ven.

16

août

2013

J14 - Retour Copacabana

Cette fois-ci c'est la bonne. Nous partons aujourd'hui. Audrey se sent beaucoup mieux, et tout va bien. Réveil comme d'habitude, à 8h, et descente des sacs dans la foulée jusqu'au port d'en bas, en faisant plusieurs voyages pour préserver la côte d'Audrey, qui attend Fred et en profite pour commander un petit-déjeuner au même endroit qu'hier, au bord du lac. Pas mal de monde semble quitter l'île aujourd'hui, car il y a de nombreux autres backpackers ou touristes de tout âge en train d'attendre comme nous l'un des bateaux partant vers 10h30. En mangeant nos tartines, au soleil, pas mécontents d'avoir terminé nos sacs et de les avoir descendus, nous nous faisons une reflexion : nous sommes le 16 août. Et on pourrait être le 3 mars, ce serait pareil. Tout ça pour dire que le calendrier tourne, et nous ne nous en rendons absolument pas compte. Cela fait plusieurs fois que nous nous disons cela, et cela fait bizarre. Une vie de voyage sans l'emprise des dates classiques et les repères calendaires habituels, avec le dépaysement du changement d'hémishère. Bref, hier par exemple, le 15 août, ça ne nous parle pas du tout. Nous sommes un peu hors du temps. Deuxième chose : nous n'attendons qu'une chose, faire une machine et laver nos affaires, car nous n'avons quasiment plus rien à nous mettre. Et avoir rajouté une journée ici hier retarde les choses, alors que nous pensions pouvoir faire ça rapidement. On verra donc plus tard, mais les choses pressent. En discutant sur le bord du lac, juste à côté, après avoir terminé le petit-déjeuner, une grosse surprise nous attend : sortis de nulle part, nous voyons débarquer Antoine et Clément, nos deux tour du mondistes avec qui nous étions en 4x4 pendant 3 jours dans l'Altiplano bolivien. La bonne nouvelle. Car ça change tout. Ils vont en effet eux aussi à Cusco, puis à Machu Pichu. Sur le bateau, nous nous racontons nos dernières semaines, et prévoyons la suite ensemble. C'est évident, nous allons faire un bout de chemin tous les quatre. Et comme on s'entend particulièrement bien (les blagues et déconnades fusent dès que l'on se retrouve... il y a des fois, ou des gens, comme ça), ça promet de bons moments. Nous sommes d'ailleurs tous d'accord pour passer l'après-midi sur la terrasse d'un bar de l'allée principale de Copacabana, où nous arrivons vers midi. Eux souhaitent dormir ce soir ici, car ils disposent d'un peu plus de temps que nous (nous devons partir de Lima pour l'Equateur le 26 août, ce qui rend le planning un peu chargé), alors que nous souhaitons partir pour Cusco en bus en fin d'après-midi. Pas grave, nous avons le temps de nous organiser tous ensemble pour rester tous les quatre dans la semaine à venir, et leur proposons de réserver une chambre pour eux dans la guesthouse où nous irons demain en arrivant à Cusco. En fait, pour tout dire, nous mettons au point un plan imparable, qu'il serait trop long de raconter ici. Nous nous asseyons donc tous les quatre sur les canapés d'un bar sympathique, et commandons, sans hésiter, un pisco sour. L'ambiance est géniale, surtout après trois autres et quelques heures passées. Un autre voyageur, français, s'est joint à nous pour déjeuner. Pendant que les garçons rigolent et s'amusent, Audrey se renseigne sur les billets de bus pour Cusco, et les départs de fin de journée. C'est un peu compliqué, car il n'y en a qu'un de direct, complet. Après une longue et rigolote tergiversation (des blaques partent toutes les trois minutes), nous prendrons un bus qui s'arrêtera malheureusement à Puno pour changer de véhicule, une ville où nous avons entendu dire qu'il fallait faire attention, notamment à nos sacs. On ouvrira donc l'oeil. L'après-midi passe, et nos visages sont chauffés par le soleil. Quel plaisir d'avoir retrouvé nos deux compères. C'est d'ailleurs la première fois que nous ferons un bout de chemin avec d'autres voyageurs. Et le faire avec eux est la meilleure surprise qu'il soit. Car en plus de rigoler, ils sont intéressants, et nous sommes tous dans le même état d'esprit, et avons une expérience du voyage similaire, occasionnant des discussions privilégiées sur nos ressentis, l'avenir etc...


18h20. Nous devons filer, car le bus part dans peu de temps. A demain les copains, rendez-vous à Cusco sur les marches de l'église si les deux guesthouses recommandées par le Lonely sont pleines. Nous mettons nos sacs sur le dos (une première pour Audrey depuis sa chute en ski...), et prenons place dans le bus à moitié rempli (et d'une compagnie - la meilleure - qui était censée être pleine, après être allé cet après-midi vérifier...). Nous partons avec un peu de retard, de nuit, vers la frontière avec le Pérou, que nous atteignons 30 minutes plus tard. Et en changeant de pays, nous gagnons une heure. Il est donc 18h. Nouveau tampon sur le passeport, et derniers bolivianos échangés, nous marchons une trentaine de pas pour passer la frontière. Nous croisons à ce moment, et par le plus grand des hasards, le couple néo-zélandais et hollandais, rencontré lors de notre dernière nuit à Rurrenabaque, allant eux aussi à Cusco. Décidemment. Nous ne repartons que 45 minutes plus tard, après avoir attendu tout ce temps dans le bus, sans savoir pourquoi.


A 21h, nous arrivons à Puno. Dans cette gare routière qui ressemble aux gares de trains indiennes, nous devons trouver un certain Max, afin de savoir dans quel bus nous devons aller pour rejoindre Cusco. Audrey part voir à l'intérieur pendant que Fred attend avec les sacs au milieu de touristes un peu perdus et des mamas, toujours aussi chargées, colorées, et maladroites. Des gens dorment par terre en attendant leur bus, ou sont assis en groupes. A première vue, après avoir demandé quelques infos, les gens n'ont pas l'air très aimables. On verra. A 22h, après avoir trouvé notre bus au milieu d'un grand capharnaüm, nous nous posons dans nos sièges "cama", à l'étage inférieur, pendant que d'autres français, et des mamas chargées comme des mules avec de la nourriture et un bric à brac sans fin (elles ne laissent rien dans la soute, et prennent tout avec elles), montent à l'étage supérieur. Nous partons, et entrons dans un nouveau pays, sans en avoir l'impression.

 
 
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ven.

16

août

2013

Bolivie : Le récap

La Bolivie, on y a finalement passé un peu plus de temps que prévu (deux semaines), et on a bien aimé. Un pays différent des autres, sans réussir à savoir pourquoi. Peut-être parce que c'est notre premier contact avec la culture andine, et que l'on a bien l'impression d'être en Amérique du Sud....

 

Du coup, ici :

 

- Ils enterrent des embryons de lamas sous les fondations des habitations pour porter chance

- Avant, le pays avait un accès à la mer, avant que le Chili ne le leur prenne. Du coup ils ont toujours une armée marine, postée sur le lac Titicaca

- Il est possible d'aller voir des combats de catch de mamies à La Paz

- Evo Morales est un saint pour la plupart des gens

- Le président est en photo quasiment sur toute les campagnes de pub

- Santa Cruz est une région à part, avec des richesses économiques et pétrolifères

- A la Paz, la drogue est facile d'accès. Il existe des bars où il suffit de présenter son passeport pour entrer et passer commande

- D'après un francais travaillant ici, Morales s'en met plein les poches et se fera virer à un moment. Il est surpris que personne ne s'étonne qu'il voyage en jet privé, et s'amuse quand il fait escale dans des capitales internationales

- Les habitants n'aiment pas Coca-cola. Le président a dit que la marque n'était pas la bienvenue, puisque la boisson n'est pas fabriquée en Bolivie. Au restaurant, on nous incite à prendre de l'eau qui n'est pas produite par Coca-cola, et de privilégier celle nationale, soit disant contenant plus de minéraux positifs pour l'organisme (et surtout le double du prix !)

- Comme au Chili, les mannequins des magasins qui présentent les pantalons, sont présentés de dos pour mettre les fesses en valeur. C'est ce qui importe ici.

 

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jeu.

15

août

2013

J13 - Isla del Sol

Dans la petite chambre constituée uniquement de nos deux lits, nous nous réveillons à 8h. Audrey n'a pas très bien dormi, et ne se sent pas bien. Du coup, nous décidons immédiatement de rester une nuit de plus sur l'île du soleil, car sinon, nous devrions partir cet après-midi et prendre un car pour rejoindre Cusco, au Pérou, à 10h30 de là (sans compter l'heure et demi de bateau pour rejoindre Copacabana, et quitter Isla del Sol). Mieux vaut donc prendre un jour de plus, d'autant qu'avec tous ces enchaînements ces dernier temps, nous avons beaucoup de retard sur le site. On ne sait d'ailleurs pas bien comment nous allons faire pour le rattraper, puisque bien des choses sont prévus pour la semaine à venir. En outre, cela revient moins cher de rester ici, plutôt que de passer un jour de plus à Cusco, même si cela est peut-être moins sympa. Il fait très beau, et l'ambiance est toujours aussi calme et reposante ici. Les couleurs, sous le soleil, chantent et donnent de l'énergie. Nous sortons, et descendons près du petit port, par lequel nous sommes arrivés hier, pour prendre un petit-déjeuner, sachant qu'une connexion wifi est disponible, même si elle ne marche pas très bien finalement. Mais bon, on est un peu au milieu du lac Titicaca aussi, et l'île n'est pas très développée. L'endroit est l'un des seuls ici à disposer d'une connexion internet. Après avoir avalé un peu de pain, un thé et un jus d'orange, Audrey ne se sent toujours pas très bien. Bizarre. Mal de ventre, tête qui tourne... allez savoir. Nous sommes à 3700m d'altitude, mais il est peu probable que cela en soit la cause, car nous avons passé du temps à ce niveau ces dernières semaines. A 11h, le temps de remonter les nombreuses marches jusqu'à la guesthouse, et Audrey préfère retourner se coucher. Fred reste avec elle dans la chambre, et avance sur le site.


Nous ressortons à 13h45, pour aller déjeuner cette fois-ci de l'autre côté, en continuant le sentier en pierre qui mène au sommet de l'île, silloné par des groupes d'ânes ou de mules et leur maître. Les lieux sont très typiques de la culture andine, un peu comme si le temps s'était arrêté. Sur la route, Audrey a un petit malaise. Nous nous arrêtons chez un habitant, qui dispose de quelques tables dehors et d'un menu basique, et mangeons dehors, face au lac, avec quelques albacas (sorte de lamas) à deux mètres de nous. La femme va et vient, tranquillement, pour les nourrir. Nous, nous regardons la scène, intéressés et amusés, en mangeant notre soupe de quinoa et la petite omelette, accompagnées de légumes. Nous avions prévu en montant une heure plus tôt d'annuler la visite des ruines incas de l'île, mais changeons finalement nos plans, car Audrey va mieux. Nous partons donc vers 15h30 vers l'autre côté de l'île, pour aller aux ruines du temple du soleil, que nous aurions pu aussi rejoindre en bateau, mais pour un prix démesuré. Elles ne sont pas très loin en plus, à environ 30 minutes de marche. Il y en a d'autres sur l'île, plus éloignées, mais nous préférons faire quelque chose de rapide et de simple. La journée est déjà bien entammée en plus. Nous partons donc en longeant le flanc de la "montagne", en suivant un chemin emprunté par d'autres touristes, qui nous mène plus à l'ouest, vers les fameuses ruines. Celles-ci sont décevantes. Il n'y a aucune explication ou panneau donnant un peu d'infos sur les lieux, leur signification ou sur l'époque concernée (le 15ième siècle en fait), et le temple en question est petit, et pas très intéressant. Oui, on pourrait s'imaginer ce qu'il s'est passé ici, le pourquoi du comment etc... mais l'endroit ne s'y prête pas beaucoup, et aucune magie ne s'en dégage. Bref, premier contact avec les incas décevant. De petites embarcations viennent d'arriver une dizaine de mètres plus bas, et un flot de touristes arrive. Nous restons du coup une grosse quinzaine de minutes, le temps de faire le tour, de rentrer dans les petites pièces encore debout des ruines, et de faire quelques photos. Une heure plus tard, nous sommes de retour à la guesthouse, et partons boire un verre un peu plus bas, face au lac, et à la chaîne montagneuse du fond. Il commence à faire froid, la lumière baisse - le soleil étant désormais caché par le sommet de l'île - et comme l'endroit où nous sommes (toujours chez un habitant ayant aménagé un coin pour recevoir des touristes) ne fait pas restaurant, ou en tous cas n'a pas de pièce intérieure, nous remontons tout doucement pour trouver un autre endroit, au chaud. Il est 18h passé. 19h30, nous avons fini de manger (pizza et soupe cette fois-ci), et rentrons. Le rythme des choses rappellent encore une fois un peu le Népal, mais dans une culture différente. Une demi-heure plus tard, Audrey n'a toujours pas la grande forme, se couche, pendant que Fred regarde un film sur l'ordinateur avant de dormir. Petite journée sur une belle île.

 

 

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mer.

14

août

2013

J12 - Changement de décor

Le car vient nous chercher à 8h15. Les bagages sont prêts, et nous avons même pu prendre un petit-déjeuner. Nous attendons quelques instants devant la porte d'en bas, et le voilà pour nous prendre, direction Copacabana. Les suspensions doivent être mortes, car ça n'arrête pas de sauter, à en devenir vraiment désagréable. A côté de nous, que des touristes. A 9h, toujours dans La Paz, nous nous arrêtons sur le bord de la route, et devons attendre une dizaine de minutes, car apparemment, deux passagers ont été oubliés. Nous repartons ensuite sur une route défoncée, et toujours aussi tape-cul. D'ailleurs, dans un tournant, quelque chose s'est cassé à l'arrière du bus, et un bruit bizarre se fait entendre. Pendant l'arrêt prévu un peu plus tard, le chauffeur se met à réparer le tuyau d'échappement, tombé tout-à-l'heure, avec une ficelle.


A 11h, nous arrivons au bord du lac. Nous devons descendre, et prendre un petit bateau pour passer de l'autre côté du rivage. Le bus fait de même, sur un bac, et nous le retrouvons un quart d'heure plus tard, en face, à San Pedro de Tiquina. Ici, le décor à changé. Des montagnes aux sommets arrondis sont couvertes d'herbes jaunes, tranchant avec le bleu du ciel et de l'eau. C'est très coloré, et assez vif. Nous sommes clairement autre part. Nous remontons dans le bus, qui nous attend sur une petite place où plusieurs "mamas" très andines vaquent à leurs occupations, ou demandent quelques pièces après avoir vu que certains les prenaient en photo. Il est 11h35. Nous avons encore une heure de trajet, à slalommer entre les versants, à prendre de la hauteur, à surplomber le lac, qui donne des deux côtés de la presqu'île où nous sommes, à rouler sur cette route valonnée, sans aucun arbre autour, dans un sorte de steppe jaune, à côté d'ânes qui broutent. Avec les nuages apparaissant, les couleurs changent en fonction de leur ombre, progetée à terre. Nous sommes à presque 4000m d'altitude. 3841 pour être précis, quand nous arrivons à 12h20 à Copacabana, le terminus. Tout le monde descend. Nous sommes assaillis par des rabatteurs nous proposant une guesthouse pour ce soir. La rue principale est petite, quoiqu'assez large, et pas mal animée. Au bout, se trouve un petit port, où nous allons prendre un bateau pour rejoindre Isla del Sol, la plus grande île du lac (15km²), ayant donné son nom au lac (elle s'appelait avant Isla Titikaka). Son nom actuel provient du fait qu'elle abritait un temple Inca lié au soleil, et que c'est ici que serait né l'étoile qui nous éclaire. On va essayer d'y croire. Une autre île, pas très loin, porte le nom d'Isla de la Luna. Nous avons néanmoins le temps de boire un verre sur une terrasse, en compagnie de bien d'autres backpackers, car le départ est à 13h40. Nous sommes pas mal chargés. Le trajet dure presque une heure et demi. Le lac est gigantesque. Une vraie mer, au milieu de laquelle se trouveraient plusieurs îles, qui semblent se ressembler, en tous cas par leur forme, leur altitude, leurs couleurs. A 15h, nous arrivons dans la partie sud de l'île : Yumani. Quelques restaurants se trouvent là, autour de l'embarcadère, mais il n'y a pas grand chose. Il va falloir monter, car devant nous, un grand et long escalier est le seul chemin disponible pour monter au village en haut. C'est l'allée de l'Inca. D'ailleurs, deux statues d'incas ouvrent les marches. Etant préférable qu'Audrey ne monte pas son sac sur la petite centaine de mètre de dénivelé à cause de sa côte, Fred fait deux voyages. Heureusement, la guesthouse que nous avons en tête, recommandée par deux tour-du-mondistes croisés à l'Ile de Pâques, est à mi-chemin. C'est sommaire, basique, mais pas cher (6 euros à deux par nuit). La vue est en tous cas surperbe, avec une chaîne de montagnes aux sommets enneigés au fond, en arrière-plan. Le lac est toujours aussi grand. C'est d'ailleurs le plus grand d'Amérique du Sud (en longueur, avec un millier de kilomètres de rives), et le plus haut de la planète navigable en altitude (bien que ce soit discutable). Il sépare en tous cas la Bolivie et le Pérou, et fait 8500 km². Isla del sol, c'est le véritable centre de la mythologie Inca. Pourtant, les vestiges ne sont pas très nombreux, et le lieu est bien moins touristique que Macchu Picchu. Fort à parier qu'il le deviendra bien plus dans les années qui viennent, à voir les habitants, majoritairement quechua, construire ou agrandir les auberges qu'ils tiennent. Nous décidons de monter en haut, pour voir de l'autre côté, mais aussi pour manger quelque chose. Nous nous posons donc dans un restaurant, tenu comme tous les autres par les habitants de l'île. La plupart d'entre eux ont conservé un style de vie simple, et vivent de la terre. De nombreux ânes passent dans les quelques sentiers en terre qui permettent de joindre les différents points de l'île, accompagnés de leur propriétaires. Nous retrouvons d'ailleurs les chemins bosselés du Népal, faits de pierres irrégulières et de terre.


Installés au soleil, face nord, nous profitons de la fin de journée. Tout est très calme. Nous passons un peu de temps sur l'ordinateur, que nous avons pris avec nous, et regardons le soleil se coucher. Attirés par l'odeur de la pizza de la table à côté, ayant pourtant mangé il y a quelques heures, nous restons dîner. Il est 19h20. Tout autour, le village est dans le noir. Vers 21h, il fait beaucoup plus frais, même froid. N'ayant pas nos frontales, nous rentrons à la lumière de l'Iphone, sur ce chemin cabossé, que nous descendons en esquivant les crottes d'ânes. La lune empêche les étoiles de briller, mais nous aide un peu. Nous travaillons un peu dans la chambre, puis éteignons la lumière vers 23h. Nous voilà encore dans un nouvel environnement.

 

 

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mar.

13

août

2013

J11 - La Paz 2

La nuit a fait du bien. Réveil à 9h. Nous commençons, non pas par aller prendre notre petit déjeuner, mais par trier quelques photos et vidéos, afin de pouvoir laisser l'ordinateur allumé et les mettre à charger sur Internet avant de libérer la chambre. Il fait très chaud, et nos boutons nous grattent. Nous rendons les clés à 10h40, et allons manger un morceau, et plus particulièrement les viennoiseries du français tenant une sorte de boulangerie, que nous avions testée la première nuit que nous avions passée ici, et qui sont toujours aussi délicieuses. Nous achetons, juste avant de partir, quelques pizzas et d'autres pains au chocolat, pour quand nous aurons faim un peu plus tard. Nous ne le regretterons pas. Notre avion, initialement prévu pour 13h30, est décallé, et partira à 15h, en même temps que celui des anglais. Cela nous laisse donc un peu plus de temps, que nous mettons à profit pour écrire un ou deux articles, pendant que Audrey se rend à l'agence de la compagnie aérienne, Amazonas Airlines, pour confirmer notre enregistrement sur ce vol. A 13h30, nous prenons un bus pour rejoindre l'aéroport, et quittons définitivement la ville. Bye bye. Dans le tout petit hall, nous enregistrons nos bagages, payons les deux taxes obligatoires, et attendons dehors qu'une petite navette nous emmène à l'avion (un peu plus gros que l'autre fois au moins).

 

Le vol se déroule à peu près bien, même si quelques secousses se font bien sentir en approchant de La Paz, sûrement à cause des courants aériens dûs aux montagnes avoisinantes, et malgré l'absence de nuages. Nous profitons du vol pour avaler les trucs salés que nous avons achetés ce matin. Miam, c'est trop bon. A 15h45, lorsque nous sortons de l'appareil, nous sommes surpris par la température, plus fraîche. Les bagages sont rapidement récupérés, et nous prenons un taxi dans la foulée pour la même guesthouse qu'il y a quatre jours, Arthy's guesthouse. La vue sur la ville, depuis la route, en contre-bas, est toujours aussi jolie et impressionnante. En dix minutes, nous y sommes. Une bonne douche, les sacs défaits puis refaits, car nous partons demain, puis un peu de temps sur le blog, et il est 17h40. Nous partons dans le centre pour faire quelques achats, et prendre nos billets de bus pour demain matin, afin de rejoindre Copacabana, le lac Titicaca tout au nord du pays, et prendre un bateau pour Isla del Sol. Bref, à nous les Incas.

 

A 19h, tout est fait. Nous partons dîner dans un steackhouse, à côté du mexicain de l'autre fois. 600g de viande flambée au Jack Daniel's pour Fred. Une grosse faim. Nos boutons nous grattent toujours, c'est affreux, et tellement bon de se gratter. Une vraie varicelle. Nous ne rentrons pas trop tard, et regardons un film sur la vie de Che Guevara, au lit, racontant son périple en Amérique du Sud pendant sa jeunesse. Le film est moyen, mais cela est sympa d'entendre parler de Valparaiso, de la Patagonie, ou de la Bolivie, alors que nous sommes ici, en plein sur ces terres...

 

 

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lun.

12

août

2013

J10 - Back to Rurrenabaque

Derniers moments dans la forêt aujourd'hui. Nous nous levons un peu plus tard qu'hier, vers 8h, après une nuit dont notre dos se souviendra quelques jours, un peu fraiche, et prenons un petit-déjeuner bien agréable, composé en plus des boissons usuelles, de beignets à la banane. Pourtant, il n'y a pas de cuisine, juste quelques ustensiles et un feu avec une grille dessus. Nous plions les affaires, et partons à 10h, en route pour rejoindre le Rio Ruichi, où nous allons construire un bateau, pour redescendre le fleuve jusqu'au campement "en dur" de la première nuit. Sur la berge, faîte de pierres ou se cachent de nombreuses araignées (petites, comme celles que nous avons en Europe), de superbes papillons noirs et turquoises virevoltent un peu partout. Malheureusement, impossible d'arriver à en photographier un. De gros rondins de bois, longs d'environ 5 ou 6 mètres, sont là, ainsi que deux cordes. Le bois provient d'un arbre local, dont la flotabilité est importante. Au boulot. La technique consiste à placer deux rondins côte à côte, à mettre un gros baton dans la largeur pour s'en servir de point d'attache, puis à faire passer la corde en diagonale entre les deux, à faire plusieurs tours, en tirant bien, puis à re-tirer un coup (en utilisant le pied contre les rondins pour pouvoir tirer plus fort) avant de passer la corde transversalement, et de recommencer l'opération avec le prochain rondin à l'autre bout. Après une vingtaine de minutes, le radeau est prêt. Reynaldo a laissé Fred faire l'autre extrémité, et a vérifié que tout était bon. Nous le mettons à l'eau. Nos sacs sont emportés par un autre bateau, à moteur celui-ci. L'eau est froide, couleur terre, mais cela fait du bien, car il fait très beau, et chaud. Nous prenons place, Audrey au milieu, et Fred à l'arrière. L'eau passe entre les rondins, notamment lorsque l'eau est moins profonde et qu'il y a quelques remous, mais ce n'est pas grave, car nous sommes en maillot de bain. La descente dure une bonne heure. Reynaldo a laissé les commandes à Fred pendant les deux-tiers, après avoir commencé au début. Deux grands batons, d'environ 3 mètres de long, servent de pagaies, ou bien pour pousser l'embarcation quand la profondeur le permet. Nous n'avonçons pas tres vite, mais la balade est bien agréable. Reynaldo s'est allongé à l'avant, et nous discutons tous les trois, en essayant au passage de l'interviewer. C'est aussi à ce moment de la journée que nous nous faisons manger par les moustiques et sandflies (au niveau des jambes surtout), dont les boutons, au total une quarantaine chacun, nous gratterons pendant les 4 prochains jours.

 

Nous arrivons au camp vers 12h30, et en profitons pour prendre une douche, avant de déjeuner dans la grande hutte, dans laquelle de nouveaux touristes sont installés, commençant leur périple. Nous avons un peu de temps avant de repartir vers Rurrenabaque, et en profitons pour nous balader dans la périphérie du camp. Finalement, nous serions bien restés une journée de plus. Reynaldo nous rejoint, et comme promis avant-hier, nous partons à la recherche de larves, car nous lui avions dit que nous souhaitions en goûter. Nous avions essayer d'ouvrir quelques noix, trainant par terre, hier ou auparavant, mais sans en trouver à l'intérieur. Cette fois-ci, après 10 minutes marche, nous en trouvons. Elles sont petites, mais bien vivantes, et vivent dans de petites noix de coco, dont la taille est identique aux noix que nous avons sur notre continent. Curieux et en même temps un peu dégoûtés, nous en mangeons une, vivante et crue, en la croquant difficilement, et sommes surpris par son goût de coco, pas mauvais du tout et sa texture laiteuse. Bon, cela fait bizarre de mettre quelque chose de vivant dans sa bouche, mais après tout, ce n'est pas sale, et plutôt bon. Du coup, nous en reprenons une. Finalement, cette histoire de larve, c'est juste culturel.

 

Nous partons vers 14h, et disons au revoir à la jungle, après s'être assurés que la tarantule de l'autre fois est bien toujours là, dans son nid, difficilement visible néanmoins. Le bateau pour retourner à la ville est le même qu'il y a trois jours. Nous mettons plus d'une heure pour retourner à Rurrenabaque, en regardant les arbres, bambous, et plus généralement la végétation, défiler au fur et à mesure. Nous sommes un peu triste de devoir quitter bientôt Reynaldo, dont nous n'oublierons pas le visage, le sourire, les expressions, et les moments partagés tous les trois. Sur la route, la bateau s'arrête à un moment sur la rive pour prendre une famille. Rey profite du moment pour nous poser des questions sur la traduction de certaines phrases espagnoles en anglais, qu'il écrit sur un petit carnet. Une fois en ville, nous retournons à l'agence pour récupérer les affaires que nous avions laissées. Ca y est, cette fois, c'est fini. C'était bien. Il n'est pas très tard, et ne partons que demain pour La Paz. Nous avons donc du temps, et restons un peu dans les parages, ou sur le devant de l'agence, pour discuter avec des touristes, qui se renseignent sur la qualité de notre séjour et de Machaquipe. Au moment de partir, nous donnons rendez-vous ce soir à Reynaldo, pour boire un verre avec lui. Nous arrivons dans notre chambre, à cent mètres de là, à 16h10. Nous nous installons sur la terrasse dans la cour intérieure, et écrivons un article. Il va y en avoir des photos à trier, et des choses à raconter sur ces quatre jours. L'heure tourne, et vers 19h, nous allons au Mosquito Bar, à côté, comme le soir de notre arrivée, pour retrouver Emma et Jamie, les deux anglais avec qui nous étions dans la jungle, rentrés hier. Reynaldo ne viendra pas, malheureusement. Dommage, car nous aurions bien aimé le revoir, le saluer, et passer un dernier moment avec lui. C'est en effet une des rencontres que nous n'oublierons pas, au même titre que notre guide et notre porteur au Népal. Nous retrouvons également un autre couple d'anglais (ceux rencontrés à Santiago et croisés par hasard dans la jungle avant-hier), que nous avons revus par hasard tout-à-l'heure dans la rue. Ils sont accompagnés d'une française, très sympa, ayant étudié aux Etats-Unis. Un couple de quadragénaire - une néozélandaise et un hollandais - se joint également à nous, par l'intermédiare de la française. Nous les retrouverons à Cusco dans une semaine, par le plus grand des hasards. C'est fou les voyages, on rencontre des gens et on les re-croise plus tard par hasard dans un contexte différent, et de manière totalement inattendue. Nous restons jusqu'à 22h, dans une ambiance très amicale, à siffloter des Coronas à 1,5 euros et des cocktails à 2 euros. Fred, ayant très faim, commande deux hamburgers, aux portions pourtant généreuses. Nous nous en tirons pour 20 euros, soit facilement quatre fois moins qu'à Paris. Il fait chaud et humide. A l'hôtel, nous nous connectons rapidement à Internet, pour mettre des photos à charger (la connexion est bien meilleure qu'à La Paz, un comble), puis éteignons les lumières. Ce soir, nous redormons dans un vrai lit. Nos boutons nous grattent sévèrement (nous utilisons nos deux mains pour nous gratter une jambe). C'était sympa de retrouver des décors qui nous ont rappelé l'Asie et le Cambodge.

 
 
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dim.

11

août

2013

J9 - Jungle Boogie

6h45, debout tout le monde. C'est qu'on se lève tôt ici. On vit au rythme de la nature. Oeufs brouillés pour prendre des forces, café, pain et confiture. Reynaldo nous dit que cette nuit, vers 2h du matin, un puma rodait pas très loin. On est un peu étonné, mais peut-être. Nous partons un peu avant 7h30, une fois les "lits" défaits et rangés. Nous commençons une marche de quelques heures dans la forêt, afin de rejoindre notre dernier campement, et passer notre dernière nuit sous ce toit vert. Reynaldo nous demande aujourd'hui, ce matin, de ne pas faire de bruit, d'être silencieux  et d'être le plus discret possible. C'est en effet vers cette heure là que les animaux sont actifs, et que nous avons le plus de chance d'en voir. Le ciel est toujours couvert, nous avons eu un peu froid cette nuit, mais il fait un peu meilleur qu'hier. Nous avançons, à l'affut, et 20 minutes plus tard, notre guide s'arrête, ayant entendu des grondements un peu rauques un peu plus loin. Tels des chiens d'arrêt, nous nous arrêtons brusquement, tendons l'oreille, et entendons ce bruit grave, qui ressemble à celui d'un sanglier. C'est bien ça, puisque là-bas, à une bonne cinquantaine de mètres, un groupe de cervidés est en train de manger. Nous ne pouvons les approcher, car la forêt est dense, et le chemin s'écarte vers la droite. De toutes façons, ce n'est pas nous qui aurions pris cette décision. Un sanglier, ça ne blague pas quand même. Et nous, nous sommes des urbains. Mais pas Reynaldo. Du coup, quand nous les retrouvons une heure après, et nous arrêtons de la même façon dans notre marche, nous nous accroupissons pour nous cacher, les écouter, et observer certains d'entre eux, que nous apercevons derrière les arbres et les feuillages. Il y en a en revanche bien plus, une cinquantaine d'après Reynaldo, avec quelques bébés. C'est vrai que ça "grogne" un peu partout. Nous ne sommes pas trop rassurés, mais sommes pris par l'excitation, et nous sentons en sécurité avec lui. Cela dit, s'ils se mettent à nous foncer dessus, ce n'est pas lui qui pourra vraiment servir de bouclier nous direz-vous. Pas faux, sauf que ce n'est pas comme ça que les choses se passent ici, et Reynaldo est un peu dans son milieu. Et ces sangliers, c'est loin d'être du nouveau pour lui. Il nous explique que si un "cerdo" fonce sur vous, il chargera tout droit, jamais par le côté, et qu'il faut se mettre derrière un arbre. Mais c'est très peu probable que cela arrive. Pourquoi ? Parce que Reynaldo imite parfaitement le bruit du Jaguar en train de chasser, et après cinq longues minutes à les observer, il se redresse doucement et se met à imiter le bruit qu'ils font, en mélangeant un bruit plus aigü et sifflant. Et là, c'est fantastique. Tous les sangliers, mais vraiment tous en même temps, se mettent à fuir, et à détaler. Reynaldo continue d'imiter le jaguar. Nous regardons tous un peu ébahis, en voyant tous ces feuillages bouger et se plier sous le passage des bêtes. Impressionant. Ils ont clairement tous crû qu'un jaguar était tout proche et qu'ils étaient en danger. Quelques sangliers ont du retard, et passent à dix mètres de nous alors que nous nous approchons. Une forte odeur de viande, ou quelque chose comme ça, traine dans l'atmosphère. Nous continuons notre marche. 9h15. Nous arrivons sur un point de vue surplombant la forêt, permettant de voir le fleuve, ainsi qu'une paroi rocheuse, en dessous et sur la droite, servant de nids à des perroquets multicolores. Il n'y en a pas beaucoup aujourd'hui, mais nous en voyons quelques-uns passer dans le ciel, et d'autres sur la paroi. Leur plumage est rouge vif, bleu et vert. Leur cri, en revanche, n'est pas très joli. Nous prenons quelques photos, en faisant attention à ne pas tomber. Une demi-heure plus tard, nous arrivons au campement, semblable à celui d'hier soir, sauf que la forêt est moins dense, et que la terre est un peu plus rouge, parfois même sableuse. Nos amis anglais nous quittent, comme convenu puisqu'ils avaient choisi de ne passer que 3 jours et 2 nuits. Ils prennent donc le bateau, comme nous le ferons demain. Nous, bien sûr, nous restons, et avons une journée en plus.

 

10h10, nous partons marcher avec Reynaldo. Il fait assez beau. Nous entendons un toucan, voyons des fourmis de feu (car elles piquent comme le feu pendant 5 minutes), dont les deux petits crochets sont bien visibles quand nous en observons une sur un bout de bois que nous tenons dans la main. Hier, en discutant avec notre guide, Fred lui avait fait part de sa petite déception de ne pas se sentir vraiment en danger (alors que la forêt est dangereuse), que nous soyons toujours sur des chemins existants, qu'il n'y ait pas beaucoup d'insectes étranges, bref, de faire des choses un peu trop touristiques et de ne pas voir le coeur de la forêt, comme on peut se l'imaginer en regardant les documentaires télévisuels. Ayant compris, Reynaldo lui avait dit que l'agence ne peut pas prendre trop de risques avec ses clients, mais qu'il changerait un peu le programme, "si cela reste entre nous". Le courant passe bien entre eux. Si nous revenons en Bolivie, et pourquoi pas avec quelques amis, il nous emmènera pour un séjour différent, sans passer par l'agence, attraper par exemple des serpents, comme il aimait le faire quand il était petit (c'est drôle, en fonction de leur environnement, les enfants vont chasser des choses différentes... des mygales au Cambodge, des serpents en Bolivie... et des crabes ou des sauterelles chez nous). Du coup, après une heure de marche, nous sortons du chemin, pour sortir de la forêt, et aller dans une sorte de "savane", pour aller chasser le boa. Reynaldo dégage légèrement, grâce à son long couteau, un chemin pour que nous puissions passer à travers les lianes, feuillages, ou branches piquantes. Il nous montre la plante de la vanille. Après 20 minutes, à le suivre de près dans ces endroits plus denses que ceux vus jusqu'ici, nous arrivons sur une grande plaine, composée d'herbes hautes (entre 1m et 2,5m de haut), dans lesquelles nous pénétrons. Le sol est humide, boueux par endroits. Un petit ruisseau coule sur cette terre rouge. Nous passons à côté d'une sorte de petit marais, en faisant attention où nous marchons, car nos chaussures ne sont pas loin de rester parfois presque coincées. Il fait chaud, et il n'y a à ce moment aucun nuage dans le ciel. Les herbes sont fines, mais hautes, et dépassent notre hauteur par moments. Cela change complètement d'univers, et ressemble un peu à la pampa. C'est dans ce genre d'endroits chauds et humides que les boas aiment traîner. Nous progressons, mais sommes obligés de rebrousser chemin à un moment, car le sol devient plus que boueux, et il nous faudrait des bottes pour continuer. Dommage. En revenant, et avant de re-pénétrer dans la forêt, Reynaldo nous montre comment chercher et où trouver des vers de terre, ou lombrics, qui nous serviront cet après-midi pour la pêche (c'est un meilleur appât que la viande, nous dit-il). Nous en trouvons quelques-uns, en retournant la terre, ou glaise, sur une dizaine de centimètres de profondeur. Nous les emballons dans une feuille large et pleine que nous trouvons juste à côté. Nous revenons sur nos pas, et retrouvons le chemin classique, et continuons, pour finalement retrouver le campement vers 12h30.


Nous déjeunons, toujours aussi bien grâce à Darwin, et passons le début d'après-midi au campement. Reynaldo fabrique avec son couteau de nouveaux supports pour son fil de pêche, et "polit" des bouts de bois qu'il façonne comme il faut. Fred s'empare de la machette à côté, et l'aide, bien qu'elle coupe peu. Le temps passe, tranquillement, bercé par les bruits de la forêt. Nous entendons à un moment le bruit d'un sanglier, qui ne doit pas être loin. A 15h15, après en avoir un peu marre, nous partons pêcher. Nous marchons un moment, avant d'atteindre le fleuve. Il fait chaud. Sur le chemin, nous recroisons des sangliers, mais cette fois-ci, d'après Reynaldo, entre 150 et 200. Nous nous approchons tout près. Il y en a partout. Et comme ce matin, Rey se met à imiter le jaguar, et ils détalent tous dans un bruit assez fort. Et pour s''amuser, nous leur courons après, en suivant notre guide, qui continue les cris. Des dizaines de cervidés passent devant nous, à 6 ou 7 mètres, c'est complètement fou. Et drôle de les voir réagir par instinct. Reynaldo est vraiment fort pour imiter les bruits de certains animaux. Arrivés au fleuve, pas de piranhas, car le courant est trop fort (même s'il n'y en a pas beaucoup pour un homme). Si nous attrapons quelque chose, nous le mangerons ce soir. Comme avant-hier, nous jetons nos hameçons, et attendons. La pêche n'est pas une activité qui passionne Audrey. Fred est torse nu, et se fait, sans le savoir, bouffer par les moustiques et les sand-flies. Il y aura ce soir une quarantaine de piqûres, qui, étrangement, ne le graterons pas tant que ça. Nous n'attrapons rien, sauf une tortue. Décidément. Surtout qu'Audrey ne l'avait pas sentie au bout du fil, et la ramène avec surprise quand nous décidons de faire autre chose. La pêche n'étant pas fructueuse, nous partons donc marcher. Dans les arbres, nous apercevons (après s'être immobilisés comme d'habitude quand Reynaldo entend/voit quelque chose) quelques singes, dont la queue est jaune et marron. Nous voyons aussi beaucoup de plantes et d'arbres utilisés à des fins médicinales, ainsi que de grandes feuilles utilisées pour cuire le poisson. Nous rentrons un peu après 17h, en passant par un endroit bien plus dégagé que d'habitude. Un toucan passe au dessus de nous, mais en le voyant un peu tard. Nous rammassons du bois (pas du petit bois, mais des troncs d'arbres secs, longs, et pas trop épais) pour faire du feu ce soir. Au camp, une boisson chaude et des bananes frites nous attendent.

 

Vers 19h, alors que la nuit est quasiment tombée, un groupe de 3 personnes, des français de 20 ans et un italien du même âge, arrivent, avec leur guide ("Jungle Man"). Nous dînons tous ensemble une demi-heure plus tard. Et à 20h30, nous partons faire une marche nocturne dans la forêt. Il fait un peu frais, et la "selva" n'est pas très bruyante. Nous reprenons une partie du chemin par lequel nous sommes rentrés un peu plus tôt, et tentons de ne pas faire de bruit. Tout est noir autour, à part le cercle lumineux créé par notre frontale. Cela fait bizarre. Audrey n'est pas rassurée. Malheureusement, il ne fait pas assez chaud pour que tout fourmille, ou que la forêt semble "vivante". Dommage. A la demande de Fred, nous cherchons des tarantules, et en trouvons deux ou trois sur les arbres, à demi-rentrées dans leur nid, sans pouvoir vraiment les voir dans toute leur splendeur, comme la première que nous avions vue. Nous nous arrêtons un peu plus loin dans un endroit dégagé, où nous nous asseyons, pour écouter les bruits de la jungle, comme ceux d'oiseaux au loin, ou d'animaux qui auraient pu venir et s'approcher (mammifères, reptiles, grenouilles étranges, ou autre...). Mais il fait froid, et l'expérience n'est pas aussi concluante qu'elle le pourrait. Le moment reste cependant agréable. Après une heure, nous rentrons. Nous avions préparé la moustiquaire et les duvets un peu plus tôt, et nous couchons, en rigolant avec Reynaldo, que nous surprenons, éclatant de rire, en faisant les cons tous ensemble. Buenas noches.

 

 

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sam.

10

août

2013

Apprendre à faire du feu sans rien en pleine forêt

Première étape

 

Prendre un bout de bois et passer la lame du couteau dans le sens de la longueur, pour obtenir de la sciure de bois, qui servira de combustible un peu plus tard. Idéalement, mettre une feuille de bananier, ou autre, pour récolter la sciure, qui sera fine et légère si possible, afin de faciliter l'embrasement.

 

 

Deuxième étape


Prendre un bout de bois relativement long et large, mais pas trop épais, et creuser un cercle de quelques milimètres de diamètre à côté du bord (sans faire un trou, juste creuser un peu le bois, sur un milimètre par exemple), dans lequel viendra se loger l'extrémité ronde d'un autre bout de bois que nous ferons tourner sur lui-même. Au niveau du creux ainsi créé, tailler une petite ouverture en triangle pour "ouvrir" le creux. Cela servira à la chaleur de s'échapper et d'être transmise au combustible juste en dessous.

 

 

Troisième étape 

 

Placer la sciure et les copeaux sur quelques bouts de bois, de manière à créer un foyer prêt à prendre feu sous l'effet de la chaleur. Placer ensuite le support (celui avec le creux et l'entaille triangulaire) juste au dessus de la sciure, en veillant à ne pas laisser trop d'espace entre les deux.

 

 

Quatrième étape


Poser son pied sur le support pour le maintenir solidement en place, et caler le grand bout de bois sur l'emplacement fabriqué précédemment sur ledit support. En plaçant une main de chaque coté, faire "rouler" le morceau de bois entre ses mains, en appuyant fort vers le bas pour creer le maximum de frottements et de chaleur près de la sciure. Insister. La clé est d'appuyer le plus fort possible. En posant sa main sur l'extrémité, celle-ci devrait être chaude, voire très chaude.

 

 

Cinquième étape


Continuer ainsi lorsque les premières fumées apparaissent, jusqu'à ce qu'elles deviennent épaisses et qu'il y en ait beaucoup. Souffler alors doucement sur la sciure, et recommencer l'étape 4. Au bout d'un moment (quelques minutes), la sciure - à condition qu'elle soit fine et légère - devrait rougir, et une petite braise devrait apparaitre. Rajouter alors de petits bouts de bois, et faire partir le feu en soufflant dessus pour l'attiser.

 

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sam.

10

août

2013

J8 - Al dentro de la selva

La nuit a été bonne, et la forêt plutôt silencieuse. Nous prenons un petit déjeuner à 8h, et partons en bateau de l'autre côté de la rivère à 9h20, après avoir choisi l'option N°2, celle d'aller voir une famille du coin. La seule occasion, même si nous craignions le côté "attention, les touristes arrivent" et le côté un peu voyeuriste de ce genre de chose. La crainte d'un contact biaisé, qui ressemble à une visite de zoo. Mais bon, cela n'a pas l'air d'être trop la manière de faire de Machaquipe. Nous traversons donc le fleuve, et marchons une grosse heure, à travers de hautes herbes, de bananiers ou d'autres plantes, dans un petit chemin qui s'enfonce visiblement assez loin. Lorsque nous arrivons, il n'y a personne. La famille de quatre ou cinq personnes est absente. Tant pis. Reynaldo nous montre néanmoins la machine à presser la canne à sucre, dont le jus est revendu à Rurrenabaque, tout comme les quelques légumes qui sont cultivés ici. La machine est en bois, loin de celles que nous avions vues dans les rue des grandes villes indiennes, mais utilisant le même principe d'extraction. Celui-ci consiste à faire passer une branche de canne à sucre (pas trop vieille pour que le jus ne soit pas alcoolisé) entre deux gros rondins de bois, agissant comme pressoir, le jus tombant dans un petit plan légèrement incliné pour terminer sa course dans le seau placé sous la goutière. Pour faire tourner les rondins, une grande poutre, qu'il faut faire tourner comme un moulin, est attachée autour d'un axe central. Entièrement construite à la main, une telle machine vaut dans les 400 euros. A quelques mètres, seule une bache servant d'abri est attachée à quelques piliers en bois, et abrite un lit et une moustiquaire, ainsi qu'une ou deux autre chose. C'est très sommaire, et nous nous demandons comment une famille peut vivre ici, car il n'y a absolument rien. Nous nous éloignons légèrement, pour rejoindre un champs de cannes à sucre, et goûter des morceaux que "Rey" découpe, à manger comme un gros morceau de pomme (la consistance est presque la même, en étant plus filandreuse). Nos machoires agissent comme des pressoirs, et nous recrachons ce qu'il reste, à savoir des fibres claires et fines. C'est bon. Quand la canne est marron, vieille ou jaune, elle est massérée, et le jus s'alcoolise. Il en prend une pour nous montrer, et effectivement, le morceau qui était si bon juste avant a cette fois-ci une odeur de vin. Notre guide arrache quelques plants, et nous retournons vers la machine, pour la faire fonctionner nous même, et boire le jus récolté, même si l'eau du fleuve, pas très claire, a été utilisée pour nettoyer grossièrement les rouages. La couleur du jus, une fois filtré, est kaki, et pas très appétissante. C'est pourtant bon, et tant pis nous buvons un peu d'eau du fleuve en même temps. Soyons roots après tout, nous ne sommes pas à Singapour ou à Tokyo.

 

Nous repartons en sens inverse vers 11h20. Reynaldo nous montre un nouveau type d'arbre, appelé "escalier du diable" à cause de sa liane en forme d'escalier, puis nous parle du "1er bosquet", celui qui est innondé pendant la saison des pluies, lorsque le fleuve monte de plusieurs mètres, où la végétation disparait avant de repousser quand l'eau se retire, et du "2ième bosquet", celui qui n'est jamais atteint par l'eau. Il y a 4 ans, le Rio Beni a méchamment débordé et la ville de Rurrenabaque fut complètement innondée. Nous rentrons vers 12h30, et déjeunons. Avant de partir pour le campement de ce soir, sac à dos sur les épaules, qui sera bien plus rustique, Reynaldo nous montre, après lui avoir demandé, comment faire du feu sans allumettes ni briquets. Opération réussie, juste avec des bouts de bois. Nous libérons notre "chambre" pour un autre groupe arrivant, et partons à 15h30.


Pour ce deuxième jour, nous entrons plus profondément dans la forêt, en allant vers le nord-ouest, accompagné d'un cuisinier, Darwin, un peu bizarre (bien différent de Reynaldo, apparemment peu interessé par la forêt, et au comportement peu adapté à notre aventure). La forêt devient plus dense, mais sans jamais l'être autant que nous pensions. Le chemin est en effet établi, et il n'est pas question de créer le notre, ou de camper n'importe où, d'une part pour ne pas détruire la forêt (c'est vrai qu'avec le nombre de groupes successifs...), et d'autre part pour ne pas mettre en danger les touristes (l'agence raisonne sur un profil de touriste "moyen", sans tenir compte de l'expérience des uns ou des autres ou de leur goût plus ou moins prononcé pour l'aventure). Il ne fait pas trop chaud, ni très beau, ce qui est un peu dommange, car les animaux sortent moins quand il fait frais. Nous nous arrêtons subitement plusieurs fois, quand Reynaldo entend un bruit, et tentons de voir les singes ou oiseaux, comme les singes "cappucinos" (dû à leur couleur), les singes "quatre yeux" (deux vrais, et deux dessinés sur le front, pour leur donner une apparence plus hostile) ou les singes-araignées d'hier, très rapides, sautant d'arbres en arbres. Nous arrivons un peu après 18h30, dans un campement sommaire, composé d'une bache tendue pour servir de toit, et d'une autre, au dessus d'une longue table en bois, où nous buvons une boisson chaude. Nous installons dans la foulée, car la nuit tombe, le tapis de sol, pas très épais, la moustiquaire et notre sac de couchage. Une autre bache bleue est posée sur le sol, dégagé de toutes feuilles ou autre mousse, pour ne laisser que la terre jaune toute nue. Nous dînons 20 minutes plud tard, correctement, et restons à discuter éclairés à la bougie jusqu'à 21h45. Un bruit s'est fait entendre, comme un sifflement, au loin. Reynaldo nous dit que c'est un jaguar. Drôle de bruit pour un jaguar, mais après tout, que connaissons-nous de la jungle ? Nous allons nous coucher, tous allongés ensemble sous la bache, chacun sous sa moustiquaire. La terre sera un peu dure à notre goût, et la nuit plutôt fraîche, et par conséquent, silencieuse

 

 

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ven.

09

août

2013

J7 - Welcome to the jungle

Sacs bouclés et affaires triées, nous partons de l'hôtel pour aller goûter les viennoiseries d'une boulangerie française, sommaire d'apparence, donnant directement sur la rue, sans chichi, typique des coins reculés, où quelques boliviens aident le français qui a ouvert le lieu. On s'installe sur le comptoir donnant sur le trottoir, et prenons des forces en savourant les pains au chocolat et beignets aux pommes, petits mais tendres et délicieux. Miam. Les deux anglais qui vont partir avec nous, Emma et Jamie, passent devant nous et se rendent à l'agence. Nous, nous repassons par l'hôtel, pour prendre nos affaires, puis faisons de même, en remontant la rue principale déjà animée. Il est 8h30 quand nous laissons une partie de notre package dans les locaux de l'agence Machaquipe, et rangeons le sac de couchage et le tapis de sol que l'on nous prête pour ces trois nuits. Dehors, il se met à pleuvoir à torrent. Du coup, tout le monde a droit à un poncho. Espèrons qu'il ne fasse quand même pas trop mauvais aujourd'hui et les jours prochains. Heureusement, la pluie se calme vite, mais laisse de grosses traces d'humidité dans l'air. Le ciel reste couvert. Au moins, nous n'aurons pas trop chaud.


Nous rencontrons Reynaldo, un bolivien d'une petite trentaine d'années, qui va nous servir de guide et nous en apprendre plus sur la "selva". Nous partons tous les cinq, en direction de la rivière toute proche, pour poser nos affaires sur un bateau long et étroit, en bois, afin de rejoindre l'autre bord du fleuve, et de pouvoir acheter les pass d'entrée du parc national Madidi. Jamie est excité (il est un peu bizarre néanmoins, mais marrant), il aimerait apprendre à fabriquer un abri naturel et dormir dedans ce soir ou demain. L'ambiance est bonne, et nous avons tous hâte de découvrir la jungle. Il est 9h15, le Rio Beni est d'une couleur terre, tout est vert autour, et nous partons pour 3h à remonter le fleuve, afin d'atteindre le premier campement, celui où nous dormirons ce soir. Le Rio Beni est un affluent de l'Amazone, qui est également abbreuvé par d'autres rivières, comme le Rio Ruichi, où nous irons naviguer, ou que nous longerons à pieds ces prochains jours. Le fleuve est calme, nous remontons le courant, et avons le temps d'admirer le paysage, et de nous imprégner des lieux. Reynaldo est réservé. D'autres bâteaux semblables au notre, ou de plus petites embarcations, passent régulièrement dans un sens ou dans un autre. Après une grosse heure, nous nous arrêtons sur l'un des bords à un check-point, pour valider notre pass. Nous rentrons véritablement dans le parc national. Un bruit étrange, très exotique, totalement nouveau se fait entendre. C'est un des oiseaux, plus précisément un perroquet, au dessus de nous, caché dans un arbre. Un bruit digne d'un film de science-fiction, long, qui roule, puissant, très étonnant. Il nous plaît bien ce bruit. Bienvenu dans la jungle. La végétation est luxuriante, les feuilles de certains arbres immenses, et les lianes épaisses. Il fait chaud (mais pas étouffant), humide, et ne pleut plus. Reynaldo nous explique que différentes communautés habitent de chaque côté du fleuve, en harmonie, et se partagent des parties de forêt. Nous reprenons le bateau, et à 11h50, arrivons au campement. Nous montons nos sacs, en remontant péniblement les marches en pierre, un peu nombreuses, permettant d'atteindre les trois ou quatre chambres en bois, grandes, construites au milieu de rien, sur un terrain où la végétation a été dégagée. C'est clean, et pas mal du tout. Dans chaque habitation, des moustiquaires sont installés au dessus des lits, et une petite commode permet de poser son sac. Il y a même un peu plus loin des douches communes, et un évier pour se laver les mains. Tout, à part cet évier, est en bois. Bref, c'est loin d'être sommaire, même si rien ne tranche par rapport au milieu naturel dans lequel nous sommes, et que tout se fond pour former un tout harmonieux. Un vrai éco-lodge en fait. De grands bananiers, et d'autres arbres, sont évidemment juste là, à côté. Nous retrouvons le même cri de perroquet que tout-à-l'heure. Nous rejoignons une grande hutte et nous asseyons à l'une des tables pour boire un thé ou un café, et retrouvons par hasard un couple d'anglais que nous avions croisé dans la guesthouse à Santiago, lors de la soirée "jeu", il y a plus d'un mois. 12h10, heure du déjeuner, préparé par un membre de Machaquipe, appartenant à la même communauté que Reynaldo, dans la cuisine à côté. Au menu, soupe, puis riz, poulet, et légumes, avec du jus de fruit. C'est bon, et copieux. Nous disposons ensuite d'une demi-heure pour nous reposer, et préparons un petit sac à dos, pour aller marcher quelques heures dans la forêt, et revenir ici. Reynaldo nous conseille de prendre une protection contre les moustiques. Enfin, nous allons pouvoir utiliser l'un des nombreux sprays, bracelets ou crème dont nous disposons, et dont nous ne nous sommes quasiment jamais servis depuis le départ. Nous choisissons de prendre ce que nous avons de mieux, la crème Odomos achetée en Inde. Il est 13h, et nous partons pour 3h.

 

La marche est sympa, facile, sur un chemin dejà ouvert. La forêt est un peu moins impressionnante que ce que nous avions en tête. Néanmoins, nous apprenons pas mal de choses, à propos par exemple des vertus bénéfiques de la sève de certains arbres (toxique dans certaines proportions), de certaines feuilles d'arbres (qui, machées ou infusées, apaisent des douleurs d'articulations par exemple), ou encore d'écorces spécifiques. Autre part, la sève d'un arbre peut être matisquée, comme du chewing-gum. Plus loin, en croisant une des nombreuses termitières géantes qui parsément les troncs d'arbre ou le sol, Reynaldo nous explique qu'en prenant un bout, et en y mettant le feu, la fumée permet de soigner certaines piqûres. Il nous montre les colonnies de fourmis, qui s'activent sur une centaine de mètres, à transporter de petits bouts de feuilles, pour former une colonne verte le long du chemin. A côté, ce sont d'autres fourmis, rouges ou non, dangereuses celle-ci, qui transportent une poche d'eau sous leur bouche. En continuant, nous entendons un cri d'oiseau, régulier, qui est celui du toucan. Dommage, nous ne parvenons pas à le voir. A un moment, Reynaldo se met à l'arrêt, et se met à imiter des bruits d'oiseaux, ou de singes, pour les attirer. C'est assez impressionant. Il s'arrête aussi régulièrement en entendant certains bruits, qui nous échappent, pour tenter de nous montrer certains animaux, comme des singes-araignées, là haut, un peu plus loin, qui font bouger les branches d'arbres et que nous apecevons brièvement, fuyant au bout d'un moment en sautant d'arbres en arbres. Il nous parle du Jaguar, maître incontesté de la jungle, avec le puma. Tout cela est très interessant, différent. certes, la partie de forêt où nous sommes n'est pas impraticable, ressemble assez à celle du Cambodge, ne paraît pas dangereuse, mais en étant attentif à tous ces bruits, ou en comprenant le rôle de certains arbres, et leurs effets thérapeuthiques, nous sommes tous deux d'accord pour dire que nous ne sommes pas dans une forêt qui ressemble à celles que nous connaissons. Reynaldo nous parle de son ressenti, de cette faune et de cette flore qui l'ont accompagné depuis son enfance, et nous dit que la forêt est mystérieuse. Il nous parle d'un arbre, l'un des plus gros et des plus vieux, dans un endroit reculé, où il est impossible de dormir à côté, à cause de visions et de cauchemars. Nous terminons la marche en discutant, ou en jouant à nous balancer le long de lianes interminables. Il n'y a pas énormément de lumière, car il ne fait pas très beau. Les verts se ressemblent donc.

 

De retour, nous faisons une pause pour boire un peu et avaler une banane, puis repartons, pour aller de l'autre côté du fleuve, pas très loin, et rejoindre après 20 minutes de marche au milieu de bananiers asséchés, en suivant un chemin plus escarpé et étroit que le précédent, un plan d'eau, pas très grand, où nous allons tenter de pêcher des piranahs. Ces derniers préfèrent en effet les eaux stagnantes, plutôt que les endroits où le courant est fort. Malheureusement, malgré les bouts de viande rouge que nous accrochons à nos hameçons, les multiples tentatives, le changement d'endroit pour essayer un autre point d'eau, nous n'en attraperons pas. Fred est déçu. Nous avons pourtant eu des touches, mais rien de très excitant, ni d'eau qui se met à boullir à cause de l'activité de ces poissons carnivores attirés par le sang de la viande, pour créer une effervescence effrayante vu du bord. Il doit bien y en avoir quelques uns, mais ils sont plutôt timides. Après, ce sont des poissons qui ne font que passer tout près de l'hameçon, très vite, en donnant un coup de dent pour arracher un petit bout. Ils sont donc difficiles à ferrer. Cela dit, c'est quand même un peu flippant de regarder ce plan d'eau verte, la végétation autour, de savoir que nous sommes dans la jungle et éloignés des habitations, en pleine nature tropicale, et de se dire qu'il doit y avoir des piranahs là dedans. D'où la déception de ne pas en avoir pris, pour les observer de plus près. Et ce ne sont pas les deux tortues qui se retrouvent avec l'hameçon pris dans la bouche qui vont nous consoler. Les pauvres. Jamie et Fred ont du mal à retirer l'hameçon, bien pris dans la lèvre inférieure. Nous appelons donc Reynaldo, parti pêcher avec un arc, pour nous aider. Une fois, puis un deuxième un quart d'heure plus tard. Nous restons une heure, et rentrons au crépuscule, accompagnés par des bruits étranges, provenant entre autres de gros oiseaux ressemblant à de la volaille. Il est 19h.

 

De retour au campement, nous plaçons notre moustiquaire. Il y a un peu d'électricité. Nous partons à trois chercher du bois, pas très loin, pour faire un feu, que nous allumons après avoir dîné (là encore, c'est copieux et bon). Bonne nouvelle, dans ce campement fixe, une bière est disponible, permettant de nouer contact avec le cuisinier, et d'en offrir une à Reynaldo. 20h15, les premières braises apparraissent. Nous discutons, éclairés seulement par les flammes, et entendons à un moment du bruit dans les arbres. Ce sont deux singes, que nous éclairons à la frontale, en réussissant à les distinguer à peu près. En continuant la dicussion, qui tourne autour de la forêt, Reynaldo s'en va, puis revient, afin de répondre à une question de Fred, concernant les araignées du coin. Il souhaite nous montrer une tarantule. Génial. C'est le bon moment, car ces araignées sont nocturnes. Nous faisons quelques dizaines de mètres, sans nous éloigner du campement, pour rejoindre une petite cabane semblable aux autres. Là, Reynaldo nous montre un nid, difficile à remarquer de prime abord, car niché entre différentes feuilles de babaniers servant pour le toit, et la tarantule, aux bouts des pattes orangés, à côté. Whou, une vraie, une de taille normale, dans son milieu naturel. Nous nous approchons, conscients néanmoins que ce genre de bêtes peut sauter et faire des bonds assez grands. Reynaldo nous dit qu'il n'y a rien a craindre, qu'elle ne réagira négativement que si nous tentons de l'écraser, et qu'elle utilisera d'abord ses poils urticants (qui ne le sont pas à cet instant) avant de mordre. C'est en tous cas une belle bête, assez impressionnante. Il nous propose de la prendre pour nous la poser sur le bras ou la figure, mais nous préférons pour le moment nous habituer à sa présence. Nous verrons demain, même si Fred hésite. Dommage, car nous n'en reverrons pas comme cela, aussi "disponible". Juste à côté, Il nous montre un autre nid, bien plus visible, sur un tronc d'arbre. En se penchant pour regarder dans l'orifice large de six ou sept centimètres, nous apercevons une autre tarantule à l'intérieur. C'est qu'il y en a bien plus que nous pensions dans le coin ! Mais avec les explications de Reynaldo, et en ayant vu sa connaissance de la forêt et son calme, la présence de ces espèces tropicales, qui font tant travailler l'imaginaire, est un peu dédramatisée. En tous cas, voilà bien quelque chose qui participe à l'ambiance "jungle" dans laquelle nous sommes. Il est 22h, il se met à pleuvoir un peu, et nous ne tardons pas à nous coucher, en dessous de quelques cafards rouges vifs, après avoir rigolé un peu avec notre guide, et en ayant le sentiment de mieux se connaître, et de s'apprécier.

 

 

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jeu.

08

août

2013

J6 - Going green

Ce matin, bonne nouvelle, Travel Nation nous a répondu, et c'est bon, nos vols sont décalés comme nous le souhaitions. Cela nous fera quelques jours en moins aux USA, mais ce n'est pas une grosse affaire. Quelle rapidité et efficacité. Ils sont top. Du coup, nous passons toute la matinée à organiser notre séjour dans la jungle. Car ça y est, nous avons décidé d'y aller depuis la Bolivie, et plus exactement la ville de Rurrenabaque, plus au nord du pays, celle d'où partent toutes les expéditions. Nous aurions pu y aller depuis le Pérou, et les villes d'Iquitos ou Puerto Maldonado, mais d'après ce que nous avons lu, c'est à partir d'ici que c'est le mieux. Bon, après, ca doit se ressembler, mais puisque nous avons le choix. Et nous devons partir aujourd'hui, pour pouvoir commencer l'expédition demain matin. Nous regardons du coup plus en détail les offres disponibles, allons sur les sites de Machaquipe et Fletcha Tour, deux agences recommandées par les membres de Voyage Forum, un site incontournable pour nous depuis que nous organisons notre voyage, et les joignons de nouveau par Internet pour en savoir plus, notamment sur l'offre 4j/3nuits de Machaquipe, et le prix. Nous pourrions aussi aller dans la Pampa, une sorte de marais géant où l'on se déplace en bateau pour voir des dauphins roses d'eau douce ou chercher des anacondas géants, mais nous préférons aller dans la jungle pour voir des insectes, des singes, et pêcher les piranahs. Nous lisons également les commentaires disponibles, regardons ce dont nous allons avoir besoin, et organisons tout ça. Pour tout vous dire, nous avons un peu peur, car notre imaginaire travaille. Allez dans la jungle amazonienne, ca veut dire pour nous faire face à de multiples dangers, des fourmis rouges aux essaims d'insectes volants en passant par des mille-pattes venimeux, rencontrer peut-être des serpents en s'accrochant à une liane pour s'amuser, déranger des animaux ou des insectes qui sont chez eux, ne pas pouvoir dormir à cause du concert bruyant de la nuit, marcher des heures par une chaleur infernale et humide au milieu d'une végétation dense... bref, on va pas dans La Beauce, et allons être dans un environnement que nous ne connaissons pas (sauf un peu avec la balade dans la forêt cambodgienne), très particulier, qui nous a toujours un peu effrayé, avec l'envie d'aller voir, sachant que l'occasion est unique en étant là, en Bolivie, et qu'il est si facile de l'organiser, de prendre un vol, et d'y être.

 

L'heure tourne, nous parvenons à échanger avec l'agence en question (on vous passe les détails et du temps que cela prend, entre la connexion difficile, exaspérante, et une erreur de date, attendre leur confirmation que nous sommes bien inscrits avant de pouvoir réserver notre vol...), et apprenons que nous ne pouvons réserver notre avion par internet, à cause du délai de 24h obligatoire. Il reste aussi notre sac à faire, sans vraiment savoir quoi prendre (sac de couchage par exemple). Devant partir cet après-midi, nous sommes du coup un peu speed, nerveux, et cela devient une course contre la montre. Après être sortis pour aller vérifier si nous pouvions prendre notre vol dans une agence, s'être pris la tête, avoir géré un certain nombre de petits détails dont il faut s'occuper, en fait, nous concluons que nous sommes fatigués, vu l'enchaînement des dernières longues journées, entre Uyuni, Potosi, les trajets inconfortables en bus, notre crêve qui n'est pas terminée, ne pas savoir où nous dormons chaque soir et de quoi le lendemain est fait, aviser en temps réel, les sacs à porter suite à la côte d'Audrey, le stress et la vigilance liés aux anecdotes entendues, racontées ou lues sur la sécurité en Amérique Latine, ou d'autres petites choses. On est la tête dans le guidon depuis trois jours, et le timing est serré. Ambiance tour du monde, quoi. A cela s'ajoute le retard sur le site, que nous ne souhaitons pas trop laisser s'accumuler (trop de boulot sinon), impliquant de rattraper tout ça à un moment, et de devoir prendre du temps pour écrire les cinq ou six articles de retard une fois rentrés, sans parler du "Best Of Chili" (35 jours de photos !), toujours pas fait (nous les faisons en cours de route, car cela prendra beaucoup trop de temps une fois rentrés en France, où nous aurons bien d'autre choses à faire...comme le "best of vidéos" de tous les pays !), que nous devons faire avant de partir pour le Pérou, afin de pouvoir le copier sur l'autre disque dur et le double-sauvegarder. Tout ça fait partie du voyage, à alterner entre les moments détendus et d'autres plus stress, moins organisés. Nous relativisons cependant après une demi-heure, en sachant que les coups de bourre valent le coup, que cela nous est déjà arrivé et fait partie d'un tel voyage, de nos exigences, et que, c'est sûr, nous trouverons toujours une solution pour faire les choses. Et tant pis si le site, les photos et les vidéos, ne seront mis à jour que dans 3 semaines. On n'espère pas que cela arrivera, mais après tout, ce ne sera pas une grosse affaire. Juste un peu plus de boulot.

 

Allez, 13h, nous repartons près de la grande place dans l'agence de tout-à-l'heure pour réserver notre billet pour cet après-midi, dans 3 heures exactement. Pendant que Fred va retirer de l'argent (difficilement, à cause de montants limités par retrait), car tout se paye en liquide, Audrey discute avec le jeune assis derrière le comptoir, et apprend par exemple qu'ici, on vit chez ses parents jusqu'au mariage. 13h30, nous retournons manger un bout au mexicain d'hier. Nous verrons bien où nous dormirons ce soir une fois sur place, à Rurrenabaque, aux portes de la forêt. Nous réfléchissons aussi au retour, dans quatre jours, et au fait de prendre ce jour là un bus, le 13, pour nous rendre directement à Copacabana (pas celle du Brésil) et Isla del Sol, notre prochaine destination, sur le lac Titicaca. Mais non, mieux vaudra dormir ce soir là ici, et partir le lendemain. Nous serons peut-être fatigués, et serons contents de ne pas encore enchaîner immédiatement avec autre chose, sans temps mort. Nous réservons du coup une nuit pour le 13 août. Manger nous permet de nous poser un peu. Et de retrouver des forces. Nous sommes excités. On réalise que nous partons dans quelques heures pour la jungle, la vraie. Que va-t-on voir ? Comment va-t-on se sentir ? La jungle est-elle différente du Cambodge ? Est-ce la vraie amazonie ? Une multitude de questions traversent notre esprit, avant ce départ pour ce nouvel inconnu.

 

A 16h30, l'avion décolle. 19 petites places, un couloir central et une rangée de sièges de chaque côté. Les portes du cockpit sont ouvertes. Un avion plus petit que celui pris au Népal. Et le vol de 35 minutes bien plus mouvementé. Nous quittons les montagnes, passons difficilement au dessus des nuages, nous cramponnons à nos accoudoirs plusieurs fois après quelques trous d'airs et rafales de vents, entendons une sirène sonner par intermittence dans le cockpit, ou des passagers pousser parfois un ou deux cris, puis repassons sous la couverture nuageuse, pour découvrir un tapis vert, qui apparaît et recouvre absolument tout, comme dans les films. La forêt paraît immense, et s'étend à perte de vue. Impressionnant, et si différent. L'avion atterit, puis rejoint la baraque servant de terminal en roulant sur une piste en terre. Un vol mouvementé, mais sûrement plus sûr que la "route de la Mort", aujourd'hui heureusement fermée que les touristes prenaient il y a quelques années pour rejoindre en bus Puerto Maldonado, au Pérou (voir check http://voyageforum.com/discussion/perou-bus-mort-entre-cuzco-puerto-maldonado-d1713653/ et http://voyageforum.com/...o;page=unread#unread pour des récits hauts en couleur). Une autre "route de la mort" existe ici, qu'il est possible d'emprunter à vélo, en étant au moins aux commandes de la vitesse et de la trajectoire. Quelque jours plus tard, nous apprendrons que, le surlendemain, un bus allant de La Paz à Rurrenabaque est tombé de la falaise et a fait une trentaine de morts. Chaud.

 

Rurrenabaque, nord de la Bolivie. 32°C, humidité importante. Souvenirs du Cambodge qui reviennent immédiatement. On se croirait projeter de nouveau là-bas. On s'attend à voir des visages asiatiques. Mêmes couleurs. Même végétation. Mêmes bananiers géants. Même atmosphère, où le village a essayé de se faire une place dans la végétation. Ca fait drôle. Nous réalisons que nous aimons ces ambiances, ce climat, et cette végétation foisonnante, immense, démesurée. Et c'est un plaisir que de retrouver des émotions et sensations d'il y a six mois, sans prévenir, tel un rappel de choses déjà vécues. Les Galapagos devraient être bien aussi, comme un rappel de la Polynésie aux plongées magnifiques (sans le décor toutefois). Nous rencontrons dans le minibus qui nous conduit en centre ville deux jeunes anglais, en couple, et deux hollandais. Nous allons tous au même hôtel, le Santa Ana, proposé par le chauffeur, et bien moins cher que celui que nous avions vagement en tête. Nous dormirons pour 3,5 euros par personne, avec salle de bain commune. Ca a du bon quand même les pays pas chers. Surtout en fin de voyage (bon, les Galapagos, ca va être l'opposé, mais bon). Et dire qu'en Australie, c'était le prix d'un yahourt au supermarché. Nous déposons nos affaires, et partons voir l'agence Machaquipe, avec qui nous règlons le paiement et les derniers détails. Ici aussi, c'est un enfer pour retirer de l'argent. Obliger d'effectuer 8 retraits pour retirer les 350 euros (à deux) que nous coûtent les 4 jours dans la jungle (guide, et nourriture compris). Les gens sont ici sympas. On se sent bien. Il fait toujours chaud et moite. De petites montagnes, entièrement tapissées de vert foncé, entourent une partie du village, où circulent comme en Asie de nombreuses motos et scooters. Le couple d'anglais arrive, et partira contre toutes attentes avec nous demain. Cool. Nous n'avons en revanche pas beaucoup d'explications sur les 4 jours que nous allons vivre. Nous comprenons que la première nuit sera dans des bâtiments en bois au milieu de la forêt, après 3 heures de bateau sur le fleuve, que nous nous enfoncerons un peu plus le lendemain, et dormirons cette fois à même le sol avec un tapis de protection et une moustiquaire, tout comme la nuit suivante. Nous effectuerons une boucle de 4 jours, qui commencera et se terminera en bateau, irons pêcher (piranahs ou autres poissons) si nous souhaitons, ferons une sortie de nuit dans la jungle (car c'est à ce moment que la vie explose), et rentrerons sur un radeau que nous construirons nous même. L'agence est certifiée éco-tourisme (mais que cela signifie-t-il réellement, en voyant tant d'autres indiquer aussi cette certification ?) et est tenue par une communauté indigène. Nous comprendrons cela dit en discutant les jours à venir qu'elle procède différemment des autres, que les lodges en bois de la première nuit sont à l'écart des autres agences, que tout est régit familialement, et que nous avons affaire à quelque chose de bien authentique et respectueux de la "selva" (la forêt). Nous comprenons aussi que nous allons devoir porter nos affaires, et qu'il va donc falloir enlever des choses que nous avons prises, et les laisser à l'agence dans notre sur-sac, pour prendre le moins possible. Nous rentrons du coup pour vider notre sac et faire du tri, une bière fraiche à la main. A vrai dire, une fois dans la chambre, nous hésitons entre celle qui nous paraissent nécéssaires et les autres (notamment l'ordinateur, que nous décidons finalement d'emporter), et avons du mal à faire notre choix, notamment à cause des vols dans les sacs déposés plusieurs jours dans ce type de séjour. Une fille rencontrée il y a deux semaines nous a raconté que les types avaient eu le temps de trouver le code du cadenas pendant les 3 jours où elle était partie dans la jungle. Vu sous cet angle, effectivement. L'agence nous a conseillé de laisser nos affaires chez eux plutôt qu'à l'hôtel. Nous suivrons demain leur conseil, estimant que leur risque de réputation en cas de vol est plus important que celui de l'hôtel où nous dormons. Il fait toujours très moite. Nous craignions que notre peau blanche bien tendre soit assailli par les moustiques et autres insectes volants. Ce sera bien le cas, mais pas forcément demain.

 

Nous terminons la journée en allant au Mosquito Bar, juste à côté, rejoindre les anglais et les hollandais qui nous avaient donné rendez-vous, pour manger un bout, profiter des cocktails à 2 euros et des Coronas à 1,5 euros, dans un décor boisé et végétal, qui ressemble d'après Audrey au restaurant de l'attraction "Pirates des Caraîbes" à Eurodisney. L'ambiance est bonne, et encore une fois, nous aimons ces endroits tropicaux et les lieux qui vont avec. L'impression d'être loin, autre part, à l'autre bout du monde.

 

 

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mer.

07

août

2013

J5 - La Paz

La nuit s'est globalement bien passée, malgré une ou deux frayeurs au début, et les ronflements de notre voisin de droite. Ca n'a pas été la nuit du siècle, mais on a pu dormir. Arrivée à La Paz avec presque une heure de retard. Contrairement aux compagnies de bus que nous avions prises au Chili, il n'y a pas de petit-déjeuner. En arrivant dans la capitale bolivienne, que nous surplombons avec les premiers rayons de soleil, et le ciel rose au niveau des crêtes des montagnes, nous sommes scotchés par l'allure de la cité : une ville nichée en plein coeur de la montagne, des milliers de maisons roses qui tapissent complètement les différents flancs autour de la "vallée", et donnent une allure de mégalopole qui ne serait pas plane, mais en trois dimensions. L'effet est saisissant, d'autant que le car arrive par l'autoroute du haut, et suit la route qui descend doucement en longeant un des versants, en pénetrant peu à peu dans la ville. On dirait qu'elle est accrochée aux parois d'une cuve. Nous sommes à 3650m. Il est 7h30.


Dans la gare routière, située en plein centre ville, nous prenons un taxi conventionné, comme le conseille le Lonely Planet, pour rejoindre notre auberge, Arthy's guesthouse, où nous avons réservé une chambre hier sur Internet. Il y a pas mal d'agitation, de circulation, de bruit. Ca change du désert. 1 euro plus tard, nous arrivons à bon port, dans la rue Montes, l'artère principale. Le gérant, Mauricio, nous donne notre chambre, et nous nous installons pour trier des photos et vidéos, puisqu'apparemment, internet fonctionne jusqu'à l'étage où nous sommes (cela ne durera pas longtemps). Cela prend finalement plus de temps que prévu (faut dire qu'il y a un paquet de photos à trier et à sélectionner pour le site), mais la journée ne fait que commencer. Nous descendons prendre un petit déjeuner, notamment pour nous connecter à la toile, en s'apercevant que le réseau est d'une lenteur incroyable. Ce n'est pas ici que nous allons pouvoir télécharger des choses sur le site, c'est sûr. Nous réfléchissons aussi au programme des prochains jours, nous demandons si nous allons dans la jungle à partir de la Bolivie, ou si nous attendons le Pérou, et envoyons un mail à l'agence à Londres pour demander de décaler de quelques jours nos prochains vols, par peur de ne pas avoir assez de temps pour tout faire (notamment un séjour dans la jungle) avant notre vol pour rejoindre l'Equateur. Cela prend en tout quatre bonnes heures, sachant que notre interlocutrice habituelle est en vacances, que nous essayons d'en trouver une autre parlant français sur leur site, parvenons à lui envoyer un mail (les temps de chargement sont interminables), car normalement, nous devrions prendre l'avion dans 10 jours. Une petite douche dans la salle de bain commune, et nous voilà prêts pour aller nous balader et découvrir la ville.


12h30, nous partons dans le centre, en direction d'un restaurant mexicain aperçu sur un prospectus du bureau de la guesthouse. Ici, la circulation est une grande pagaille, ça klaxonne, ça éjecte de grosses fumées noires, de petits vans s'arrêtent partout pour prendre des gens au passage, les trottoirs sont remplis de vendeurs de lunettes, de bonbons, ou d'accessoires inutiles, voire de DVDs ou de jeux vidéos piratés. Nous faisons attention à nos poches, mais contrairement à ce que nous craignions, nous ne nous sentons pas en danger. Nous arrivons après cinq minutes sur une grande place, et passons devant l'église San Francisco, puis remontons une rue commerçante, plus étroite, très pentue, indiquée sur notre plan par Mauricio. Les agences de voyage pour de courts séjours dans la jungle ou la pampa foisonnent, comme les boutiques d'artisanat, vendant vêtements colorés en laine, bonnets et autres souvenirs pour touristes (dont certains, immanquables, vous feront bien rire... vous verrez quand nous rentrerons). De nombreux magasins de musique sont aussi présents, vendant guitares classiques et Charangos, des sortes de guitare miniature à 5 double-cordes, au son très joli (quand on sait en jouer). Nous avons du mal à monter ces rues obliques, et l'altitude se fait sentir. Ici, ça monte et ça descend sans arrêt. Nous traînons comme cela un petit bout de temps, et profitons de ces moments à flâner, qui changent des visites et des activités des derniers jours. Nous trouvons notre restaurant mexicain, puis repartons à pieds dans une autre direction, vers un autre endroit de la ville, en repassant devant l'église de tout-à-l'heure. Tiens, deux personnes déguisées en zèbre font la circulation. Marrant, et totalement inattendu. Les mêmes petites échoppes bordent les trottoirs. Certains ont installé une télé et diffusent des clips locaux un peu kitsch. Fred cherche un magasin de guitares électriques indiqué par un commerçant, et nous empruntons une rue, toujours aussi pentue et animée, à la chaussée étroite et pavée. Nous tombons sur la place Murillo, celle où se trouve entre autre le palais présidentiel. N'étant pas loin du Mirador Kili Kili, permettant de voir l'intégralité de la ville, nous décidons de le rejoindre. Au moins, ce sera fait. La vue est soi-disant impressionnante, mais pour l'instant, c'est plus la montée qui l'est. Nous demandons notre chemin une ou deux fois, et discutons avec un bolivien un peu agé quelques instants. Les environs sont un peu moins fréquentés, à part lorsque des écoliers sortent d'une porte qui est en fait une école de musique. Là-haut, la vue est belle. Nous retrouvons l'impression de ce matin, et pouvons cette fois-ci prendre notre temps pour observer cette ville rose et dense, avec en arrière-plan les montagnes couvertes de steppes, ou parfois, pour les points les plus hauts, de neige. Cela fait drôle de se dire que nous sommes à plus de 3500m, au milieu des sommets, et qu'ici vivent 1,642 millions d'habitants, dans ce décor que nous n'avions pas imaginé. Sur notre gauche, nous apercevons le stade Hernando Siles, et entendons les supporters. Nous apercevons aussi un grand nuage de poussière et de terre qui est en train de se rapprocher de là-bas, sortant d'une vallée pour se diriger vers la ville, qu'il a déjà partiellement rejoint. Il est encore loin, mais vu ses proportions et le vent qui est en train de se lever, nous nous disons qu'il vaut mieux repartir et resdescendre. Nous accélérons donc pour aller nous protéger, mais devons nous arrêter et trouver refuge dans une petite ruelle, en attendant que les rafales qui nous ont maintenant rejointes se calment. La lumière baisse un peu, il fait plus froid, et la poussière et la terre envahissent les rues, nous obligeant à plisser les yeux. En fait, en regardant en bas vers le centre, c'est toute la ville qui est balayée par ce vent infernal. En outre, les travaux dans la rue d'à côté n'aident pas. Un phénomène impressionant et inédit pour nous, car de telles tempêtes de sable/terre n'existent pas dans nos contrées. Au bout d'un moment, nous tentons notre chance et resdecendons au pas de course vers la rue principale, dont le nom a changé dans cette partie de la ville. Il est 17h40 environ. Nous rentrons à pieds à la guesthouse 20 minutes plus tard, passons du temps sur l'ordinateur, et choisissons où aller dîner.

 

A 20h30, nous attendons notre taxi pour aller dans un restaurant français, "Chez moustache", apparemment sympathique d'après Trip Advisor. Après avoir fait quelques recherches sur les hauts lieux gastronomiques de La Paz, nous avons hésité à aller chez Gustu, le nouveau restaurant de Claus Meyer, connu pour avoir ouvert le restaurant Noma - aujourd'hui classé Meilleur Restaurant du Monde - et qui vient de choisir La Paz pour son nouveau restaurant, expliquant qu'il était le seul à oser ouvrir un restaurant gastronomique en Bolivie et qu'il souhaitait ouvrir de nouvelles portes, mais nous n'avons pas été emballé par ce que nous avons lu, en ayant plus l'impression que le paquet cadeau l'emportait sur le contenu de l'asiette. Nous ne saurons jamais si nous avons perdu une occasion, mais avons aussi en tête notre budget, qui commence à prendre un peu plus d'importance alors que la fin de notre voyage se rapproche doucement, et qu'il reste encore un arrêt de deux mois qui va coûter un peu, aux Etats-Unis. En partant pour le restaurant, la montagne est remplie de points lumineux, qui sont autant d'habitations. L'effet de nuit est aussi joli que celui de jour. Nous mettons plus d'une demi-heure à arriver, car le taxi ne connaît pas la route, et semble avoir du mal à trouver. A 21h10, après que Fred se soit assuré que le restaurant soit bien ouvert et pas complet et qu'Audrey ait gardé le taxi au cas où nous devrions faire demi-tour, nous sommes accueillis par Frank, le chef, qui nous offre après une demi-minute un kir, et qui nous resservira pendant que nous parlerons et ferons connaissance, jusqu'à ce que la bouteille de blanc soit vide. Sympa. Lui a beaucoup voyagé, a vécu à San Francisco (il nous donne une ou deux adresses pour bien manger là-bas), et nous parle de la Bolivie, en répondant à nos questions sur Evo Morales (qui s'en met apparemment plein les poches) ou sur les problèmes récents suite au refus du gouvernement de laisser l'avion de Morales se poser en France. Nous rencontrerons après le repas, en prenant un café (offert par Franck, qui ajoutera avec notre accord un peu d'alcool pour le transformer en digestif), trois amis à lui travaillant à l'ambassade, nous expliquant que le gouvernement français a fait une "bourde", en se trompant d'avion, que ce fut une erreur humaine lourde de conséquences, que l'histoire de Snowden n'a été qu'un prétexte pour masquer cette "faute de débutants", et que Morales a surfé sur la vague et s'en est admirablement servi politiquement en Bolivie. Bref, le repas est agréable, façon bistrot français. Un bon moment, qui commence et se termine bien, à discuter avec des français expatriés et connaissant le pays, bon vivants, autour du bar de l'entrée. Nous avons commandé un taxi, et lui donnons 1 euro pour qu'il patiente le temps de prendre ce fameux digestif et terminer la discussion. Nous devons en effet partir, car notre guesthouse ferme les portes à minuit. Il est 23h20. Nous arrivons 30 minutes plus tard, et allons nous endormir, sans véritablement savoir ce que nous ferons demain. Espèrons que l'agence de Londres nous aura répondu, tout comme les quelques agences à qui nous avons écrit pour aller dans la jungle, depuis la ville de Rurrenabaque, qu'il faudra alors rejoindre en avion. Ciao.

 

 

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mar.

06

août

2013

J4 - Les mines infernales de Potosi

La nuit aurait dû être longue, manque de pot, elle est écourtée par une fanfare qui se met à jouer à 6h du matin et passe dans la rue juste en dessous pendant 10 bonnes minutes. On réussit quand même à se rendormir, et nous levons deux bonnes heures plus tard, pour prendre le petit déjeuner au même étage, où nous nous installons à côté de quelques militaires et d'autres touristes. Nous packons nos affaires, et les déposons dans la locker's room du rez-de-chaussée, car le retour de la visite de la mine est prévu pour le début d'après-midi, bien après l'heure du check-out. Dommage, on se serait bien passé de devoir refaire nos sacs à cette heure et de devoir les descendre, alors que nous sommes un poil en retard. Pas grave nous dit la personne en bas, car nous devons attendre un petit quart d'heure quelque chose qui nous échappe.


Allez, nous partons à pieds à 9h15, en compagnie de la personne tenant le bureau dans lequel nous avons réservé hier la visite, et marchons vingt minutes dans les rues de la ville, à prendre un autre chemin que celui d'hier soir, à cause du défilé de ce matin, qui empêche les choses de tourner comme d'habitude. Il fait beau, et nous sommes curieux de découvrir cette fameuse mine, apparemment si spéciale. Le Lonely Planet met d'ailleurs en garde les lecteurs contre les risques encourus, sachant qu'il n'y a aucune norme de sécurité à l'intérieur, que les mineurs mènent leur (dure) vie sans se soucier des visiteurs, passent à côté de vous en poussant des chariots remplis de minerai dans des couloirs d'un petit mètre de large, font exploser des blocs sans prévenir, et que de fines particules de minerais trainent en permanence dans l'air, et s'infiltrent dans les poumons, expliquant que 60% des mineurs ont un cancer après 10 à 14 ans de travail à l'intérieur de la mine. Les conditions d'exploitation n'ont en effet pas évolué depuis 300 ans, lorsque les espagnols tiraient encore une grande partie de leur richesse de cette mine. Aujourd'hui, les filons sont presque épuisés, mais de nombreux habitants de la ville travaillent ici, et la mine y est toujours la principale source de revenus. Les mineurs la détiennent, et sont organisés en coopératives. Le revenu de chacun est uniquement déterminé par la quantité de minerai extrait, ce qui explique que la plupart travaillent 10 à 14h par jour dans ces galeries non éclairées, avec pour seuls outils un marteau et un burin, ainsi que quelques bâtons de dynamite lorsqu'ils peuvent se les payer. Bref, ici, Germinal est toujours d'actualité. Nous arrivons enfin au minivan qui va nous emmener à l'entrée de la mine, et rencontrons Helena, de l'agence "Amigos de Bolivia", recommandée par des espagnols croisés à San Pedro, et qui va nous servir de guide. Le hasard fait bien les choses, car nous ne savions pas que l'hôtel passait par cette agence pour les tours qu'il propose. En marchant vers un magasin où nous allons acheter deux ou trois choses pour les mineurs (une tradition, qui veut que les touristes aident les mineurs en leur apportant à boire, de la dynamite, des cigarettes, ou autres...), Helena nous parle de la ville, de la mauvaise distribution des richesses, des huit familles qui tiennent l'économie locale, des difficultés sociales, ainsi que du président Evo Morales. Un discours qui nous semble un peu forcé, ultra socialiste, mais qui a probablement ses raisons d'être dans ce pays particulièrement pauvre et corrompu, où la lutte des classes est une notion qui a encore un peu de réalité (mais est aussi clairement entretenue à des fins politiques par le pouvoir), et dans cette ville où les conditions de travail datent en effet d'un autre temps. Dans les rues, nous croisons toujours ces femmes habillées traditionnellement, partout, aux visages typés. Nous avons l'impression d'être bien imprégnés par le pays, et la culture andine. Tout cela n'a rien à voir avec le Chili. Nous passons par le magasin, et achetons quatre boissons énergisantes. Helena nous montre la dynamite utilisée, et nous explique comment elle fonctionne. Nous aurions aussi pu acheter des feuilles de coca, ou d'autres choses listées ci-dessus. Des magasins vendant du matériel pour mineurs parsèment les rues autour. Nous avons un peu l'impression d'aller au zoo et de nous préparer pour cela. Mais nous le savions, cela fait partie de la chose.


En compagnie d'autres touristes, le minivan nous emmène autre part pour enfiler une salopette protectrice et une paire de bottes, et récupérer un casque et la petite lumière accrochée au dessus. Puis nous partons sur les hauteurs de la ville, offrant du coup une belle vue, et rejoignons une des entrées de la mine, située bien sûr sur les flancs de la montagne qui surplombe Potosi. Nous arrivons au milieu d'une terre aride, rose, et passons au milieu d'anciennes habitations en pierre, très basses, qui servent aux mineurs pour se changer. Des wagons ou chariots en métal trainent un peu partout. Du sang de lamas a été jeté sur les murs, près de l'entrée, afin de favoriser la chance. Nous avons enfilé nos habits protecteurs, et sommes prêts à entrer dans ce tunnel haut et large d'un mètre cinquante, à suivre les rails par terre, en marchant dans des flaques ou des zones un peu innondées et en s'éloignant peu à peu de cette entrée de lumière qui devient un point au loin après cinq bonnes minutes. Nous entendons des gouttes d'eau tomber par terre, et s'écraser dans l'eau stagnante. Seule la lumière de notre frontale éclaire les quelques mètres devant nous. Nous marchons courbés, parfois accroupis, pour avancer, et suivre Helena. Le chemin a été creusé à la main. Les parois ne sont jamais régulières, et découvrent leur couleur jaune, rouge, ou turquoise lorsque nous éclairons celles sur nos côtés, pour être quasiment le nez dessus tellement le couloir est étroit. Il vaut mieux ne pas être claustrophobe. Nous ne sommes que 3, puisque les autres touristes sont partis avec un autre guide. Par terre, toujours ces rails, enfoncés dans la terre, plus ou moins recouverts d'eau. 800 mineurs travaillent ici. Mais aujourd'hui, nous n'en verrons qu'un, à cause de la fête nationale. Celui-ci nous dépasse, et grimpe à mains nues sur la paroi, une dizaine de mètres plus haut, à travers un autre corridor qui part sur la droite. Son territoire, qu'il a ouvert lui-même, pensant suivre, à tort ou à raison, un filon exploitable. Il n'a qu'un burin, un casque, et un marteau. Helena lui indique que nous avons laissé une boisson énergisante à son attention à nos pieds. Ici, les notions de distances ou de temps perdent leur sens. Dans le noir, dans ces tunnels sans visibilité, plus adaptés aux nains qu'aux personnes de taille normale, à passer dans des nuages de poussières, impossible de savoir l'heure qu'il est. Vous êtes dans la montagne, en son coeur. Nous continuons, bifurquons, passons sous des ouvertures où les cales de bois servent à maintenir la structure rocheuse, et d'où tombent fréquemment des gravas, prêts à être emportés par les chariots qui circulent (sauf aujourd'hui... dommage pour nous), poussées par deux hommes à l'arrière, et deux devant utilisant une corde pour le tirer jusqu'à la sortie. Nous repensons à la mine d'opale aujourd'hui transformée en musée que nous avions visitée en Australie, qui nous avait elle-même fait penser aux mines d'or des siècles passés. Aujourd'hui, tout cela est une réalité, et nous l'avons devant nos yeux. Helena nous emmène dans un passage étroit, où nous devons nous allonger pour passer. Inutile de parler de la poussière de roche qui forme un nuage devant nous, soulevée par notre passage. A croire que nous faisons de la spéléologie. Nous prenons quelques photos, et découvrons grâce au flash (qui éclaire tout en même temps) certains détails, qui nous échappent à cause de la faiblesse du rayon lumineux de notre torche qui nous sert de repère. Nous avançons presque à tâtons, en baladant notre tête pour nous faire une idée de ce qui nous entoure, sans jamais avoir une vision globale de l'endroit où nous sommes. Nous tombons à un moment sur une statue, qui fait presque peur dans le noir, découverte par ce rayon lumineux qui n'en dévoile qu'une partie (contrairement à la photo et au flash qui permet d'en voir l'intégralité). C'est en fait un dieu inventé par les espagnols pour contrôler les mineurs (c'est toujours commode), utiliser leurs croyances de l'époque à l'avantage du colonisateur, et se déresponsabiliser des malheurs qui pouvaient arriver dans la mine. Bref, du connu, et de l'efficace dans l'histoire de l'humanité. Aujourd'hui, ce dieu est toujours présent. Des sacrifices, auparavant humains, mais aujourd'hui d'animaux, sont effectués en l'honneur de la montagne, et de la Pacha Mama. Un squelette d'animal en décomposition est d'ailleurs à une trentaine de centimètres de nous, lorsque nous nous asseyons pour faire une pause et écouter Helena nous parler de l'histoire de la mine. Tout cela ressemble un peu à un lieu vaudou, ou quelque chose du genre. Nous continuons, reprenons notre marche, toujours aussi courbés. A un croisement, où quelques grands sacs ont été laissés par des mineurs, nous laissons les autres boissons énergisantes, qui leur serviront quand ils reviendront demain ou après-demain. Nous arrivons, comme tout-à-l'heure, sur une sorte de hall, au carrefour de plusieurs chemins. En regardant de plus près, la roche est rouge, partout. Bizarre. Parfois, des filons jaunes, ou une poussière turquoise puis blanche apparait, sans savoir ce que cela est. Néanmoins, et contrairement à ce que nous pensions, c'est principalement du zinc qui est extrait ici. On se croirait dans un décor de film hollywoodien, sauf que tout cela est une réalité, notamment pour ceux qui travaillent malheureusement ici, parfois dès quinze ans, et tentent de nourrir leurs proches. Enfin, nous retrouvons l'entrée de la mine, sous forme d'un rond blanc, qui grossit, se rapproche. Nous ressortons, éblouis par la lumière du jour. Nous soufflons un bon coup. Nous partageons nos impressions, et discutons avec Helena, qui nous explique que certains mineurs n'apprécient pas la présence de touristes. Un débat qui nous semble légitime. Nous attendons un peu, et remontons dans le minibus pour rentrer en centre-ville. Sur le chemin, Helena nous demande de lui traduire des phrases espagnoles en français, qu'elle note sur un calepin, voire sur son bras, pour les ré-utiliser avec des touristes français, et les apprendre dès aujourd'hui. Dans quelques temps, elle pourra faire des tours en français, une langue dont elle a déjà quelques bases sommaires. Des détails, mais quelque chose visiblement de très important pour elle. Nous étions ces dernier jours dans l'Altiplano et sa nature pure, et aujourd'hui totalement autre part, à faire quelque chose qui n'a rien à voir. Joie du voyage et de l'aventure.


Après avoir rendu les habits de protection, nous sommes laissés à l'agence Amigos de Bolivia. Le défilé militaire n'est pas terminé, ce qui nous permet d'en profiter un peu. Plutôt que de rentrer à l'hôtel, nous profitons d'être là pour aller déjeuner, au même endroit qu'hier soir, sur la place. Nous mettons une heure à être servi, alors qu'il n'y a pas tant de clients que ça dans le restaurant. Au moins, les crêpes salées sont bonnes. Nous ressortons à 15h45, et nous arrêtons dans différentes agences de voyage (souvent, comme toujours dans les pays pauvres, un petit local agencé avec quelques posters et un bureau) pour connaitre les prix et les horaires des bus partant ce soir pour La Paz. La bonne idée, c'est de retourner voir Helena chez Amigo de Bolivia. Renseignements pris, c'est bon, nous prenons nos billets pour le car de 20h. Il faudra simplement repasser pour les récupérer vers 18h. Audrey, comme souvent, verse sa petite larme en quittant Helena, qui, c'est vrai, a été très gentille. Nous retournons à l'hôtel, achetons un paquet de mouchoirs qui sert immédiatement, et nous rendons compte que nous sommes tous les deux un peu malades. L'apogée d'une petite crêve, rien de bien méchant. Dans le hall, nous nous installons à côté de touristes anglais regardant un film pour écrire un article, et il est rapidement 18h30. Nous retournons à l'agence, sans beaucoup de pêche et un peu fatigués (l'altitude assèche les muqueuses en plus), à monter ces rues pentues. Le car partira finalement à 21h. Tant mieux, car cela nous laisse du coup un peu de temps pour manger un bout. Nous passons dans le marché central, retrouvons les rues d'hier, et achetons quelques gâteaux. C'est que nous avons quand même un peu plus de 10h de bus cette nuit.


19h30, la nuit est tombée, et il fait frais. Nous sommes toujours un peu fatigués, sans parler du fait qu'il est préférable qu'Audrey ne porte pas son sac. Sans motivation, nous nous installons dans un fast food de poulet grillé, après avoir tergiversé sur où aller, sans être inspirés par grand chose. On choisit donc la facilité et la rapidité. Pour 5 euros chacun, nous avons droit à un quart de poulet et des frites, juste à côté de l'hôtel. Une heure après, la réceptionniste nous appelle un taxi, et nous voilà partis pour le Nuevo Terminal. Nous n'osons pas dire au chauffeur, jeune, que nous sommes en tour du monde pour un an, lorsqu'il nous demande pour combien de temps nous voyageons. 20h40, nous enregistrons les bagages, dans ce grand hall circulaire où toutes les compagnies de bus ont un guichet. On nous demande de rejoindre le bus par une autre porte (alors qu'il y en a une derrière le guichet), où il faut en fait payer pour rejoindre le "quai". Certes 40 centimes, mais l'idée nous déplait, surtout quand nous voyons finalement d'autres touristes passer par la porte derrière le guichet. Une affaire vite oubliée.


21h10, après avoir vérifié que nos sacs soient bien dans la soute, nous prenons nos places "cama". Le bus est aussi confortable que ceux pris au Chili. Un film (archi nul) est diffusé. Nous nous endormons difficilement. Vers minuit, le bus fait un arrêt, et deux femmes du pays, plus que typiques avec châle, jupe, jupon, chapeau et gros sac coloré transportant de la bouffe s'assoient maladroitement derrière nous. Arrivée prévue demain matin vers 6h. Le trajet va réserver quelques frayeurs, notamment quand le bus dérape un peu sur le bord de la route (sans savoir si nous sommes à côté d'une falaise ou non, à cause de la nuit), et que quelques cris émergent tous en même temps des passagers, touristes ou boliviens confondus. Bref, nous serons contents d'être arrivés, sachant que les routes de cette région du monde sont parmis les plus dangeureuses.

 

 

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lun.

05

août

2013

J3 - Salar de Uyuni

Départ difficile à 5h du matin, encore tout endormis, sans avoir mangé, assis dans le 4x4 qui roule sous le ciel noir et étoilé. On ne sait pas vraiment dans quelle direction nous allons, et faisons confiance à Alberto pour nous emmener dans le plus grand désert de sel au monde, le Salar de Uyuni. 10 000km² de sel à 3600m d'altitude, une épaisseur de 2 à 100m selon les endroits, formé il y a 10 000 ans, contenant les plus grandes réserves de lithium au monde, l'endroit est recouvert par une couche d'eau d'une dizaine de centimètres entre décembre et avril, lui donnant l'aspect d'un gigantesque miroir (une pub Air France y a d'ailleurs été tournée). L'idée est d'arriver pour le lever de soleil. Nous roulons depuis une bonne demi-heure quand d'un coup, alors qu'il fait encore bien sombre et qu'il n'est pas possible de vraiment distinguer ce qu'il y a devant nous, notre chauffeur éteint les phares de la voiture. Certes, il y a un petit trait lumineux sur l'horizon, sur notre droite, mais cela n'éclaire rien. En fait, nous comprenons rapidement que ca y est, nous sommes dans un endroit complètement plat, et que rien ne peut arrêter la voiutre, nous faire sortir d'une route qui n'existe pas, ou créer un quelconque accident. Dans ce désert plat et blanc (mais nous ne le voyons pas encore), nous pouvons rouler où nous voulons. Nous nous dirigeons vers "l'Ile de l'Inca" (Incahuasi), un bout de terre complètement isolé, émergeant au milieu du désert, sur lequel nous allons monter pour observer le soleil se lever. Nous mettons une demi-heure supplémentaire pour la rejoindre. Désormais, il fait jour, même si les premiers rayons n'ont pas encore percés. Sur le trajet, une autre voiture roule à la même vitesse que nous, décalée d'une quinzaine de mètres derrière, et à ving ou trente mètres sur notre droite, pour former une sorte de tandem traçant au milieu de rien.

 

Nous arrivons vers 6h10, et sommes loin d'être les seuls. Plusieurs véhicules sont garés, pour venir comme nous admirer l'aube. Nous faisons la queue pour prendre notre ticket d'entrée (oui, il y a une petite cabane appliquant un droit d'enrée), et montons pendant un bon quart d'heure les nombreuses marches permettant de rejoindre le sommet de ce monticule haut d'une cinquantaine de mètres, envahi par les cactus, dont certains ont 900 ans. Un décor un peu fou, improbable, au milieu d'une plaine blanche, avec des montagnes à l'horizon. La ville d'Uyuni est à 70km d'ici. Nous sommes un peu esssouflés en arrivant en haut, malgré les arrêts pour regarder les cactus sur le chemin, qui semblent avoir poussé comme des champignons. Il fait froid, très froid même. Nous trouvons tous les 6 une place pour faire face au soleil, qui se lève quelques minutes après. Réverbération oblige, nous enfilons tous nos lunettes, et prenons de nombreuses photos. L'endroit se vide rapidement, et nous sommes presque les derniers à descendre. C'est beau, et plus le soleil monte, plus le blanc tout autour vient frapper nos rétines et découvrir son immensité. Tout est plat et blanc. Quelques voitures arrivant ou repartant donnent une idée des échelles, impossibles à deviner dans cet espace surréaliste. Parfois ont lieu ici des courses de voitures, lors de la fête d'Uyuni. Il est 7h30.

 

Alberto a éloigné un peu la voiture de l'île, et préparé un petit déjeuner, que nous prenons à une centaine de mètres de là. Des tas de sel, bien que jamais très hauts, sont formés ci et là, comme si cela était du sable. Nous regardons à l'horizon et essayons de mesurer des distances sans succès. L'appareil photo donne du sien. Nous repartons vers 8h20, pour rouler vers Uyuni, l'endroit qui terminera nos 3 jours de road trip. Mais avant, arrêt obligatoire au milieu du désert, avec cette fois-ci aucun repère, afin de nous amuser à faire des photos seulement possible dans ce genre d'endroits où le cerveau perd la notion de distances, et jouer avec les illusions d'optique. Alberto, sur le chemin, en roulant dans cette immensité blanche et plane (cela fait vraiment bizarre d'être complètement entourés de blanc), nous explique la signification du drapeau bolivien, dont les couleurs sont le rouge, le jaune et le vert. La première représente le sang (perdu à la guerre), la seconde le minéral exploité dans le pays, et la troisième la jungle.

 

Une heure après avoir roulé toujours dans la même direction, nous nous arrêtons. Nous aurions pu nous arrêter avant, ou après, cela n'aurait rien changé tant tout est pareil depuis un bout de temps. Par terre, des dalles octogonales de sel d'une trentaine de centimètres recouvrent la surface, à perte de vue. On y est. Nous avions vu des images, mais cette fois-ci, c'est nous qui sommes là. Du sel, partout, toujours, avec cette petite croute qui forme ce dallage. Nous prenons des photos, et nous amusons pendant trois quarts d'heure à faire des photos de groupe, en utilisant l'absence de repère pour créer des effets d'optique, en s'y reprenant souvent à plusieurs reprises. Une voiture passe à 500m, seul point noir sur ce tapis blanc. Nous marchons, nous éloignons, courons, revenons, nous accroupissons pour regarder la formation de sodium. C'est fou, et génial. Un endroit unique, à la hauteur de ce que nous pensions. Nous ramassons quelques cristaux, dont nous nous servirons pour cuisiner plus tard. Puis, à 10h30, nous repartons. Après avoir terminé de traverser cette immensité, nous arrivons presque au bord, dans un hôtel de sel, sans grand intêret puisque nous avons passé la nuit dans un endroit similaire. Nous n'y restons donc pas longtemps. Nous faisons une deuxième pause 15 minutes plus tard dans la mine de sel locale, où des tas de sel tapissent le sol, nous rapellant les mines d'opale de Coober Peedy, en Australie, bien que les couleurs soient différentes. Nous profitons de cet arrêt pour déjeuner sur le pouce, car il est 11h10. La fin du voyage arrive. La ville d'Uyuni, là où se termine notre aventure, est à quelques kilomètres, toute proche, juste à la limite du désert de sel. Derrière, la couleur sable a en effet repris ses droits. Nous repartons une demi-heure plus tard. Sur le chemin, un ou deux mirages semblent prendre forme en regardant à l'horizon, sous la forme de montagnes ovales qui n'auraient pas de base. Il y a bien des montagnes, mais l'humidité et la courbure de la terre changent leur forme. Nous passons à côté de nombreux hôtels en contruction suite au prochain passage du Dakar en janvier 2014. Alberto y voit là un facteur de développement, grâce aux routes qui vont etre construites. Il prend aussi conscience, en nous posant des questions, que cela va permettre au monde de voir le désert de sel, et donc attirer indirectement de nouveaux touristes.

 

A Uyuni, nous faisons un dernier arrêt dans un cimetière de trains, où une dizaine de vieilles locomotives à vapeur sont laissées à l'abandon. Ce sont en fait celles des premiers trains de Bolivie, transportant vers 1870 les minerais locaux vers les ports du Chili, comme Antofagasta. Dans la ville, vivant en grande partie du tourisme, nous découvrons les premières zones habitées du pays. C'est pauvre, les rues sont larges, les habitations basses. Il fait chaud. Surprise, il y a beaucoup de monde, et tous les enfants, nombreux, sont vétus de costumes traditionnels. Nous apprenons en effet que demain, c'est la fête nationale. Et aujourd'hui, c'est celle des enfants. C'est donc une ville animée, mais dans laquelle nous ne comptons pas rester, que nous découvrons. Nous faisons une pause le temps d'aller retirer de l'argent, à quelques rues de là où Alberto a garé la voiture, et en profitons pour observer cette effervescence. Puis vient le temps des adieux, et celui de trouver un bus pour rejoindre Potosi, une ville bien plus grande. Audrey, Antoine et Clément gardent les sacs sur le trottoir pendant que les autres vont se renseigner sur ceux disponibles pour rejoindre l'étape suivante. Une, puis deux agences, nous permettent de trouver ce que nous cherchons. Nos amis vont vers La Paz. Par chance, un bus part pour Potosi dans 10 minutes, nous laissant peu de temps pour nous dire au revoir. Il n'est en effet pas très utile de rester ici, d'après les dires d'Alberto et d'autres personnes croisées au Chili, car la ville n'a pas d'intêret, et il n'y a rien à faire. C'est d'ailleurs bien notre impression à première vue. Nous sautons donc dans ce bus local, où nous sommes les seuls occidentaux. Faisant bien attention à nos affaires, nous nous installons, et partons. Le trajet va durer 4 heures et dix minutes. Le décor change complètement. Une seule route passe par là, traversant des montagnes de faible altitude recouvertes de cactus, dans une terre aride et jaune. Une autre sorte de désert vallonné différent finalement. Cela fait bizarre, nous ne nous attendions pas à cela, mais sommes agréablement surpris par ce contraste. Le bus s'arrête régulièrement, pour prendre des gens sur le chemin, alors qu'il ne devait s'arrêter qu'une seule fois. Nous hésitons à descendre à chaque fois pour surveiller nos sacs dans la soute, mais y renonçons. Question de feeling. En fait, nous nous sentons transportés vers autre chose, de complètement différent. Voilà trois jours que nous n'avons vu presque personne, et nous voilà dans une ville et dans un bus fréquentés et animés. Il faisait froid, et nous avons maintenant chaud. Les couleurs étaient variées, elles sont maintenant uniformes et différentes. Excellent, et brutal.

 

Nous arrivons à 17h30 à Potosi. Une ville importante, et elle aussi animée. Bienvenue en Bolivie. La gare routière ne nous inspire pas, sûrement à cause de toutes les histoires et mises en garde que nous avons entendues. N'ayant aucune idée de où dormir ce soir, nous interpellons un voyageur de notre style pour lui demander conseil. Nous avons bien une guesthouse en tête, mais il ne la connait pas. Cherchant un peu de confort, et espérant avoir Internet, nous décidons du coup de suivre son conseil, et d'aller dans un hôtel de meilleure qualité, même si un peu plus cher (mais abordable, nous sommes en Bolivie), en prenant un taxi qu'un commerçant local nous appelle. Il paraît qu'il faut se méfier des faux taxis ici, mais tout va bien. Nous arrivons du coup à l'hôtel Jérusalem, en centre-ville, et posons nos affaires au troisième étage. C'est drôle, car Fred, qui monte le sac d'Audrey, est un peu essoufflé après avoir monté les escaliers. C'est normal, car nous sommes ici à 4000m d'altitude, même si le décor, en dehors des montagnes à la terre jaune, ne le laisse pas penser. La chambre est confortable, et nous avons une douche privée. Dommage que l'eau ne soit quasiment pas chaude, ou si peu de temps. Quoiqu'il en soit, se poser fait du bien. En bas, nous nous renseignons sur les manières de visiter la mine. Nous sommes en effet là pour ça. Nous pouvons réserver une visite pour demain matin, ou aller faire un tour en ville pour voir ce que propose les autres agences. Souhaitant enchainer les choses au plus vite, étant un peu fatigués après s'être levés tôt et avoir fait pas mal de choses aujourd'hui, nous cédons à la facilité et, après un petit moment de reflexion, réservons pour demain matin (nous pourrons donc sûrement partir pour La Paz dans la foulée, et prendre un bus de nuit du coup). La bonne et la mauvaise nouvelle, c'est que demain, c'est la fête nationale. Les mineurs ne seront donc peut-être pas tous là, et l'activité de la mine probablement restreinte. En revanche, cela nous permet d'assister aux défilés lorsque nous allons nous balader dans les rues autour de la place centrale quelques instants après. Nous traversons un marché, le "mercado gremiak" où plusieurs petits stands de nourriture sont installés, dans une sorte de souk, passons devant la Casa de la Moneda, devant la cathédrale (petite mais jolie), et tombons sur la place centrale, où un monument aux morts est érigé au milieu. La nuit tombe, mais cela n'empêche pas la ville d'être animée. Il y a pas mal de monde, et de tous les âges. Les femmes agées sont toutes habillées d'un châle, de collants, et d'un chapeau, dans un style bien caractéristique de cette région andine. Impossible de se tromper de continent. Une scène est installée, prête à recevoir les officiels. C'est qu'après-demain, Evo Morales sera ici, car Potosi est cette année LA ville de la fête nationale (cela change chaque année). Nous réfléchissons du coup à rester un jour de plus pour être là, et être témoins de cet évènement d'envergure, à observer comment les choses se passent, et comprendre la culture et la manière de vivre du coin (nous resterons finalement sur notre plan intial, pour ne pas perdre de temps, car il nous reste beaucoup de choses à faire avant notre vol pour l'Equateur dans 2 semaines). Nous marchons dans les rues, nombreuses, parfois pentues, étroites, en gardant une main dans notre poche pour faire attention à l'appareil photo, que nous sortons discrètement de temps en temps pour voler quelques instants. Puis, arrivant sur un petit carrefour en redescendant vers l'hôtel, nous tombons sur le défilé. Des gens semblent attendre le passage d'officiels politiques ou de militaires depuis des heures, assis sur un petit tabouret ou sur le trottoir. Les forces militaires de différentes villes passent devant nous (Sucre, Potosi, armée navale...). Certains portent un hélicoptère miniature sur le dos, indiquant leur appartenance à un corps spécial. Une, puis deux fanfares passent. Dans les tournant, les hommes, fiers, tentent de rester alignés, même s'il reste pas mal de progrès à faire. Des gens applaudissent. Nous restons vingt minutes à regarder tout cela. Puis croisons en continuant vers l'hôtel le défilé des associations de la ville (gymnastes, danseurs...). Il fait un peu froid, et la crève de Fred, qui n'est pas très en forme, bien présente. Nous ne nous éternisons donc pas, et rentrons nous poser un peu, avant de ressortir pour dîner dans un café un peu sympa sur la place (et donc de nouveau être au milieu des festivités et de l'agitation locale), où nous attendons très longtemps les pâtes (délicieuses) que nous avons commandées. 23h, il fait froid, nous retournons dans notre chambre non chauffée, et nous endormons très vite, sac de couchage déplié au dessus des couvertures, le paquet de mouchoirs à portée de main.

 

 

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dim.

04

août

2013

J2 - Altiplano bolivien... Sud Lipez

Réveil aux aurores avec un groupe d'un dortoir du bâtiment qui part à 5h, comme nous le ferons demain, et qui ne fait pas dans la dentelle. Déjà que la nuit n'a pas été très bonne. Après s'être rendormis un peu, nous nous levons pour de bon à 8h, prenons un petit déjeuner, et partons à 8h40. Fred a une crêve grandissante et Audrey a un peu mal aux côtes. Chargement de sacs sur le toit du 4x4, et c'est parti en direction des lagunes colorées d'hier (celles toutes rouges), qui sont bien ternes en ce début de journée (comme le guide l'explique, sans comprendre bien pourquoi). Nous passons à côté de quelques maisons, appartenant à la Compagnie Nationale d'Electricité (ENDE), et après une petite heure arrivons à "Arbol de Piedra", une grosse pierre volcanique au milieu du désert de sable, sculptée par le vent et l'érosion. Nous faisons une petite pause, passons une vingtaine de minutes, et repartons. Sur la route, toujours dans ces plaines désolées, nous discutons avec Alberto, au volant, de Evo Morales, le président bolivien, élu depuis 8 ans (2 mandats), très apprécié en Bolivie, et qui sera sûrement ré-élu en 2014. La vision ici est qu'il a fait beaucoup de choses (école obligatoire et gratuite jusqu'au collège...), même si nous ne parlons pas du financement de ces réformes. En outre, il est indigène Quechua, ce qui compte. Nous discutons d'autres choses, comme des "apacheta", ces petits monticules de pierres bien connus des randonneurs, qui servent dans la culture inca à baliser les chemins ou indiquer des zones interdites. Le problème est que les touristes construisent de leur côté de nouveaux monticules (comme au Népal par exemple) et troublent donc les pistes. Enfin, les deux grandes religions ici sont le catholicisme et l'evangelisme. Sur la route, il nous propose de brancher nos téléphones pour mettre de la musique. Nous voilà quelques instants plus tard à chanter du Balavoine, du France Gall ou du Cabrel tous ensemble, pendant près d'une heure. C'est assez drôle et inattendu dans l'endroit où nous sommes : le désert de Siloli, du nom d'une montagne toute proche, que nous traversons. Une zone importante dans les relations politiques avec le Chili, à cause de problème d'eau.

 

A 11h, nous arrivons aux lagunas altiplanicas, une série de lagunes successives, que nous rejoignons à chaque fois en voiture, et qui sont toutes très belles. Nous marchons un peu le long de la première (laguna Honda), retrouvons comme hier cette bordure blanche et jaune de terre spongieuse et de touffe d'herbes, avec quelques flamands roses au milieu. Nous tentons de nous approcher, mais nos pieds s'enfoncent dans la vase. La seconde est à 10 minutes de là (Laguna Chiarcota). Un viscacha (un lapin à queue d'écureuil) est assis sur un rocher, immobile, nous permettant d'en observer un pour la première fois. A 11h40, nous arrivons à la Laguna Hedionda, aux couleurs blanches (à cause du borax), bleues, et par moments soufrées. Un arrêt qui mérite le détour, avec le lac au pied d'un volcan, le reflet de ce dernier dans l'eau par endroit, le mélange des couleurs, et surtout les centaines de flamands roses tantôt regroupés, tantôt dispersés, dont la couleur rose tranche avec le reste. Nous restons une bonne demi-heure, à longer la rive, à observer ces oiseaux dont la présence est si étrange à cette altitude, à prendre des photos, et tout simplement à nous ressourcer dans ce décor fabuleux. Ne pouvant déjeuner sur place, nous repartons, et après 30 minutes de voiture, nous arrivons à la quatrième lagune, la laguna Canapa ("cagnapa"), blanche, où nous nous installons pour déjeuner sommairement, debouts, en utilisant le coffre du véhicule comme table, face à deux volcans, à côté d'un groupe de vicugnas, perdu au milieu de cette étendue jaune, contrairement aux autres lagunes où la terre était plutôt volcanique ou sableuse. Le "Pastel de papa" (une sorte de hachis parmentiers) et la salade de crudités font bien l'affaire. Les photos parlent mieux que les mots.

 

13h10, nous repartons. Nous laissons plusieurs autres lagunes derrière nous, la plupart asséchées, blanches, nous permettant de rouler dessus sans difficulté. Pendant la période des pluies, en décembre et janvier, ces endroits sont normalement impraticables. Puis nous arrivons à un point de vue, celui du volcan Ollague, le seul actif dans la région, dont la dernière éruption date de 1970, et marquant la frontière avec le Chili. Il est impressionant par sa taille, que nous découvrons bien avant d'arriver, niché entre deux versants peu élevés droit devant nous. Sur place, la végétation a disparu, et le paysage rappelle certains westerns connus. La terre est rouge, volcanique, aride, mélangée à du sable. Nous sommes toujours au dessus de 4000m d'altitude. Apparemment, pas mal de scorpions habitent par ici, mais Fred et Clément n'en trouvent aucun après avoir pourtant soulevé un bon nombre de pierre, et s'être un peu éloigné sur le côté opposé à la route. Bizarre des scorpions à 4000 quand même. Mais bon. Cela aurait été sympa d'en voir un ou deux. Il n'y a pas grand monde dans le coin, nous sommes quasiment seuls, et l'arrêt est un peu long. Cela dit, quelle variété de décors aujourd'hui ! Alberto nous montre une mousse verte qui pousse sur les rochers, à l'aspect doux mais pourtant très dur, ainsi que la "quenua" ("quegnua"), un arbuste de l'altiplano bolivien. Sur le bord de la route, quelques lamas se baladent sans se soucier de notre présence. Au fond, très loin, nous apercevons le Salar de Chiguana, un désert de sel en formation (où l'épaisseur de la couche de sodium n'est que de quelques centimètres à certains endroits), alimenté par le Salar de Uyuni grâce à des courants d'eau quand ce dernier est immergé. Nous repartons, roulons, roulons encore, puis le rejoignons. Nous sommes tous silencieux, et un peu endormis dans la voiture. Sur place, nous sommes sur une grande étendue blanche, sur laquelle nous avons roulé un petite demi-heure. Une ligne de chemin de fer le traverse, reliant Atacama à Uyuni. Après une petite balade à observer le sol et goûter pour voir s'il est bien en sel, nous remontons dans la voiture, et Alberto prend quelques feuilles de coca, qu'il jette par terre, en offrande à la Terre Créatrice, la "Pacha Mama". Il est 15h40.

 

Nous passons par un village fantôme, avec son cimetière et ses maisons délabrées, où est maintenant installée une base militaire. 40 minutes passent, nous passons sous les 4000m, et nous arrivons au pueblo de San Juan, sorti de nulle part, où 70 familles vivent de l'agriculture (pomme de terre et quinoa principalement), où les maisons sont faîtes de briques blanches et beiges, et où les cactus servent à étendre le linge. Tout en conduisant, Alberto nous montre sur le versant d'en face des fondations incas et pré-incas. Nous ne nous arrêtons pas dans ce village, puisque personne ne souhaite acheter quelque chose. La montre de Fred indique quelques temps après 3700m, et nous arrivons à 17h là où nous dormons ce soir, dans une batisse aux briques blanches, surplombant une partie du désert dont une route trace vers l'horizon, et qui semble plutôt confortable. Nous avons d'ailleurs le luxe de dormir dans une chambre double, et non en dortoir comme hier. L'endroit est en fait un hôtel de sel, et construit quasi-entièrement en sel. C'est assez étrange, et effectivement, en s'approchant des murs (dans les chambres, dans la salle principale, aux toilettes...), les cristaux de sel apparaissent. L'endroit n'est en revanche pas très bien isolé, et nous avons un peu froid, comme hier, dès que la nuit tombe. Presque seuls dans cet endroit, pour notre dernière nuit, nous nous installons autour d'une table, prenons une douche (même si tout le monde n'aura pas la chance d'avoir de l'eau, froide ou chaude), parlons voyage, jouons à des jeux semblables à ceux d'hier, et dînons tranquillement, avec de nouveau une bouteille de vin apportée par notre guide. Un bon moment, d'autant que nous nous connaissons tous assez bien désormais. Il est 19h30, continuons sur notre lancée jusqu'à 22h30, ne manquons pas de saisir notre chance d'être dans un désert et en altitude pour aller regarder dans le froid le superbe ciel étoilé une fois toutes les lumières éteintes (avec un au Népal et un autre en Australie, un des plus beaux ciels que nous ayons pu voir), et allons tous nous coucher à 22h30. Réveil très tôt demain, à 5h, pour aller voir le soleil se lever dans un endroit tant attendu, le célèbre et impressionnant Salar de Uyuni. Un endroit incroyable qui a rapidement fait partie des endroits indispensables où aller quand nous avons préparé notre tour du monde.

 

 

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sam.

03

août

2013

J1 - Road trip sur l'Altiplano... c'est parti

Bye bye Chile, hello Bolivia. Départ de la guesthouse à 7h45, quand le minivan vient nous chercher alors que nous attendons dehors avec nos sacs prêts à être chargés. Il fait beau, mais un peu frais. Personne dans la petite rue en terre, à part un autre voyageur attendant comme nous une navette. Avant de rejoindre la frontière avec la Bolivie, nous passons chercher 4 français, avec qui nous allons passer les trois prochains jours. On espère qu'ils vont être sympas. Quand Clément, Antoine, Max et Clémence montent, dix minutes plus tard, nous sommes soulagés. Les deux premiers sont en tour du monde, celui d'après est un de leur pote qui les a rejoints, et Clémence une étudiante qui les a rencontrés il y a quelques jours et a décidé de les suivre pour visiter l'Altiplano bolivien. Ils ont l'air sympa et marrants. Ca devrait donc bien se passer.

 

Direction la frontière, derrière les montagnes qui entourent la ville. Nous mettons 20 grosses minutes à la rejoindre, en prenant un peu d'altitude, et en ayant une belle vue sur le désert d'Atacama, que nous laissons derrière nous, en roulant sur la seule route coupant au milieu de rien, dans un paysage semblable à celui des derniers jours. C'est un peu fou quand même ce décor. Nous allons nous faire la même réflexion, sans le savoir, d'ici à notre arrivée à Uyuni, en Bolivie, dans trois jours. Une superbe aventure est en train de commencer. Mais pour l'instant, tout le monde est silencieux, à terminer sa nuit. Le chauffeur salue de la main, d'un geste bref, une petite statue catholique en bord de route, sans que personne ne le remarque. Nous nous dirigeons vers un nouveau pays. Au bout de la route, un poste frontière semblable à ceux empruntés en Argentine. Nous descendons, faisons la queue en attendant que notre passeport soit tamponné. La route continue à filer vers le désert. Nous remplissons un document administratif, et attendons de pouvoir repartir. Une heure passe. Une autre demi-heure passe, sans savoir ce qu'il en est. Nous attendons dans le minibus, à discuter et à faire connaissance. Notre premier sentiment est confirmé, ils sont sympas. Enfin, nous pouvons partir, après être allés demander si tout allait bien (mais oui, il fallait juste attendre on ne sait quoi...). Nous mettons une heure de plus à atteindre le poste frontière bolivien. Pour y arriver, nous continuons à parcourir cette route, qui tourne autour du volcan Lycancabur (celui que nous voyions de San Pedro), s'en rapproche, file au milieu de cette nature dépouillée, en montant peu à peu jusqu'à 4400m, où deux barraques servent de poste frontière. L'altitude ne se fait pas sentir, mais l'absence de végétation et le sol rocailleux sont caractéristiques de ces hauteurs. Le vent est fort, et la température a baissé. C'est le moment où nous changeons de véhicule, découvrons notre 4x4 "Dakar" et faisons connaissance avec notre chauffeur, Alberto. Nous présentons de nouveau notre passeport à l'homme chargé de nous laisser entrer en territoire bolivien, qui demande aux résidents américains de payer une petite somme supplémentaire sans comprendre pourquoi. Nous aidons Alberto, debout sur le toit du Land Cruiser à attacher nos bagages, et partons. Audrey est devant, trois personnes juste derrière, et deux autres sur les sièges du fond. L'aventure peut commencer.

 

Pendant deux jours et demi, nous allons parcourir le parc national Edouardo Abaroa (7 147 km²) en roulant à travers l'Altiplano bolivien souvent sans routes dessinées, à prendre des chemins invisibles et hasardeux faits de terre, de cailloux, de graviers, de sable ou de sel, à rouler pendant des heures, avec des arrêts réguliers sur des points de vue superbes, qui vont tous être différents dans leur style et leurs couleurs. Nous n'allons pas rencontrer beaucoup de monde. Parfois, un ou deux 4x4 dégagent une traînée de poussière au loin, entre deux sommets, volcans, ou milieu de grandes étendues plus ou moins planes, mais toujours désertiques. D'autres fois, ce sont ces même véhicules qui nous suivront, ou avec qui nous partagerons une dizaine de minutes, à rouler en tandem, séparés d'une vingtaine de mètres, dans une ambiance de rally, sécoués par l'aspérité de la piste, ou par les chemins escarpés que seul un tout-terrain peut prendre. Par moments, la neige ou la glace obligeront Alberto à faire de grands détours pour trouver une manière de passer et de poursuivre vers le refuge de ce soir, ou celui de demain. Nous serons toujours entre 3800m et 4900m. Les décors vont régulièrement changer, et alterner entre lacs verts ou bleus, piste en rocaille ou en terre cuite, sommets sombres et enneigés ou aux couleurs rouges et beiges, terrains vallonés ou plaines immensément plates...

 

L'Altiplano (plaine d'altitude) est, après le Tibet, la plus haute région habitée du monde. Situé entre l'Argentine, le Chili, le Pérou et la Bolivie, la majeure partie se situe dans ce dernier pays. Crêtes montagneuses de volcans actifs, sommets chauves, steppe où les arbres sont inexistants, troupeaux épars de vicugnas, touffes blondes d'herbe sèche et dure balayée par des rafales de vent, ou mer de cailloux sombres formant des plaines désolées... voilà à quoi ressemble notre décor. Solitude et silence, tels pourraient être les maîtres-mots de cette région que nous découvrons. Abritant des richesse minières que les espagnols se sont appropriées en réduisant à l'esclavage des dizaines de milliers d'indiens, il ne reste aujourd'hui rien de tout cela, sauf à Potosi (notre prochaine destination), ville la plus peuplée du continent au 17ième après Mexico, et première source de richesse des espagnols à l'époque. Les mines de cette ville, surnommées "les boutiques de l'enfer", ont vu périr 8 millions de vies à cause des conditions d'extraction, qui n'ont pas changé en 300 ans. Nous espérons pouvoir les visiter dans quelques jours, au risque - selon le Lonely Planet - de respirer quelques particules nocives, et sans aucune règles de sécurité à l'intérieur de la mine.


Il ne fait pas très chaud, autour de 12°C, à cause du vent, qui souffle fort aujourd'hui. Nous n'avons pas de difficulté à respirer. Pour prévenir un éventuel mal des montagnes, nos amis machent quelquefois des feuilles de coca, en les coinçant contre la joue, pour libérer la substance qui permet de lutter contre l'altitude. Audrey essaie. Après quelques minutes de routes à travers ce "rien", nous arrivons dans un petit regroupement de maison servant d'entrée dans le parc national. Nous payons le droit d'entrée, 15 euros par personne, et nous installons dans une pièce adjacente pour prendre un petit-déjeuner, que Alberto a préparé. Il y a du pain à profusion, du thé, de la confiture, du dulce de leche, ou bien du maté de coca, du chocolat chaud... ils ont l'air de bien faire les choses chez Estrella del Sur ! Une fois tout cela avalé, nous remontons dans le 4X4 pour avancer un peu, mais descendons rapidement pour faire une petite marche de 10 minutes autour de notre première lagune, la "Laguna blanca", qui porte bien son nom aujourd'hui puisqu'elle est quasiment gelée. Avec le vent, elle prend néanmoins, à quelques endroits, des tons vert émeraude et bleu pâle. Ce n'est pas ici que nous pourrons croiser des flamands roses, pourtant nombreux dans l'Altiplano. Nous prenons quelques photos, panoramiques ou pas, et ne restons pas très longtemps, à cause du froid et du vent. Cette première lagune (semblable à un lac) nous donne une idée de la désolation des lieux et de la nature, brute, livrée à elle-même, dans laquelle nous sommes, à 4100m. Le désert d'Atacama règne plus au sud. Nous sommes entre deux no man's land. Nous repartons, avançons, et arrivons à 11h40 sur un lookout, face à la Laguna Verde, aux abords blancs, devant le volcan Licancabùr, dont nous contemplons le versant opposé à celui visible depuis San Pedro. L'endroit est aussi perdu que le précédent. L'eau est toxique à cause de certains minéraux présents, comme le cuivre, ce qui explique l'absence d'animaux aux alentours. Un autre 4x4 arrive, avec quelques touristes comme nous à l'intérieur, au moment où nous repartons. "Jaku" ("on y va" en quechua). Alberto met le poste en marche, et de la musique bolivienne se fait entendre. Les montagnes ou volcans autour, aux sommets blanchis par la neige, sont normalement jaunes, à cause du soufre, qui était auparavant exporté. Aujourd'hui, c'est terminé, à l'exception du "borax", une matière dont nous ne comprenons pas l'origine, et qui explique la couleur blanche de certaines lagunes. La voiture avance doucement, mais jamais à plus de 40, à cause des pierres et des trous. Beaucoup de poussière se dégage de l'arrière du véhicule.

 

Un peu après midi, nous atteignons le "Paso del Condor", un lieu où les condors sont souvent présents (mais pas aujourd'hui). Les montagnes à notre droite sont une frontière naturelle avec l'Argentine. A partir de ce moment, d'un coup, les couleurs changent complètement, et sont bien plus nombreuses. Des variations de marrons, de jaune, de beige et de blancs apparaissent, la piste est désormais en sable, et quelques petites dunes se dévoilent, comme celle sur laquelle de grosses roches volcaniques reposent, comme tombées du ciel. Elles s'appellent d'ailleurs "Roches de Dali", en référence au peintre, car le décor évoque certains tableaux du maître, qui n'est pourtant jamais venu ici. Nous regardons le paysage défiler, les yeux ouverts, un peu serrés les uns contre les autres dans le véhicule, qui file tout droit avec pour seuls répères, quand ils existent, les passages d'autres engins des jours précédents. Enfin, une demi-heure après, nous arrivons à la Laguna Polques, un endroit aux contours très volcaniques, avec des traces de sels ou de soufre, et dont les eaux sont chauffées par une source géothermique, permettant du coup de prendre un bain à 37° par 4400m d'altitude. La vue est superbe, avec des mélanges de jaunes, blancs, bleus (dont celui du ciel). Contrairement à l'autre fois, nous n'hésitons pas, et nous mettons à l'eau dans l'espace naturel aménagé. Nous avons froid, surtout aux mains, mais tant pis, l'occasion est trop belle, et presque unique, à cette altitude, dans ces conditions. Nous avions anticipé le coup en regardant le programme du séjour, et avons notre maillot de bain sur nous. D'autres personnes sont dans l'eau, et nous incitent à venir. Nous y allons, et - surprise - avons du mal à rentrer tellement c'est chaud. Cela nous brûle presque les pieds. Mais après quelques secondes, nous sommes dedans, assis, car il y a peu de profondeur. C'est quand même un peu fou de savoir que l'eau est chauffée naturellement. Nous prenons donc un bain en pleine nature, en regardant le décor autour. C'est du coup à nous d'inciter d'autres personnes à venir se baigner. Nous restons comme cela une dizaine de minutes, dans ce onsen inaccessible et extraordinaire. Nous sortons, en nous séchant et nous changeant le plus vite possible, à côté de tout le monde, et allons faire quelques pas à côté du lac juste à côté. Nous repartons vers 13h15. Un superbe arrêt, qui change en plus des lookouts classiques. Nous baigner comme ça, après le trajet en 4x4, et avant de repartir pour nous enfoncer encore plus dans l'Altiplano et voir de nouvelles choses, est génial.


La route continue, et après 45 minutes, nous arrivons dans une zone pleine de fumerolles. Nous sommes sur un point haut, à 4870m d'altitude. Cette fois-ci, nous découvrons des trous desquels s'échappent des fumées plus ou moins toxiques, comme les "geysers" de San Pedro, ou ceux de Nouvelle-Zélande. Ceux d'aujourd'hui sont un peu plus impresionnants, plus difficilement accessibles, et fument un peu plus, au milieu d'une terre rose, beige ou jaune. Aucune barrière de sécurité n'est installée, l'endroit est laissé dans son état le plus brut. Nous tournons autour, en regardant curieusement, et en évitant d'être face aux fumées. Une forte odeur de soufre traine en effet dans l'air. Une mare de boue grise bouillone à droite. Un peu plus loin, d'autres "geysers", artificiels ceux là (exploités par la compagnie d'électricité nationale, en partenariat avec une société japonaise pour apporter de l'énergie à cette région du pays), laissent sortir un peu plus verticalement une trainée de fumée. Il est 14h. Nous repartons, redescendons progressivement vers 4400m, en sortant de la piste quelquefois enneigée et couverte d'un mètre, en faisant quelques détours pour nous frayer un chemin, où suivre une autre voie. Ca secoue, et c'est rock-n-roll. A 14h40, nous apercevons la couleur rouge des lagunes colorées d'assez loin. Nous y reviendrons tout-à-l'heure. Mais avant, nous continuons pour rejoindre l'endroit où nous allons dormir ce soir et déposer nos bagages. Cela prend un peu de temps, car les distances sont longues, et les échelles différentes des repères habituels. Ces kilomètres sont particulièrement jolis. Nous déchargeons nos bagages, et découvrons le dortoir qui sera le notre ce soir. Nous repartons rapidement, traversons une grande plaine, pour rejoindre les deux lagunes colorées. On ne dirait pas, mais il est déjà 16h. C'est de nouveau assez impressionnant. Le lac est d'une couleur rouge terre cuite, à cause de la présence de micro-organismes. Nous arrivons par le haut, laissons le 4x4 pour nous balader à pieds et descendre le long du rivage, dont les herbes sèches forment une bande jaune tout autour, et regarder de plus près les flamands roses, nombreux, regroupés au milieu. La terre, blanchie par les minéraux volcaniques, est spongieuse, molle, et devient noire et dure dès que l'on s'éloigne de quelques mètres du bord. Tout cela forme un tout étrange, que nous n'avions jamais vu. La nature est clairement pleine de surprises, et souvent dans des endroits reculés, où l'on imaginerait pas ce genre de choses. Etre au coeur d'une région volcanique y est sûrement pour beaucoup. Nous faisons un long tour, puis regagnons la voiture, pour revenir en arrière, et arriver là où nous allons dormir ce soir, dans un petit lotissement (qui doit être le seul sur des dizaines de kilomètres à la ronde), le Pernocte Hostal Huayllajara. Le confort est limité, comme indiqué sur notre feuille de route. Nous retrouvons le dortoir pour six, à côté d'autres étalés le long d'une cour intérieure rectangulaire, et découvrons peu après qu'Alberto a préparé un petit goûter, nous permettant ainsi de nous réchauffer un peu, bien que la nuit tombe peu de temps après, comme la température. Une radio est là, avec un micro autour duquel s'amuse une bolivienne quinquagénaire et très typée, et deux autres personnes, tenant l'établissement, qui n'arrêtent pas de répèter "Hola" sans que personne ne réponde distinctement malgré quelques phrases prononcées de temps en temps en retour. Fred, intrigué et amusé, va voir au bout d'un moment et s'empare du micro pour saluer d'éventuels auditeurs altiplaniques, avec des "Hola" bien forts, semblables à ceux des minutes précédentes. Quelqu'un répond, et répète "americano ?", bien que Fred s'efforce de dire "Frances" à de multiples reprises. La bolivienne arrive, et rigole avec lui. Une initiative rigolote qui fait rire tout le monde dans le préaut. On imagine le jour où ils auront skype ! Du coup, Fred a une nouvelle copine avec qui il rigolera de nouveau ce soir. En buvant de l'eau chaude dans laquelle nous laissons tremper des feuilles de coca, nous jouons tous les six à un jeu de cartes (celui acheté à Melbourne, "backpackers"), en apprenant les règles. Il est rapidement 19h. Nous mettons la table, avec d'autres groupes arrivés un peu après nous, et dinons. Bonne surprise, Alberto nous apporte une bouteille de vin. La soupe est bonne, comme les spaguettis bolognaises qui suivent. Par contre, il fait froid. La température du hall doit avoisinner les 7°C. Nous rejouons tous ensemble, et allons nous coucher vers 22h, juste après être allé voir un ciel sans lune et parfaitement dégagé, qui vaut clairement le coup à cette altitude, dans cet hémisphère, et dans ces conditions dénuées de toute lumières extérieures (et malgré celles du bâtiment, pas encore éteintes). Nous nous installons tous dans le dortoir, certains ayant sortis les couvertures de survie. Le lit semble agréable, et les couvertures épaisses, mais tout cela n'empêchera pas d'avoir froid, notamment à cause d'un essai avec le duvet et les couvertures infructueux. On sait maintenant qu'un duvet ne sert pas beaucoup s'il est complètement ouvert pour servir de couverture, même s'il est glissé dans le lit. Nous dormirons mal, ne trouvant pas le sommeil, n'étant pas à l'aise, ou ayant le nez qui n'arrête pas de couler, quand il n'est pas bouché, pour Fred. Audrey n'a pas eu trop mal aujourd'hui, mais la douleur se réveille à ce moment, apparemment à cause des crises de rires que nous avons eues tous ensemble dans la demi-heure précédente.

 

 

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