciel vient compléter ce tableau coloré. Par contre, il fait chaud, le soleil tape pas mal, nous sommes un peu pressés
de rentrer, même si Audrey a envie de tout voir. Pensant que le bâtiment du fond est accessible, nous prenons sa direction, mais sommes arrêtés rapidement, car ce sont les appartements royaux.
Nous ressortons du complexe, et profitons d'être dans le coin pour aller faire le tour de Wat Botum, un stupa pas très loin, où vivent des moines. Il renfermerait un sourcil de Buddha, que nous
ne pouvons voir. Nous ne restons pas très longtemps. Nous remarquons quand même le petit cimetière à côté, dont les tombes ont la forme de certains temples (ou monuments religieux) que nous
avions vus à Bangkok (des sortes de pyramides étirées, pointant vers le ciel).
Nous rentrons vers 16h30 à la guesthouse. Après cette journée bien remplie et la chaleur, une baignade s'impose dans la piscine. Nous restons au bord jusqu'à ce que notre estomac nous rappelle à
l'ordre, une bonne heure plus tard. Envie soudaine de viande, et recherche de l'endroit le plus approprié. Nous pensons avoir trouvé la perle rare quand, au moment de partir, nous nous rendons
compte que le restaurant est fermé le lundi. Tant pis, nous n'aurons pas de viande rouge ce soir. Du coup, nous nous rabattons sur le Top choice du Loney Planet, c'est-à-dire le restaurant FCC,
situé sur la principale rue animée, juste en face du fleuve. Son couloir est parsemé de photographies en noir et blanc du conflit vietnamien. Nous y mangeons correctement (mexicain et italien),
sur la terrasse en haut (nous avons pris l'huile essentielle à la citronelle, pour nous protéger des moustiques), puis nous promenons le long de la berge, qui ressemble un peu à celle de la
Croisette (en tous cas de nuit). Nous croisons des adolescents en train de jouer au ballon, des personnes faisant de l'exercise sur les barres en métal disposées dehors, et sur toutes sortes
d'appareil que nous essaierons un autre jour, ainsi qu'un cours de danse regroupant une dizaine d'enfants apprenant le rock. Audrey va les voir et danse quelques minutes avec une petite fille,
ravie et souriante, comme les autres enfants autour. Nous continuons à marcher une demi-heure, et retournons dans nos quartiers en tuk-tuk, faute d'avoir trouvé une moto-taxi.
dim.
17
févr.
2013
Aujourd'hui c'est dimanche, et pas de grosse envie à l'horizon. Petit déjeuner copieux qui nous amène jusqu'à 11h, puis direction notre chambre car Audrey n'a pas la grande forme (vive la nouriture du coin), et préfère se recoucher un peu avant d'aller visiter la ville. Nous partons vers 13h pour visiter le musée national. Au coin de notre rue, plusieurs tuk-tuks mais sans chauffeur. En fait, ils sont tous assis en ligne face à un écran de télé au bar du coin qui diffuse non pas un match de sport quelconque ou un film, mais une sorte de série/dessin-animé. Un peu bizarre. Nous marchons donc 5 minutes avant de monter dans un autre. 2 dollars plus tard, nous sommes à l'entrée du musée. Le bâtiment est joli, avec son jardin exotique. Une heure suffit à visiter les quatre grandes salles disposées autour du jardin intérieur. Plusieurs sculptures des différents temples d'Angkor sont exposées, la plupart provenant de ceux que nous avons visités, et mises en valeur par les grandes photographies, en noir et blanc, des temples dont elles proviennent, accrochées sur les murs. Nous apprécions avoir déjà visité les temples car cela nous permet de mieux les remettre dans leur contexte. Sont aussi exposées des oeuvres d'art khmères pré-angkoriennes, ou des stèles hindouistes. Sympa, mais pas incroyable. Le musée est assez petit et pas très varié.
Nous ressortons, et décidons d'aller marcher au soleil le long du Tonlé Sap, à côté de l'endroit où il rejoint le Mékong. Après une demie-heure, notre première impression sur la ville est
mitigée. La tranquillité de Siem Reap en moins, et l'agitation, la pollution et la mendicité plus grande en plus. Nous nous baladons sur les quais à côté des palmiers, et avons sur notre droite
des pêcheurs à la ligne en contrebas, et sur notre gauche de l'autre côté de la route, des bars et restaurants pour touristes. Le jus de mangue frais (avec glaçons d'eau purifiée), pris "Au bon
coin" en face du bar "La croisette", fait néanmoins du bien. Nous continuons ensuite vers le nord toujours le long du fleuve pour remonter tranquillement à pied vers la guesthouse. Sur le chemin,
nous nous arrêtons pour tourner autour de la stupa du temple boudhiste "Wat Phnom", construit en 1373, et perchée sur une colline à 27 mètres de haut. A l'intérieur, un boudha doré et des
peintures le long des murs. Nous traversons le parc qui l'entoure pour gagner la rue de France perpendiculaire à la notre, la rue 88. Nous passons à travers un petit marché local où la street
food ne nous fait pas trop envie.
17h, l'heure où nous récupérons nos clés à la réception juste avant de nous rafraîchir dans la piscine. Nous apprenons que le marché de nuit de la ville n'a lieu que le week-end et que donc la
seule opportunité pour nous d'y aller est ce soir. A 19h, nous ne prenons pas un tuk-tuk, mais une moto taxi qui est moitié moins chère que notre habituel moyen de transport. Il nous dépose,
après 5 minutes de route, devant un marché semblable à nos puces : étalages de vêtements, chaussures, souvenirs... Au milieu, une scène relativement grande où se succèdent ce que nous pensons
être "les futurs jeunes talents" de la ville. Les gens sont assis par terre pour écouter. Pas très loin, une tente où une sorte de loterie semble avoir lieu (nous n'avons pas réussi à comprendre
tous ce que ces feuilles remplies de chiffres signifiaient). Après avoir longé l'artère périphérique, nous tombons sur la food area. De grands tapis posés sur le sol forment une petite place à
l'intérieur du marché, et permettent de s'asseoir, chaussures enlevées, pour manger ce que proposent les stands des alentours : nourriture chinoise, noodles, calamars, pigeons entiers rotis,
poulets... et jus de fruit frais comme le mélange dragon fruit/guanabana que Fred choisi. Le tour est fait en trois quart d'heure, sans se presser.
Retour en mobilette-taxi pour le fun, et dîner à la guesthouse, rythmé par le son du DJ présent depuis le début d'après midi (les Sunshine Sundays). Et nous voici entrain d'écrire ces lignes
avant de... on terminera demain.
sam.
16
févr.
2013
Départ de la guesthouse ce matin à 7h20, après s'être levés à 6h30, afin d'être prêts quand le tuktuk envoyé par la compagnie de bus pour nous chercher arrivera, à partir de 6h45. Arrivée dans une gare routière, et montée dans notre bus "Giant Ibis", avec siège en cuir, climatisation, un croissant et une bouteille d'eau par personne. Il y a même du Wifi. Sur les conseils de Louise, l'amie d'un ami que nous avons vu il y a deux jours, nous avons choisi cette compagnie un peu plus chère que les autres (13$), mais limitant les arrêts et proposant des bus plus confortables.
6h30 de trajet, avec deux pauses, une de 25 minutes et l'autre de 10, dans des endroits où nous pouvons acheter à boire ou à manger. Rien d'exceptionnel. Le trajet se passe bien, nous dormons un
peu, écrivons un article pour le site, et jetons parfois des coups d'oeil sur l'écran plat qui diffuse quelques films américains.
Arrivée à 14h30. A la sortie du bus, nous découvrons que la lanière en bandoulière du sur-sac d'Audrey est arrachée sur un côté, probablement parce que l'un des types de la compagnie a tiré
dessus et insité quand il voyait que le sac ne venait pas en le sortant de la soute. Et dire que nous n'avons même pas pu sortir du bus et avons dû attendre que tous les sacs soient sortis. Même
s'il est lourd, il a quand même dû tirer bien fort. Fred s'énerve, et souhaite obtenir quelques dollars, pretextant qu'il va falloir faire réparer le sac ou en changer. Car il va falloir sinon
porter le sur-sac via la petite poignée, au lieu de l'avoir à l'épaule (ça, c'est quand le sac est protégé, à chaque fois que nous prenons un transport). En vain, ceux en face ne veulent rien
savoir et disent que le sac est lourd, et que cela a craqué. Mauvaise foi affirmée. On va passer vite, mais franche engueulade avec le manager, un peu dans l'esprit de celle de Dehli avec
l'agence DTS. Ca a presque failli en venir aux mains. Tuktuk gratuit envoyé par l'hôtel, que nous ne voyons pas (personne n'a de pancarte avec notre nom dessus), nous payons 2 dollars pour
arriver à la Eighty8 Backpakers Guesthouse, que la réception veut bien nous rembourser lorsque nous lui expliquons. L'endroit est assez grand, la piscine moins, et l'ambiance a l'air sympa. Notre
chambre est plus grande que celle des derniers jours, mais au 3ième étage. Nous prenons une douche, défaisons nos affaires, puis descendons manger un morceau, et nous baigner. Nous restons tout
l'après-midi en bas.
Le soir, rien de spécial. Assez fatigués, nous montons vers 23h, après avoir trainé au bord de la piscine pour manger, et terminer enfin de mettre le site à jour. Nous regardons une série sur
l'ordinateur avant de nous endormir.
ven.
15
févr.
2013
Des journées qui se ressemblent beaucoup ces derniers jours. Pas extrèmement intéressantes, mais reposantes, et nécessaires à cause des recherches effectuées tous les jours pour organiser les 2 prochaines semaines. En gros, l'emploi du temps a donné à peu près ça, tous les jours :
9h30 : lever, puis petit-déjeuner dehors, à la piscine
11h : on s'installe au bar de la piscine, ordinateur devant nous, pour consulter les moteurs de recherche et surfer sur internet, sauf jeudi où nous sommes allés visiter le marché en allant acheter nos tickets de bus
11h15 : on préfère se mettre au soleil et bronzer
11h30 : finalement, on se dit qu'il y a beaucoup de choses à faire, donc nous revenons derrière l'écran. Après s'être baignés.
13h : noix de coco fraichement ouverte pour se désaltérer
14h : on commande quelque chose à manger, que l'on nous apporte souvent 45 minutes plus tard
15h30 : baignade et poursuite des recherches, toujours assis au bar
18h: nous rentrons à la chambre pour prendre une douche, et appliquer de l'anti-moustique partout où notre peau est découverte. On ne craint pas le palu, inexistant à Angkor, mais la dengue, ou plus simplement de se faire dévorer
19/20h: dîner à la guesthouse ou en ville, dans Pub Street, à deux minutes à peine après avoir traversé un des différents "night markets". Mercredi, massage de 30 minutes (3$, mais très moyen), comme il est partout possible d'en avoir dans la rue, ou dans un petit officine ou l'on vous propose également des "special massages" typiques de la région.
23h : retour à la chambre, parfois un peu plus tard, quand nous jouons au billard avec d'autres voyageurs.
En fait, nous avons décalé de nouveau notre départ sur Phnom Penh, et celui sur Singapour, car nous souhaitons prendre quelques jours pour préparer l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Cela revient bien moins cher de faire cela ici qu'à Singapour par exemple. Et il va falloir le faire de toutes façons. Nous avons donc acheté mardi soir les 2 Lonely Planet au night market, pour 15$ les deux. Bon, ce sont des photocopies, mais ce sont les mêmes que les originaux. Fred souhaitant aussi aller visiter la ville de Skoon, lorsque nous serons dans la capitale (à 70km), nous avons décidé de partir samedi matin de la guesthouse, et de prendre notre vol vers Singapour jeudi prochain (ne serait-ce que pour une raison de coûts et de disponibilité avec Jetstars, qui acceptent les bagages en soute dépassant les 15kg), nous laissant 5 nuits dans la capitale. Nous avons aussi mis pas mal de temps à trouver une guesthouse à Phnom Penh, puis une à Singapour, pour un budget convenable, et avons passé des heures à parcourir TripAdvisor, Hostelworld et bien d'autres sites mardi et mercredi. C'était pénible, et nous avons finalement terminé l'organisation des 2 prochaines semaines, jusqu'à notre arrivée en Australie, jeudi après-midi. Nous souhaitons aussi regarder un peu la Polynésie, car cela suivra la Nouvelle-Zélande, et il vaut mieux réserver tôt certaines choses pour ne pas être pris au dépourvu, ou être en difficulté si nous n'avons par exemple pas Internet sur la route en Nouvelle-Zélande. En regardant les îles de Moorea, ou Maupiti, en plein milieu du Pacifique, nous nous demandons si nous n'allons pas appeler l'agence à Londres et leur demander de décaler nos billets pour l'île de Pâques et le Chili, afin de rester un peu plus que 10 jours dans ces îles paradisiaques. Bref, tout ca prend du temps, et cela explique pourquoi nous avons prolonger notre séjour à Siem Reap. Jeudi soir, nous sommes allés voir un spectacle de danse traditionnelle. Sympa, mais la salle gigantesque, le monde en train de discuter pendant le show, les lumières jamais éteintes, et l'agitation créée par le grand buffet derrière n'ont pas permis au moment d'être à la hauteur des attentes d'Audrey. Par contre, les lents mouvements des mains des danseuses et leurs costumes étaient très jolis. Le spectacle n'a pas duré très longtemps, puisque nous étions de retour à 20h45. Jeudi soir, nous sommes allés dîner avec Louise, l'amie d'un ami de Fred, une franco-cambodgienne vivant à Londres et habitant Siem Reap depuis 3 mois. Moment très sympa, dans les rues de Pub Street. Une chouette fille. Vendredi matin, visite de la pagode Preah Prohm Roath et de son temple juste à côté. Difficulté dans l'après-midi à confirmer notre réservation au Marina Bay Sands de Singapour, et à leur transmettre nos coordonnées bancaires autrement que par un simple mail. Pas très réactifs les messieurs, alors qu'ils nous disent ce matin que nous n'avons que 4 heures pour procéder. Heureusement, la personne que nous avons au téléphone fait tout son possible pour nous comprendre sur cette ligne skype de très mauvaise qualité. Au final, alors que nous ne souhaitions pas écrire dans un mail notre numéro de carte bleue, nous le transmettons en répétant à voix haute, lentement, dans un Internet café de Siem Reap... pas sûr que ce soit plus safe, mais Audrey regardait autour pour voir si personne ne prenait de notes. Le soir, rencontre avec différents français de divers horizons, tous en train de voyager, certains depuis 1 an déjà, ayant la vingtaine, trentaine, quarantaine ou plus, et dîner en ville après un apéritif autour du bar de la piscine. Baignade nocturne de retour vers 23h.
lun.
11
févr.
2013
Dernier jour pour pouvoir utiliser notre pass aujourd'hui. Nous avons décidé d'aller là où un couple de français nous avait conseillé de nous rendre, lorsque nous visitions Banteay Srei, il y a 4 jours. C'est un endroit encore plus éloigné de Siem Reap, au nord, comme ce temple. Vu la chaleur et l'heure, nous avions préféré ne pas poursuivre à ce moment et rentrer à la guesthouse. Aujourd'hui, comme nous avons le temps, et préférons voir quelque chose de nouveau plutôt que de retourner voir les sites que nous avons déjà vus, nous allons prendre un tuk tuk et y aller. Mais c'est quoi au fait cet endroit ? C'est Phnom Kulen, des gravures dans la pierre, par terre, au niveau d'un cours d'eau, dont le débit est faible pendant la saison séche - permettant du coup d'apercevoir ces dessins - et inaccessible pendant la mousson. Il paraît que c'est magnigfique. Découvert en 1967, fermé jusqu'à il y a une dizaine d'années, le site est à 60km au nord de la ville.
Réveil vers 9h30, petit déjeuner au bord de la piscine, ordinateur sur la table, lunettes de soleil sur le nez, nous passons une bonne heure à mettre en forme deux ou trois choses sur le site. La guesthouse nous trouve un tuk tuk, qui va devoir faire une heure et quelques de trajet juste pour y aller, mais nous attendons quand même une heure (au lieu des 20 minutes prévues) qu'il arrive. Nous avions hésité à aller en trouver un directement dans la rue, et avons joué les paresseux, mais nous aurions dû. Bref, nous voilà en route vers 12h30, pour une jolie traversée de la campagne cambodgienne, à travers les palmiers, bananiers, et villages, comme l'autre fois en allant vers Banteay Srei. Auparavant, nous repassons dans le complexe d'Angkor, et laissons sur notre gauche ou sur notre droite différents temples. Nous empruntons néanmoins une route différente, plus goudronnée, à un moment, mais nous retrouvons ensuite sur des pistes, avant de reprendre une nationale déserte, large, au milieu de la végétation. La couleur verte se décline en de multiples variations, du vert fluo ou vert-jaune, en passant par différentes déclinaisons de vert foncé. Nous repensons aux paysages indiens, et nous imaginons ce que les couleurs des habitants de ce pays donneraient dans ces décors. Parfois, nous traversons une grande prairie, sans aucun arbre, et apercevons au loin la forêt reprendre son territoire et un mur de palmiers, souvent hauts d'une dizaine de mètres, délimiter la frontière. Plus loin, ce sont les toits des maisons en bois que nous peinons à distinguer, cachés par les énormes feuilles d'autres espèces de palmiers, ou d'autres plantes tropicales.
Vers 14h, nous arrivons. Le site n'est plus accessible à partir de 15h. Notre tuk tuk nous dépose, bien content de se reposer un peu. A force d'accélerer sans arrêt depuis tout ce temps, son
poignet le lance (sur un tuk tuk, il n'y a pas de pédale d'accélération, mais une poignée comme sur une moto). Nous marchons à travers un grand espace découvert, avant de rejoindre
l'entrée, où nous présentons notre pass. Devant nous, un chemin relativement large et pratiquable, long de 1500m, qu'il faut emprunter et qui demeure le seul accès aux sculptures.
N'ayant plus l'air du tuktuk venant nous rafraichir, nous avons vite chaud, ne serait-ce qu'en traversant le terre-plein pour valider nos billets. Heureusement, le chemin est protégé par les
arbres, et donc majoritairement à l'ombre. La pente n'est pas très élevée, et nous progressons sans difficulté, à faire quand même attention où nous posons nos pieds (nous sommes en
tongues, pas en chaussures), entre par exemple les racines, ou les pierres d'un mètre cube. En montant, nous croisons d'autres touristes qui, eux, redescendent. Une fois là haut,
quelques cordes délimitent un espace et empêchent d'aller toucher les pierres. Nous découvrons des gravures de Vishnu, de Ganesh, ou de crocodiles, au milieu du petit torrent, et au
niveau du sol. Nous nous attendions à en prendre plein la vue, d'après les quelques échos qui nous ont motivés pour venir, mais ce n'est pas le cas. Nous sommes franchement déçus, et
moyennement impressionnés par tout cela. Nous ne serions probablement pas venus d'aussi loin si nous avions su. En revanche, nous nous demandons comment le français à l'origine de la
découverte est tombé là dessus, ici en pleine forêt et sensiblement plus haut qu'au début de ce qui est aujourd'hui un chemin balisé, et quel est le sens de ces sculptures. En longeant
le cours d'eau (large d'environ 1 mètre, parfois un peu plus), d'autres choses sont gravées à même le sol, comme ces points ronds dessinant un carré, composé d'autres points à l'extérieur,
disposés asymétriquement de chaque côté. Les plans d'un temple ou d'un site ? Une carte au trésor ? Des traces extra-terrestres ? Nous cherchons toujours. Enfin, toujours en continuant, nous
descendons un petit escalier, à côté d'énormes rochers, afin de tomber sur une jolie cascade naturelle. Nous avons chaud, mais préférons rester secs, si tant est que nous le sommes.
L'endroit en lui-même est sympa, mais l'ambiance ne nous engage pas à aller sous l'eau qui coule (un peu trop de monde, certains sont en train de manger...). Nous repartons donc en sens
inverse. Vingt minutes plus tard, nous sommes dans le tuk-tuk.
Le retour se fait en deux étapes, car, nous avons décidé de nous arrêter visiter un musée que nous avions aperçu l'autre fois : le landmine museum, ou musée des mines anti-personnelles.
Joyeux. Mais intéressant. Une des premières phrases que nous lisons là-bas sert à couper court à toutes les images que les films véhiculent sur les mines, comme par exemple le
soi-disant "clic" entendu quand on pose le pieds dessus, et les tentatives hollywoodiennes de remplacer le pied du soldat par un sac de sable. Ca, c'est au cinéma. Dans la réalité,
une mine explose dès que l'on pose le pied dessus, car on enfonce immédiatemment un déclencheur dans la TNT. Ce musée, sur le bord d'une route traversant la forêt, et non pas en plein
centre-ville, a été crée par un ancien soldat khmer rouge, et dont le rôle était de poser des mines (les khmers rouges envoyaient les enfants les installer), ayant déserté à la fin des
années 70 pour rejoindre son ancien adversaire (les forces vietnamiennes), puis, une fois le conflit militairement terminé (bien qu'il y ait encore eu 20 ans de guerre après la fin du
régime de Pol Pot en 1979, à cause de périodes dites "transitoires" où l'armée vietnamienne supervisait bien des choses, avant de les confier à l'armée cambodgienne nouvellement
reconstituée, tout cela sur fond d'exactions, de batailles politiques, de corruption et d'intêrets divers), est devenu démineur, pour enfin fonder ce musée. Pour la petite histoire, le
gouvernement a jugé que ce musée faisait du tort au pays au milieu des années 2000, et a ouvert un autre musée en centre-ville, bien moins intéressant. Il a donc dû fermer, la ville n'ayant
visiblement pas de place pour deux musées. Néanmoins, devant le travail accompli par Aki Ra, celui-ci a pu ouvrir de nouveau, avec l'aide d'un grand réalisateur américain (dont nous
avons oublié le nom, désolé), et comprend aujourd'hui un centre d'accueil pour enfants qu'il loge et instruit. Du coup, nous voilà partis pour une heure et demi de visite. L'endroit est
petit, quelques pièces sur pilotis disposées autour d'une autre présentant toutes les sortes de mines utilisées pendant le conflit vietnamien, puis sous Pol Pot. Cela va des modèles
chinois, aux vietnamiens, aux américains, ou bien aux russes, ainsi que les techniques de camouflage, de déclenchement, ou de mises à feu indirectes. Dans chacune des pièces,
d'anciennes mines désactivées par Aki Ra (qui en a en tout enlevées 50 000 à lui seul), mais surtout des photos, textes et témoignages divers. Nous apprenons par exemple dès le début
qu'il y a encore entre 3 et 6 millions de mines encore disséminées à travers le Cambodge. Surtout au nord, près de la frontière thaïlandaise. Pourquoi ? Parce qu'à la fin des années 60,
la Thaïlande ravitaillait les vietcongs du sud du Vietnam, et faisait donc du Cambodge (situé entre les deux pays) un endroit stratégique. D'où également les innombrables bombardements
de l'armée américaine dans le pays, pour couper ce qu'on appelle le "Ho Chi Minh Trail". En 1976, une fois le conflit vietnamien terminé, le régime khmer rouge a installé une des plus
effroyabes dictatures qui ait existé, et, entre bien des atrocités (le fait de porter des lunettes entrainait peine de mort ou camps de travail), a miné une grande partie du territoire,
et notamment la frontière du nord avec la Thaïlande, pour empêcher bien sûr les cambodgiens de fuir le pays. Des dizaines de millions de mines ont ainsi été posées. Quand la fin
justifie les moyens. Le Cambodge est donc aujourd'hui un pays particulièrement meurtri, où les mines continuent et continueront de faire des ravages, auprès d'habitants comme vous et nous,
comme, par exemple, il y a 4 mois, lorsqu'un camion allait dans un champs, et que les fortes pluies avaient rendu la terre suffisamment meuble pour permettre à une mine profondément
enterrée de se déclencher sur son passage. Et quand on est sur place, comme nous aujourd'hui, que l'on a toutes ces mines autour, que l'on lit des témoignages, comprend comment elles
fonctionnent, comment elles sont disposées, que l'objectif n'est pas de tuer, mais de blesser grièvement (car un soldat mort, c'est un soldat de moins sur le champs de bataille, alors
qu'un soldat avec une ou deux jambes en moins, ce sont 3 soldats immobilisés sur le front, car deux doivent s'occuper de lui), après avoir vu hier dans la rue des victimes de mines
cul-de-jatte demandant un peu d'argent, et que l'on passe à travers la forêt, en observant la vie des gens, et en imaginant que les petits sont peut-être passés cinquante fois à côté
d'une mine pas très loin, qui restera dans l'attente d'être déclenchée pendant encore des dizaines d'années, ou que lorsque nous regardons ou regarderons d'ici notre départ les paysages
à travers la fenêtre d'un bus, des mines seront peut-être enfouies sans que personne ne le sache, et que le seul moyen est de passer dessus ou de laborieusement déminer la zone, souvent en tatant
le sol obliquement avec un baton acéré, puis en la découvrant, avant de la faire sauter ou de la désamorcer... ça fait un peu bizarre. Nous apprenons bien d'autres choses, comme le fait
qu'il existe 4 organisations de déminage distinctes dans le pays (dont deux britanniques - une ayant été créée par la princesse Diana - une de l'état cambodgien, et la sienne), ainsi
que leur histoire. Ou des anecdotes, comme cet homme ayant perdu une jambe à cause d'une mine et ayant consacré ensuite sa vie au déminage, ayant perdu sa jambe en bois à cause d'un
mauvaise manipulation lors d'un désamorçage, s'en étant fait offrir une nouvelle par une association, et ayant de nouveau perdu cette même jambe pour la même raison une seconde fois, avant
d'en avoir une nouvelle et définitivement arrêter. Avant de sortir, nous passons à côté d'un champs de mine reconstitué, pour montrer à quel point il est parfois difficile de percevoir
le fil de déclenchement, ou la mine elle-même, au milieu des feuillages.
Nous ressortons contents d'avoir vu et appris tout cela, surtout en ayant pu le faire ici, dans ce pays, et dans ce musée, plutôt qu'au coeur d'une grande ville comme exposition temporaire,
et, en ressortant, pouvoir immédiatement remettre tout cela dans le contexte, juste en regardant autour de soi, et en sachant que tout cela, c'est ici, autour de nous, non pas à des
milliers de kilomètres de là. Parallèlement, c'est aussi une bonne chose que de s'être intéressés à l'histoire récente du pays, celle des gens que nous voyons, celle qui fait leur
quotidien, et pas seulement celle, lointaine, du Cambodge d'il y a 800 ans, des temples, et d'une autre civilisation. Surtout que chaque famille du pays a été touché par un ou plusieurs des
nombreux conflits récents.
Sur le chemin du retour, nous n'avons qu'une idée en tête : plonger dans la piscine. Vers 17h30, c'est exactement ce que nous faisons. Nous restons à la guesthouse le soir, à dîner sur le
bar en bambou pas très loin. RAS.
dim.
10
févr.
2013
Lever matinal aujourd'hui, car nous avons rendez-vous à 7h30 avec Dany, un américain ayant vécu en Inde, au Togo et au Paraguay avant de rejoindre le Cambodge, passioné d'insectes et de papillons, et aidant aujourd'hui les villages locaux à fabriquer du miel de manière traditionnelle et durable, en évitant de dénaturer l'écosystème. C'est lui dont nous a parlé le gérant de notre ancienne guesthouse, et qui nous emmène aujourd'hui dans la forêt pour faire un tour, et apprendre à "spotter" ses habitants. Nous avons quand même le temps de prendre un petit-déjeuner rapide, notre sac contenant bouteille d'eau, crème solaire, anti-moustiques, pansements et désinfectant, et nous voilà en tuk tuk avec lui et son fils de 7 ans (cambodgien). Il nous raconte son histoire, et nous faisons connaissance. Nous allons aller à 20 minutes de là, à l'extérieur des temples entre Angkor Vat et Angkor Thom, et terminerons par la "Gate of the Dead", une porte en ruine dont la plupart des habitants ici ne veulent pas s'approcher. Brrr... on aime. Il s'y est en effet passé des choses à l'époque en relation avec les esprits, les enterrements, et quelques sacrifices. Bref, les rites tribaux de ces temps anciens. Jason, le fils de Dany, est passioné d'araignées et de mygales, qu'il aime chasser. Un peu comme Fred, à moitié breton, aime chasser les crabes. A chacun sa chasse, en fonction de son pays. Génial, Fred est emballé, lui qui ne pensait pas pouvoir faire ça ici, alors qu'il en avait entendu parler à la télévision. Cela dit, comme nous l'explique Dany, la saison sèche n'est pas la meilleure pour voir la faune. Pendant la saison humide et la mousson, ce sont près de mille fois plus de choses qui sont à disposition des curieux qui s'aventurent dans les bois.
Nous passons le contrôle des billets, que nous n'avons pas (puisque nous n'allons pas voir les temples... nous pourrons donc l'utiliser demain), après que notre guide du jour ait discuté en
cambodgien avec les gardes, pour qu'ils nous laissent passer. Puis, un peu plus loin, nous nous arrêtons pour de bon. Nous rentrons dans la forêt par un chemin assez large, très pratiquable, au
bord de la rivière. La végétation n'est pas dense. Le pied d'Audrey va beaucoup mieux (la glace a fait son effet). Il nous montre tout de suite des choses que nous n'avions pas remarquées, comme
ce nid de "Stingless Bees", ou abeilles sans dard, ou encore cette colonnie de fourmis rouges. Nous marchons, et apercevons par terre, comme lors de la visite des temples, des trous dont l'entrée
blanche est caractéristique d'espèces d'araignées que nous n'avons pas chez nous. Jason, avec sa tige en bois souple d'un petit mètre, l'introduit dans les trous pour essayer de déloger son
éventuel occupant. Mais rien ne sort. Il nous dit que les mygales vivent dans des trous différents, et un peu plus gros. Il fait de même dans des trous plus larges, plus ovales, pour trouver des
scorpions. Rien non plus. Nous continuons, et Dany nous fait découvrir, en voyant des fourmis sur des feuilles ce que cache leur dessous, comme ici une chenille particulièrement velue, ou là des
larves ou des cocons. Un peu après, alors que aucun d'entre nous ne l'avait remarqué, Dany nous montre un phasme, que nous prenons sur notre main, en le regardant curieusement. Avant de le
reposer doucement sur la feuille. Dans les quatre heures qui suivent, nous voyons des punaises (de la plus petite à une orange grande comme un pouce), de petites araignées d'un jaune fluorescent
(il y en a partout) tissant leur toile, des papillons de différentes couleurs, des papillons de nuit tout blancs (et se confondant avec le tronc des arbres), d'autres araignées au camouflage
impressionnant (aussi sur le tronc des arbres), ou des centaines de "Lady long legs" - des araignées aux pattes fines qui détalent dans le feuillage au sol à notre approche, et que nous
remarquons par le bruit qu'elles font toutes ensemble en marchant.... Audrey n'ose pas mettre son pied dans les feuilles de peur d'en avoir une qui lui grimpe sur la jambe. Plus loin, près d'un
étang, là aussi, des centaines de choses bougent autour de nous : en fait, ce sont de toutes petites grenouilles (grandes comme un ongle) sautillant autour de nous, appeurées par notre présence.
De temps en temps, une grosse bête noire ou colorée vient s'agiter en l'air près de nous dans un bourdonnement un peu flippant, mais ne reste jamais plus de quelques secondes. En revanche, c'est
constamment que nous retirons de notre visage du fil de toile d'araignées, pratiquement tous les 10 mètres. Pas forcément beaucoup, mais il y a toujours des toiles - parfois gigantesques et
magnifiques de symétrie - quelque part. Nous avons d'ailleurs l'occasion de regarder pendant plusieurs minutes une de ces petites araignées jaunes tisser la sienne, en voyant bien le fil sortir
de l'abdomen, puis le travail des pattes arrières à chaque noeud. Et ce n'est pas très loin ensuite qu'Audrey aperçoit le monstre de la journée. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, elle
ne crie pas. Fred est un peu derrière, et elle l'appelle doucement. Dany revient aussi sur ses pas. Il faut alors lever les yeux, et regarder un mètre au dessus de notre tête, décalé sur la
gauche. Un magnifique papillon..... non, on rigole. Une superbe araignée noire (mais pas une mygale ou tarantule, qui vivent plutôt au niveau du sol), avec quelques touches de couleurs, et aux
pattes longues et dures. Elle fait la taille d'une main. Tout le monde est en admiration. Dany parvient à rabattre la branche à notre hauteur, pour la voir de plus près. Evidemment, nous nous
approchons curieusement. Ni une, ni deux, il l'attrape alors pour la poser sur son bras. Whaouuu. Elle le remonte, et vient sur son visage, et se prend un peu dans sa longue barbe. Elle n'a pas
l'air très perturbée... mais en fait, on n'en sait rien. On remarque juste qu'elle ne le mord ni ne le pique. Du coup, Fred se sent en confiance et se lance en tendant sa main. Oui. L'arachnide
vient marcher sur son bras, de la même manière. Et là, c'est le drame : alors qu'on la regarde fixement, on la voit planter ses crochets au niveau de l'avant bras. Après dix secondes, Fred ne
sent plus sa main. Des vertiges le prennent. Audrey l'avait pourtant prévenu. Nan, ce n'est pas vrai, on déconne. L'araignée reste friendly. Fred fait tourner son bras, la fait passer sur l'autre
pour éviter de l'avoir dans le cou, et elle se retrouve au creux de sa main. Bien sûr, on a tout filmé. Audrey ose quand même toucher rapidement l'une de ses pattes. Après dix minutes, nous la
déposons sur une feuille pour lui rendre sa liberté. Nous voyons ensuite une mante-religieuse, minuscule, apercevons un grand lézard d'une cinquantaine de centimètres caché dans un tronc près de
l'eau, un mille-pate mort et recroquevillé dont il ne reste que la peau, ou encore des cigales pétrifiées sur des troncs d'arbres. Avec Jason, nous cherchons des mygales dans leur trou, quand
nous en voyons un, en enfoncant doucement une branche un peu longue. Technique apprise, Fred essaie plusieurs fois à son tour. Mais en cette période sèche, nous n'en trouvons pas. Enfin, nous
voyons quelques autres insectes, mais rien d'hallucinant, sauf celui qui - on ne sait comment - est posé sur la bretelle droite du sac que porte Fred. Il mesure 7cm. Nous le découvrons en posant
le sac par terre. Il est blanc cassé (alors que le sac est noir). Sa forme, et son apparence, nous sont inconnues. Dany, quand il l'aperçoit, est excité. Il le prend, et le pose sur le tronc de
l'arbre, avec lequel il se confond parfaitement, et le photographie. Impressionant, comme les araignées camouflées de tout à l'heure. Pendant toute cette marche, Il nous demande de ne pas trop
nous éloigner du chemin qu'il emprunte, de peur de mines antipersonnelles, malheureusement encore très présentes dans le pays, même si moins dans cette région que d'autres.
L'heure a bien avancé. Il est 12h. Nous retrouvons le chemin, et passons cette fameuse "Gate of the Dead". Rien de spécial, pas de sorts ou de pièges, et encore moins de malédiction. Par contre,
on se demande ce qu'il se passait ici à l'époque. Nous escaladons la ruine pour nous rapprocher de ces quelques fameux visages souriants. Coup de tuktuk jusqu'à un petit sentier où Dany veut nous
amener pour voir les restes d'un temple qu'il apprécie, et peu connu des touristes, pour prendre quelques photos. Direction ensuite Angkor Thom, au niveau de la Terasse du Roi Lépreux, pour
déjeuner. L'occasion juste après de découvrir finalement un ou deux passages, eux aussi méconnus du public, comme par exemple celui renfermant une grande gravure d'un cheval à cinq têtes,
camouflée dans un recoin de la Terasse des Eléphants, à côté.
Retour vers 14h30. Reste de la journée à mettre en forme les derniers articles sur le site, et piscine. Le soir, apéritif, billard, dîner, et dodo.
ven.
08
févr.
2013
Bon, la nuit a joué son rôle. On décide de rester non pas une, mais 3 nuits supplémentaires, d'une part pour aller en fôret dimanche, et d'autre part pour profiter du soleil, et ralentir le rythme. Pendant le petit déjeuner, vers 9h30, nous cherchons une guesthouse sympa avec piscine pour passer ces 3 nuits pour pouvoir se détendre au milieu des heures que nous allons passer, samedi, derrière notre écran, à rattraper le retard de nos articles. Nous en trouvons une de disponible, et en plus très bien classée sur Tripadvisor : Dowtown Siem Reap Hotel (Travellers choice 2012). En même temps, nous allons voir notre ancien chauffeur, stationné sur le trottoir en face, pour négocier un prix afin qu'il nous emmène aux "floating villages", à une bonne heure de tuktuk d'ici. Nous aurions pû prendre le package proposé par la ghesthouse, mais préférons nous organiser par nous-même. Juste après, pendant que Fred part annuler la chambre réservée pour ce soir, à 3 patés de maison, Audrey monte les deux étages pour préparer péniblement les sacs (à cause de la chaleur). Une fois tout cela terminé, douche obligatoire. Check out, direction notre nouvelle "maison" (et l'astuce, ça a été de les appeler directement sans passer par hostelworld.com, et ainsi éviter les 10% de frais de réservation en plus). Une fois arrivés, la piscine nous donne envie, mais le programme est tout autre. Sacs déposés dans l'entrée et inscrits à la BBQ Party de ce soir (pour fêter les deux ans du lieu), nous voilà partis vers le village de Kompong Phluk.
Traversée de la jungle sur une route en terre mal entretenue, pleine de nid de poules (à ce stade c'est bien plus que ça), ou au milieu de rizières, et de vastes étendues sans arbre. Nous
passons plusieurs fois à travers des villages plus que typiques, où les habitations en bois sont toutes un peu surélevées, dissimulées parmis palmiers de toutes formes et grandes
feuilles de bananiers. En chemin, les enfants sont curieux et répondent par des sourires à nos "coucou" de la main. Quelques kilomètres avant d'arriver, nous nous arrêtons quelques
instants pour acheter le ticket d'entrée, dans une petite maison au milieu de nulle part. Puis, au bout de ce long chemin de terre poussiereux et approximatif, nous descendons et montons
dans une des nombreuses embarcations en bois amarrées là, coincée entre toutes les autres. A part faire comme nous, il n'y a pas d'autres choses à faire ici. Bien qu'une dizaine de
places soient disponibles, nous sommes les seuls à bord, avec notre capitaine du jour, âgé d'une vingtaine d'années. Moteur démarré dans un ronflement bruyant et odorant, hélice
déportée par un bras métallique deux mètres à l'arrière, nous voilà partis sur cette étroite bande d'eau couleur marron-jaune. A cause de la période (coeur de la saison sèche), l'embarcation
se fait bien plus loin que prévu, distante en amont d'un bon kilomètre par rapport à l'endroit actuel. Pendant cette première partie, il y moins d'un mètre d'eau, les deux rives sont
toutes proches, et de nombreux pêcheurs à filet, eau à la taille, attendent notre passage pour capturer les éventuels poissons rabattus par l'agitation que nous provoquons. Le
croisement avec d'autres bateaux est parfois délicat, et oblige le conducteur à éteindre le moteur et jouer avec le long bambou qu'il utilise pour se frayer un chemin. Après une dizaine
de minutes, nous apercevons au loin le fameux village. Nous laissons sur notre droite la gendarmerie (en français sur la façade ! ) et les écoles excentrées. Nous voilà rapidement au coeur
de celui-ci, à suivre la trajectoire sinueuse de la rivière (pas plus de 10m de large), à regarder ce décor si différent. Nous voyons des maisons sur des pilotis de plus de 10m de haut,
la vie qui s'organise en-dessous en cette période de basses eaux (linge à sécher, cochons dans des cages, basse cour, enfants nus jouant un peu partout, pêcheurs rangeant leurs
casiers...), des tas de bois en train d'être formés, des habitants se lavant, tout comme des femmes faisant la vaisselle perchées sur les hauteurs. Bref, la vie sociale de ce village où
l'eau vient d'habitude lécher la porte des maisons pendant la mousson. On imagine facilement ce à quoi cela doit ressembler à cette période, les rues en terre ou gondronnées des autres
villes étant remplacées ici par de l'eau. Ainsi, c'est sur les bateaux que tout s'organise, et quelque soit la période. Chaque échoppe fait place ici à une embarcation : vente de
légumes, transport d'outils ou de matériels, atelier de couture pour réparer les filets de pêche... Les berges sont ici vertes, recouvertes de végétation, qui, sur cette terre
toujours humide, n'a pas de mal à s'exprimer. Les habitants vaquent à leur occupation, et ne prêtent pas forcément attention à notre passage, habitués à voir passer les bateaux remplis
de touristes curieux (pas trop nombreux aujourd'hui en tous cas). Il faut dire que seulement trois ou quatre villages flottants peuvent être visités autour de Siem Reap. Nous prenons
des photos, mais hésitons à shooter à tout va, un peu gênés par le côté "bête de foire " ou "visite de zoo". Nous essayons donc d'être un peu discret (mais ne le sommes sûrement
pas tant que cela), et faisons malgré tout partie de ce groupe que représentent les touristes en quête d'exotisme. Bien que notre voyage soit différent du tourisme de masse, nous
donnons néanmoins l'image que ce dernier renvoit, et ne pouvons pas y faire grand chose, à part saluer d'un geste de la tête et d'un sourire léger les regards que nous croisons, plutôt
que d'être le nez derrière l'objectif et de se consacrer à la meilleure photo possible. La traversée dure vingt minutes. Nous débouchons ensuite sur un canal un peu plus large,
qui s'aggrandit au fur et mesure que nous nous rapprochons du confluent, et sommes désormais entourés d'arbres aux racines multiples, s'enfonçant toutes dans l'eau, dont la
couleur n'a pas changé. Une pirogue passe, avec un homme vetu d'un habit militaire (mais il ne donne pas l'impression d'en être un). Entourée de végétation, le décor et le moment s'y
prêtant, Fred imagine, comme bien d'autres fois, les moments et les instants qu'ont dû vivre au jour le jour des milliers d'habitants et de soldats durant les guerres ayant ravagées
le pays depuis l'indépendance de 1953, sur ce théâtre d'opérations qu'il a toujours trouvé particulièrement difficile.
Nous arrivons enfin sur cet affluent du Mékong, nommé Tonlé Sap, qui s'ouvre devant nous jusqu'à l'horizon. Nous nous arrêtons un peu plus loin, sur un restaurant flottant, pour changer
d'embarcation et prendre place sur une pirogue en bambou, accompagnés d'une mère et de son fils de 5-6 ans, qui vont nous promener tout autour pendant ce que nous pensons être une demie
heure. Nous ne sommes qu'à quelques centimètres de l'eau, assez calme et toujours trouble. La balade est agréable, il n'y a pas beaucoup de bruit, nous passons entre des filets de pêche
acrochés dans l'eau et entre quelques bateaux, dont une minorité occupés par des touristes. La mère est à l'avant, le fils à l'arrière, et nous assis en file indienne entre les deux.
Un parapluie a été mis à disposition d'Audrey pour la protéger du soleil. A un moment, Fred décide d'inverser les rôles et indique au petit garçon de rejoindre Audrey, pour jouer à son
tour de la pagaie. Retour au restaurant flottant, sprite bien frais en discutant avec un couple d'anglais nouvellement grand-parents, et un python du coin tranquillement installé dans
la cage à nos pieds. Le retour jusqu'à notre tuktuk se ferra par le même trajet qu'à l'aller, nous permettant de traverser une seconde fois le village, normalement flottant.
Nous retrouvons notre chauffeur, qui a encore eu la bonne idée d'apporter sa glacière, et nous voilà repartis à travers la campagne cambodgienne. Sur la route, avant d'arriver à Siem Reap
(qui signifie "défaite siamoise" suite à la bataille opposant les armées siamoises et khmères), nous faisons une halte dans une ferme à crocodiles. Une fois les 3 dollars déboursés pour
entrer, un des petits garçons de cette ferme apparemment familiale nous entraîne à la découverte de celle-ci. Au milieu de maisons, d'une voiture en cours de réparation, ou de cultures
diverses, nous découvrons plusieurs grands bassins remplis de dizaines (d'une centaine pour l'une d'elle) de crocodiles au-dessus desquels nous passons (environ 3 mètres). L'odeur
n'est pas terrible, mais voir tous ces monstres, dont certains sont parfaitement immobiles gueule ouverte, si près de nous, est assez impressionnant. Plus loin, d'autres bassins, plus
petits, abritent des bébés crocodiles, agglutinés là aussi par dizaines. Curieux, Fred s'empare d'un long bout de bois pour titiller tout doucement l'un deux. En moins d'un battement de
cils, le jeune reptile donne un violent coup de tête et claque ses machoires en faisant plus de bruit que nous ne l'aurions pensé. La brutalité et la vivacité de sa réaction nous
fait sursauter. Juste hallucinant. Au milieu de ces piscines, des dindons et des poules se baladent librement. Sur le chemin, nous nous arrêtons devant différentes cages, dont l'une enferme
de jolis oiseaux, et d'autres, surtout, un varan d'un petit mètre (malheureusement dans l'eau), tirant sa longue langue bleue à notre approche pour évaluer son environnement immédiat,
et, une autre, un python s'approchant doucement de l'oiseau suffoquant mis à sa disposition comme déjeuner, qui s'apprête - comme nous le verrons un quart d'heure après - à l'étouffer
et l'engloutir. Un moment que la caméra n'a pas correctement enregistré, la lentille focalisant sur les grillages de la cage plutôt que la bête en arrière plan. Après ces trois
quarts d'heure de visite, nous retournons sur Siem Reap pour profiter de la piscine de notre nouvelle guesthouse. Il est 18h quand nous découvrons notre chambre climatisée avec salle de
bain, sur laquelle nous avons un petit discount suite à notre demande (un petit 7%).
Une heure après, début du barbecue, soirée très sympa autour de cette paillote en bambou dont la Corse serait jalouse, prêt de la piscine, à manger grillades et gâteau d'anniversaire,
accompagnés de voisins de tout pays. Nous rencontrons Marc, le propriétaire des lieux, et son ami Dany, venu lui donner un coup de main. Tout cela est de bonne augure pour la suite des
évènements.
jeu.
07
févr.
2013
En retard sur les articles, Audrey voulant reposer son pied, ayant souffert de la chaleur depuis deux jours, et souhaitant nous baigner, nous décidons de prendre une journée en plus, et de nous rendre aujourd'hui à la piscine d'un des grands hôtels (plutôt que celle d'une ghesthouse à proximité) à quelques pas de la notre. Pour quelques dollars, nous avons accès aux deux jacuzzis (un chaud et un froid), au sauna, au hamman, et bien sûr à la grande piscine extérieure. Les serviettes sont comprises. Nous utiliserons le dernier jour de notre pass demain. Nous passons auparavant dans une guesthouse voisine pour réserver la nuit de demain, la notre étant complète.
Arrivée vers 12h30, dans l'eau à 12h45. Ce matin, nous nous sommes dits que nous avions besoin de prendre le temps de planifier les 3 mois à venir, partagés entre Australie et Nouvelle-Zélande (préparation de la location des voitures, camping-car, itinéraires, roadmap plus précise...), et que le faire à Singapour, où nous allons dans 6 jours après notre passage à Phnom Penh, reviendrait plus cher, et n'était peut-être pas la meilleure option. D'autant que le Cambodge nous plaît bien, avec son décor, son histoire et ses sourires. Par conséquent, nous passons du temps, assis sur le transat, ou à discuter dans l'eau, à rechercher des infos sur où passer 4 ou 5 jours pour se poser et travailler dans un cadre sympa après Phonm Penh. Nous considérons par exemple des îles en Malaisie, ou celle de Koh Rong au sud du Cambodge (un des pays où le tourisme n'a pas encore trop envahi les îles paradisiaques de la région), que nous pourrions rejoindre facilement depuis la capitale. Surtout qu'aller à Singapour dans 5 jours coûte un peu cher, alors que les vols sont plus abordables un peu plus tard. Tout cela fait que nous passons pas mal de temps à regarder les différentes options, itinéraires, accessibilité de ces endroits de rêve, avis de voyageurs etc..... et que la journée passe vite, entrecoupée par un déjeuner au bar et baignades. L'ambition d'écrire un article pour le site tombe donc à l'eau, et en fin d'après-midi, nous avons plusieurs options possibles, quoiqu'aucune ne soit idéale ou parfaite (entre les coûts, la fatigue, le temps des trajets, l'absence de connexion Internet sur les îles, à part dans les grands hôtels inabordables - nous voudrions une case ou un bungalow en bord de plage).
Nous rentrons à la guesthouse vers 21h30, après avoir essayé les jacuzzis et continuer nos recherches au bar de l'hôtel avec un verre. Une discussion avec le gérant de la Rozy Guesthouse pendant le diner vient modifier un peu nos plans : à la demande de Fred, il lui indique qu'il connait quelqu'un, qui n'est pas répertorié dans les guides, qui peut nous emmener faire un tour dans la forêt pour observer les animaux et insectes. Fred est excité, et nous échangeons immédiatement des mails avec ce fameux Dani. Malheureusement, il n'est disponible que dimanche.
Une idée est du coup en train de faire son chemin : celle de rester plus longtemps ici, de faire cette marche en forêt dimanche, et de ne partir que lundi de Siem Reap. La nuit portant conseil, nous décidons de reparler de cela demain matin au petit déjeuner, avant de partir pour notre visite du jour, les Floating Villages. Le programme initial est en train d'évoluer...
mer.
06
févr.
2013
Aujourd'hui, maintenant que nous sommes en jambe, nous sommes prêts pour le grand circuit, soit 26km. C'est en fait une extension du précédent. Mais avant, nous nous sommes dits que regarder le soleil se lever sur les ruines d'Angkor Vat serait sympa. Du coup, réveil à 5h et rendez-vous avec notre chauffeur à 5h30 devant la guesthouse. L'avantage, au moins, c'est qu'il fait moins chaud. Nous partons donc de nuit, et ne sommes pas les seuls. Sur la route, nous croisons des courageux à vélo se dirigeant dans la même direction que nous. Nous retrouvons rapidement la porte d'entrée d'Angkor Vat, et le contrôle des billets se fait à la lampe de poche. Nous franchissons le premier mur extérieur, et nous arrêtons quelques minutes pour choisir notre place. La lueur de l'aube permet déjà de distinguer le temple. Nous sommes loin d'être les premiers, et bien des endroits stratégiques sont déjà remplis. Certains ont amené trépieds et objectifs de paparazzi. Nous nous asseyons pile en face, là où nous sommes, juste après la porte d'entrée, sur le rebord des marches. Quelques instants plus tard, nous entendons une guide conseiller à ses clients un autre endroit, qu'elle qualifie comme le meilleur. Nous nous regardons, ayant peur d'être moins bien placés si nous l'écoutons, mais décidons néanmoins de prendre le risque. Nous nous rapprochons donc du temple, et nous plaçons décalés sur la gauche, juste devant l'un des bassins, c'est à dire là où tout le monde est déjà. Et nous comprenons rapidement pourquoi, quand nous voyons le reflet du temple dans l'eau calme où flottent tranquillement des nénuphards. Il est 6h30, la lumière se fait plus présente. Malgré le monde, nous réussissons au fur et à mesure à nous rapprocher du bord de l'eau, et trouvons la place qui va bien. Vers 7h, le soleil se cache derrière les ruines, le ciel est dégagé, mis à part quelques nuages bienvenus qui se reflètent eux aussi dans l'eau. 10 minutes plus tard, les premiers rayons tutoient les tours. Peu de temps après, le soleil fait son entrée. Le moment que tout le monde attendait. Nous nous rappelons l'Inde et les applaudissement qui avaient suivis ce moment, lorsque nous étions sur le Gange. L'instant fait plus d'effet qu'hier, et apporte la touche qui nous manquait pour apprécier pleinement le tableau en face de nous. Alors que certains partent déjà pour commencer leur visite, nous choisissons de rester un peu plus longtemps, pour marquer notre esprit. La scène est indéniablement photogénique, et ce n'est que vingt minutes plus tard que nous rentrons à l'intérieur de l'édifice. Audrey ayant pris les affaires adéquates, nous retournons au coeur du site afin qu'elle puisse visiter ce qu'elle n'a pas pu voir hier. Après avoir franchi les deux murs d'enceinte, et marché un peu, nous patientons une petite dizaine de minutes, car l'escalier pentu donnant accès au coeur du temple n'ouvre qu'à 7h40. Nous sommes donc parmis les premiers à pouvoir le gravir (mais la queue est longue). Une bonne heure passe avant que nous ne rejoignons notre chauffeur, distant d'un bon kilomètre. Le soleil commence à taper. Direction ensuite, le nord pour rejoindre Preah Khan, l'un des plus grands ensemble d'Angkor. Au passage, nous traversons de nouveau Bayon, visité hier, mais cette fois-ci simplement assis sur le tuktuk.
N'ayant pas pris de petit-déjeuner et commençant à avoir chaud, chacun de nous achète un ananas frais en descendant de ce dernier. Bien que le site soit très étendu, le temple lui même n'occupe
qu'un rectangle fortifié de 700m sur 800m. Nous empruntons les galeries voutées, dont les fenêtres n'ont plus vraiment la forme de carrés parfaits, mais plutôt de simples parallélogrammes. Au fur
et à mesure que nous avançons, les portes parfaitement alignées se rétrécissent, et, à l'époque, obligeaient par la même les visiteurs à se courber en signe de respect pour leur roi. De nombreux
murs se sont effondrés et des pierres d'au moins une tonne jonchent le sol en abondance, nous obligeant parfois à les escalader pour avancer. Plusieurs d'entre-elles sont percées, ou trouées, à
des endroits précis (un trou d'environ quatre centimètres de diamètre). D'après ce que l'on nous dit, cela servait à faciliter leur transport et leur acheminement. Un peu partout, un grand nombre
de sculptures raffinées ont survécu. Si la nature s'exprime peu au début, deux arbres entremèlent leurs racines monstrueuses sur le mur de la porte est, par laquelle nous ressortons. Comme dans
bien d'autres endroits, des échaffaudages et renforts ont été mis en place pour assurer la stabilité de certaines structures. Le peu de monde ne suffit pas à expliquer que nous ayons beaucoup
aimé cet endroit. La journée commence bien, et nous prenons plus de plaisir qu'hier. Sensation sympathique que d'apprécier de plus en plus les lieux. Direction ensuite Ta Som, un autre temple
construit à la fin du 12ème siècle, à l'est de notre position actuelle, que nous visitons tout comme d'autres, et dont l'un se trouve au bout d'un long chemin surplombant une grande étendue
d'eau.
Comme il n'est pas trop tard, nous avons le temps de nous rendre à Banteay Srei, à une vingtaine de kilomètres au nord. Pause déjeuner sur la route. Nous adorons le trajet, malgré les
innombrables trous sur la route, car nous parcourons la forêt, et découvrons la vie et les cultures à l'écart de la ville. De nombreuses maisons en bois, souvent surélevées, parsèment le bord de
la route, au milieu de palmiers, bananiers et autres arbres au vert éclatant. La vitesse du tuktuk permet de ne pas trop transpirer, mais Audrey cherche l'ombre quelques minutes à peine être
descendue une fois sur place. Les pierres, cette fois-ci toutes en grès, sont chaudes et accentuent l'effet de la température. Considéré par beaucoup comme le joyau de l'art angkorien, ce temple
hindou, dédié à Shiva, possède de superbes sculptures, souvent plus fines en effet que celles aperçues jusqu'à présent. Banteay Srei signifie "citadelle des femmes", et l'on affirme que des
gravures si raffinées ne peuvent être l'oeuvre d'un homme. Chose étonnante, le site fît la une des journaux en 1923, quand, bien longtemps avant de devenir ministre de la culture, André Malraux
fût arrêté à Phnom Penh et accusé de vol de statues du site. "La voie royale", dont il est l'auteur, raconte cette histoire sous forme de roman. Le temple, ou ce qu'il en reste, est différent des
autres, et nous ne restons pas insensible à son charme. Vers 14h30, nous redescendons vers le parc d'Angkor, traversons de nouveau la jungle, et faisons une pause rapide dans un petit village
pour goûter des sucreries à base de jus de palmiers (un peu craquantes, un peu sablées, très sucrées). Aujourd'hui, notre chauffeur a pris sa glacière, dans laquelle nous pouvons ouvrir, à notre
guise, les quelques bouteilles d'eau de 500ml qui s'y trouvent. La route nous endort un peu. Nous commençons à avoir un coup de barre. Et il fait chaud. Nous visitons cependant deux derniers
temples, inclus dans le grand tour, avant de rentrer.
N'étant pas sûr de poursuivre les visites demain - Audrey ayant toujours un peu mal à son pied - nous proposons à notre chauffeur de boire un verre avant de nous quitter. Nous nous arrêtons donc
dans un boui-boui proche d'Angkor Vat, et buvons un coca bien frais. L'occasion nous est du coup donnée d'en apprendre un peu plus sur le pays, et de l'interviewer de manière informelle. Il nous
propose de goûter une spécialité locale, que nous n'avions même pas remarquée : des "baby eggs". Rendez-vous dans une autre rubrique pour en savoir un peu plus. Nous ne pensions pas que cela
existait.
Retour à la guesthouse en fin d'après midi, où nous passons la soirée, partagée entre douche, linge, et dîner. Une discussion entre le barman et Fred conduit le premier à lui montrer la locataire
permanente des sous-lieux. Rendez-vous dans la partie "Animaux du monde" pour la rencontrer.
mar.
05
févr.
2013
Réveil vers 9h, après une nuit reposante, mais sous la chaleur, notre chambre n'étant en effet pas climatisée, le petit ventilateur brassant péniblement l'air. Hier soir, nous avons fait attention à n'allumer la lumière qu'une fois la porte fermée, afin d'éviter les moustiques dans cette région du monde où la dengue est fortement présente. Il fait clairement plus chaud qu'en Thaïlande, déjà plus de 25°C ce matin. La douche froide est agréable, mais dans l'heure qui suit le moindre effort fait rapidement couler des gouttes de sueurs (et pas juste une), nous donnant envie d'en reprendre une. La moyenne d'âge de la Rozy Guesthouse de Siem Reap (à 251km au nord de la capitale) est plus élevée que d'habitude (la quarantaine). Hier soir pendant notre dîner, nous étions entourés de baroudeurs tatoués, anglais pour la plupart. C'est sympa, ça change. Ce matin, pendant le petit-déjeuner, en buvant notre jus d'ananas fraîchement pressé, nous nous renseignons sur la marche à suivre pour visiter les temples d'Angkor. Plusieurs pass existent pour profiter de l'immensité des lieux : un jour, trois jours (pas forcément consécutifs, valables pendant 7 jours) ou une semaine. Sur les conseils de la maîtresse des lieux, et en accord avec ce que nous avions prévu, nous obtons pour celui de trois jours. Comme cela se fait ici, nous louons également les services d'un tuktuk (stationné juste en face de l'hôtel) pour cette durée. Aujourd'hui, nous ferons le petit circuit, long de 17km.
Moins de 7km après, nous entrons dans le parc d'Angkor, achetons nos pass, et nous dirigeons vers le principal site, et le plus connu, Angkor Vat. Nous longeons la rivière, laissons notre
chauffeur, et traversons le pont menant aux portes de la capitale de l'ancien empire Khmer, pour commencer par le plus grand édifice religieux de la planète, avant de poursuivre vers l'un des
plus mystérieux (Bayon), ou encore parcourir les ruines du Ta Prohm, dans lequel la végétation triomphe. Ce sont les principaux sites d'Angkor et les plus visités. On peut passer facilement une
semaine ici, permettant de visiter tranquillement, de revenir admirer certains temples à divers moment de la journée, et de découvrir des sanctuaires plus lointains. Les temples d'Angkor sont
l'âme du royaume Khmer et la fierté nationale des cambodgiens (pour preuve, leur drapeau), qui tentent de reconstruire leur vie après les années de terreur. Les monuments, disséminés à travers la
jungle, peuvent être rejoints en tuk-tuk, à vélo (mais sous la chaleur, nous avons vite oublié cette idée) ou quelques fois à dos d'éléphants. Les avis divergent sur la meilleure façon d'explorer
le site, et nous décidons de suivre la recommandation de la carte que nous avons obtenue, ainsi que de suivre l'avis de notre chauffeur. Toute la journée, il va faire très chaud, probablement
36°C à l'ombre, et surement 42 ou plus au soleil.
Revue détaillée :
ANGKOR VAT (ou WAT)
Au bout du pont se trouve une grande enceinte semblable à des fortifications, longue de plus d'un kilomètre. Nous la traversons et nous attendons à être impressionnés par la taille du monument, et nous prendre une claque visuelle, comme cela fut le cas avec le Taj Mahal. En fait, première impression moins spectaculaire qu'attendue. Sommes-nous un peu blasés, en attendons nous trop, ou avons nous perdu un peu de notre jugement suite à l'enchaînement de choses vues depuis notre départ ? Il ne serait pas étonnant que nous ayons l'esprit moins neutre qu'en novembre. Nous verrons bien à la fin de la journée, et surtout après les trois jours. Une fois le mur extérieur franchi, nous traversons une vaste étendue, via une allée de presque 500m, bordée d'une ballustrade menant de l'entrée principale au temple central. Nous passons entre deux élégantes bibliothèques puis, entre deux bassins, dont celui au nord (donc sur notre gauche car nous allons vers l'est) est le plus souvent aperçu sur les photos des guides de voyages. Le temple se compose de trois terrasses symétriques - sorte de grands carrés formant une pyramide, chaque terrasse étant empillée sur l'autre, et de plus en plus petite - ceinturées par un labyrinthe de galeries. Une extraordinare série de bas-relief sculptés s'étire facilement sur plus de 500m. Elle raconte l'histoire de différents dieux, notamment Vishnu et Krishna, ou des rois de l'époque, comme Suryavarman II. Nous apprenons qu'auparavant, avant la guerre, la galerie aux 1000 bouddhas enfermait des centaines de statues, dont nombre d'entres elles ont été déplacées ou dérobées. Il n'en reste aujourd'hui que des vestiges brisés. Des tours, coiffées de dômes pointus, occupent les angles des deuxième et troisième niveaux. La tour centrale, que seul Fred pourra découvrir (les épaules d'Audrey n'étant pas couvertes... encore eut-il fallu le savoir !) en empruntant le grand escalier pentu (une façon de démontrer que parvenir aux royaumes des Dieu n'est pas chose facile), se dresse une trentaine de mètres plus haut et donne à l'ensemble sa dimension. Là-haut, le panorama fait prendre conscience de l'étendue du site. La forêt de palmiers, tropicale, verte, luxuriante, toute proche, donne la sensation d'être au centre de celle-ci. En quittant le coeur de l'édifice, dont Fred ressort conquis, et après, préalablement, avoir ensemble fait le tour de chaque enceinte (2h de marche sous le soleil et les pierres), nous corrigeons notre première impression. C'est sûr, nous reviendrons demain pour qu'Audrey puisse aussi découvrir la dernière terrasse.
ANGKOR THOM
Signifiant "grande ville royale", cette citée fortifiée située au nord d'Angkor Vat, couvre 10Km². A son apogée, la région aurait compté 1 million d'habitants. Cinq portes monumentales hautes de 20m (dont deux à l'Est) percent les remparts, sont décorées de trompes d'éléphants, et d'une cinquantaines de statues de dieux (à gauche de la chaussée) et de démons (à droite). Une des portes Est, bien plus calme que celle du sud que nous empruntons assis sur notre tuktuk, a servi de cadre, comme d'autres endroits ici, au film "Tomb Raider". La porte Ouest, comme un peu partout, s'est complètement effondrée, ne laissant qu'un amas de pierres anciennes. Les principaux monuments de la cité, se regroupent au coeur de l'enceinte fortifiée, les voici :
- Bayon
Unique, Bayon incarne le géni et l'égo du roi légendaire du Cambodge, Jayavarman VII. La structure forme un ensemble de couloirs voutés, d'escaliers, et compte de nombreuses tours gothiques ornées de monumentaux visages au sourire énigmatique, pour certains de Lokesvara (autre nom de bodhisattva Avalokiteshvara) et pour d'autres à l'effigie du souverrain. Ces multiples visages, à la fois sévères et compatissants, veillent depuis tous les angles de l'édifice. Ils symbolisent la puissance, l'autorité et la bienveillance. Où que nous soyons dans le temple, nous apercevons plusieurs visages (au moins douze d'après les guides) de face, de profil, à hauteur d'homme ou en surplomb. Apparemment, bien des mystères restent à élucider, comme la fonction exacte du lieu et son symbolisme. Des mystères qui correspondent bien aux 216 sourires distants et enigmatiques du temple. Là encore, comme dans tous les temples que nous visiterons, c'est depuis les terrasses supérieures que la magie opère le plus.
- Bapoun
Nous l'atteignons en marchant depuis Bayon, pas très loin. Comme pour Angkor Vat, ce matin, nous traversons une allée bordée de piscines naturelles au vert pale, à côté de palmiers et d'arbres gigantesques, dans une ambiance sonore grâce aux oiseaux, et où quelques pêcheurs apportent leur touche personnelle. Pour la deuxième (et dernière) fois de la journée, Audrey se voit refuser l'accès, malgré sa tentative de corruption (nous savons qu'ici tout se monnaie). Elle peut donc continuer de discuter avec les mêmes filles de ce matin, pendant que Fred gravit les marches des différents niveaux. A l'intérieur, certains renoncent à le faire, vu la pente et la température. Sa construction fût achevée au milieu du 11ème siècle. Hormis son histoire, le temple présente un intérêt visuel relatif. La rénovation du lieu fût interrompue pendant 25 ans à cause de l'éclatement de la guerre civile. Juste avant, le temple fût démonté morceaux par morceaux, selon des principes particulier de restauration. Mais les registres furent détruits sous le régime des Khmers rouges, laissant les spécialistes seuls face à ce grand puzzle architectural.
- Aire du Palais Royal
Des ruines au milieu de la fôret, voici des murs partiellement détruits et recouverts de végétation. C'est une vraie marche dans cet endroit clairsemé de la fôret, à découvrir les différents vestiges. De grands arbres filtrent parfois la lumière, pour créer cet effet volumétrique, que Fred apprécie beaucoup (vous savez, comme par exemple les filets de lumières dans des caves mal éclairées). Audrey se tord le pied sur une marche irrégulière (mais lesquelles ne le sont pas ?) et diagnostique une petite entorse. Le reste de la journée se fera en boitillant. Nous montons néanmoins sur les terrasses du Phimeanakas, seul batiment encore sur pied de cette partie.
- Terrasse des éléphants et du Roi lépreux
Longue de 300m, haute de quelques mètres, la première servait de tribune géante pour les cérémonies publiques. Avouons-le, nous avons chaud, le pied d'Audrey la lance, et nous commençons à saturer un peu de voir de nouvelles pierres. Cela doit bien faire quatre heures que nous ne faisons que cela. Nous ne nous attardons pas très longtemps, mais prenons quand même quelques instant pour imaginer le faste et la grandeur de l'empire khmer à son apogée, avec infanterie, cavalerie, banderoles et étendards paradants sur la place centrale.
TA PROHM :
Rejoint en tuktuk, Ta Prohm est un des endroits phares d'Angkor. Vous avez sûrement vus, comme nous auparavant, des photos de temples envahis par les racines et les arbres : c'est ça. Pour nous, c'est ce que l'on associe à Indiana Jones. Impossible d'ailleurs de ne pas pousser la chansonnette. C'est probablement le monument qui dégage le plus de charme. Abandonné à la jungle, il donne une bonne idée de l'aspect d'Angkor lorsque les explorateurs européens foulèrent le site pour la première fois. Les racines géantes témoignent du temps écoulé depuis l'abandon du lieu (mais la cité d'Angkor ne l'a jamais totalement été). Quoique protégée de la végétation envahissante (qui prolifère si vite vu le climat de la région), de gros arbres enserrent pierres, portes et murs anciens, et permettent à certaines parties de tenir encore debout. Ici, c'est la puissance de la jungle, et non des dieux, qui est évoquée. A sa construction, l'homme a vaincu la forêt. Cela fait maintenant un bout de temps qu'elle a repris le dessus. Du lychen, de la mousse et des plantes grimpantes recouvrent la plupart des bas reliefs. Un des endroits que nous avons préféré. Malheureusement, pas de trésors, ni de chambres ou de passages secrets truffés de piège. Aurait-on mal cherché ?
Pendant toute cette journée, des femmes et des enfants nous attendent à la sortie de chaque site, pour vendre souvenirs, soft drinks, eau fraîche et ananas tout juste coupés et pelés. Beaucoup de
mendicité, répétitive, mais pas agressive, ni trop insistante. Nous essayons toujours de répondre avec le sourire. Les enfants, cartes postales à la main, récitent les nombres de 1 à 10 dans
plusieurs langues différentes. Nous sentons l'exploitation qu'en font les parents, et la pauvreté. Nous prenons quelques photos avec certains d'entre eux, mais avons cette impression d'être des
touristes curieux voulant rapporter des souvenirs exotiques, ce qui est malheureusement le cas. Cela dit, des regards, des clins d'oeil malins sont echangés, et de jolis sourires éclairent le
visage de certaines petites filles quand Fred leur lance un bisous envoyé depuis le creux de sa main. Durant les visites, nous découvrons que plusieurs pays participent à la rénovation et
l'entretien des batiments de l'ensemble du complexe touristique, chacun ayant une zone dont elle s'occupe (par exemple, le Japon pour les bibliothèques d'Angkor Vat, la France pour les bas
reliefs...).
Notre chauffeur nous raccompagne à la guesthouse, où nous n'avons qu'une envie, prendre une douche. Même si d'innombrables geckos (petits lézards inoffensifs) tapissent les murs. Laver nos
affaires est une autre priorité, vu leur état. Ce ne serait pas étonnant qu'il faille faire de même tous les jours. Une autre douche est alors nécessaire (oui, oui !). Ce soir, nous sortons dans
Pub Street, pour aller manger cambodgien au Amock restaurant. Nous commençons le trajet à pied mais le terminons en tuktuk. Retour vers 23h, pour un dernier verre sur la terrasse donnant
directement sur le trottoir, puis dodo.