Après les vues d'hier soir sur le Canyon, nous sommes pressés d'aller marcher un peu, et de le revoir sous le soleil. A 10h30, nous garons la voiture au bout d'une route permettant d'accéder au terminal des bus. En effet, ici, impossible de prendre sa voiture pour parcourir la route qui longe le canyon, en tous cas pour la partie ouest. Un système de bus, très bien fait, est organisé pour pouvoir descendre à de nombreux arrêts, qui sont autant de points de vue ou de départs pour des marches plus ou moins longues. Nous prenons donc l'un d'entre eux, après avoir contemplé le canyon le temps de l'attendre. C'est quand même impressionnant, et fascinant. Dire que toutes ces routes sont justes au bord, mais sans le savoir, à cause des arbres qui cachent le tombant, ou simplement à cause du fait qu'en étant en haut, et en roulant parallèlement, ou juste en étant un peu éloigné, il n'y a pas de moyens de savoir qu'il y a ce gouffre juste à côté. Du coup, aujourd'hui comme hier, vous le découvrez au dernier moment, brusquemment, de manière inattendue, ce qui ne fait qu'augmenter le contraste entre la terre pleine et l'étendue, le volume, de cette faille aux dimensions gigantesques. En fait, ce n'est pas une simple faille dans la terre, mais une succession de plateaux, à différentes altitudes, et au fond, une ouverture un peu moins large (vu d'ici) qui tombe et serpente, creusée depuis des lustres par le Colorado, qui coule tout du long, et accessoirement, sur plus de 2000km. De là où nous sommes, et en fait de la plupart des lookouts, le fond est en général 1 300m plus bas, bien que la hauteur maximale soit de 2000m. Vous imaginez ? Probablement, mais il vaut le voir pour vraiment se sentir saisi comme nous le sommes maintenant. Ce n'est cependant pas le plus profond des canyons au monde, car l'un en Chine, et un autre dans l'Idaho, le sont plus. L'autre versant, en face est à 6 km. La largeur varie cependant en fonction de votre situation, et peut atteindre, à l'altitude où nous sommes, plusieurs dizaines de kilomètres. Il fait encore frais, mais toujours beau. Quelque nuages en plus seraient bienvenus, pour une fois, afin de remplir un peu le ciel, et pourquoi pas créer un effet semblable à celui que nous observions en Australie, qui nous plaisait tant. Quelque soit l'endroit où nous serons aujourd'hui ou demain, les différentes couches géologiques, datant de 500 millions d'années à 250 millions d'années, lorsque tout cela n'était qu'une mer, ou une terre volcanique, racontant l'histoire du continent américain, sont clairement visibles, par strates de couleurs différentes, plus ou moins rouges, ou ocres. Nous verrons une fois ou deux quelques fossiles, pris dans la roche, pendant notre marche. Contrairement à d'habitude, nous commençons d'ailleurs, une fois l'extrémité ouest du trajet effectué, à descendre, pour aller à Hermit's Point. Le trajet retour se fera en remontant. Nous sommes à 2000m d'altitude. Il est 12h30. Nous sommes contents de ne pas être en juillet ou en août, car les températures dépassent les 40° ici, et notamment près du fond du canyon, à cette époque. Aujourd'hui, nous aurons dans quelques heures un 25°, avec un petit vent, parfait pour remonter les 400m de dénivelé, fait de marches et d'escaliers, que nous allons faire.
La marche n'est pas très intéressante. Les vues ne sont pas exceptionnelles, à cause des virages du canyon, ce qui fait que nous sommes souvent face à une paroi, sans vraiment avoir de vue à champs large, ou de profondeur. La terre est sèche, mais il y a pas mal de végétation, et quelques cactus. Nous repensons souvent à King's Canyon, en Australie. Des lézards, petits, traversent le chemin régulièrement. Il y a peu de monde. Comme nous le précisait la personne au Visitor Center, la plupart des gens restent en haut, à longer le canyon, en prenant le bus. A un moment, nous croisons une intersection, indiquant deux autres chemins possibles, qui ne sont pas indiquées sur les cartes que l'on nous a distribuées. Nous ne nous perdons pas, loin de là, mais c'est le premier détail qui, au final, va nous faire dire que les choses ne sont pas très bien organisées, de manière surprenante. Bien des chemins et des marches manqueront sur les cartes, ou même sur des panneaux au début des sentiers, et seront découverts pendant la marche, ou ne seront indiquées que lorsque vous arriverez sur des points de vue, plutôt qu'au différents Visitor Center, même au plus grand. Dommage, et bizarre qu'il soit impossible, même après avoir cherché et regardé les ouvrages payants disponibles, de trouver quelque chose d'exhaustif récapitulant toutes les marches disponibles, l'ensemble des sentiers, avec les infos qui vont bien (dénivelés, étapes intermédiaires, durée, longueur, profils...). De nombreux panneaux cherchent à sensibiliser les marcheurs à propos des dangers du canyon, mais ce manque de clarté augmente les risques de se perdre, et rend les choses confuses, désordonnées. Clairement, et bien que les américains disposent d'un vrai savoir-faire comparé à la France, la Nouvelle-Zélande reste la référence en terme d'organisation pour les touristes visitant les parcs et aimant la marche. De loin.
A 13h30, après presque 3km et 45 minutes de marche, nous nous arrêtons déjeuner, arrivés là où nous souhaitions aller. Bonne nouvelle, c'est ici que la vue est la meilleure, prise entre deux parois un peu espacées, donnant sur le versant en face, autrement dit la North Rim, 15 km devant nous. Nous sommes assis sur une formation rocheuse rouge un peu escarpée, en s'étant un peu éloignés du chemin. Sur le côté, le tombant et la verticalité de certains murs sont impressionnants. Vers 14h, nous entammons la remontée, et arrivons en haut à 15h20. Bien qu'Audrey ait eu un peu de mal, nous sommes allés plus vite, à l'aller comme au retour, que ce qui est indiqué sur le plan que nous avons, et ce que nous pensions. 10 minutes après, nous montons dans le bus, qui passe toute les 10 minutes. Nous avons chaud, mais retrouver les sensations de la marche nous a bien plu. A cette heure, nous n'avons pas vraiment le temps d'en refaire une, et, après réflexion, marcher le long de la "rim", ne nous dit pas plus que ça (le décor est un peu toujours le même). Nous décidons du coup de rentrer, pour avancer sur le site, et travailler. Nous passons au Visitor Center, en posant quelques questions sur les deux chemins croisés de manière inattendue pendant notre marche (sans que la personne puisse vraiment nous renseigner...), et retrouvons notre chambre à 17h, dans laquelle nous décidons de passer une nuit de plus pour faire une nouvelle marche demain, apparemment un peu plus difficile que celle d'aujourd'hui. Nous faisons - enfin - le "best of" Galapagos, ainsi que celui du mois écoulé ici aux Etats-Unis. 2000 photos à regarder quand même. Comme d'hab.
A 20h20, par 4°C dehors, Fred part chercher à manger, faire le plein d'essence, pendant qu'Audrey avance sur autre chose. Ca prend un temps fou de faire tout ça, et de rattraper notre retard, tenir les comptes à jour, classer des choses, en organiser d'autres... nous avons l'habitude, cela n'a rien d'anormal, mais cette fois, nous ne pouvons pas nous dire que nous avons le temps, car il ne reste plus très longtemps avant notre retour. Et ce n'est pas en France que nous ferons cela. Ayant terminé de faire les comptes, nous nous apercevons que nous ne nous devons rien à chacun. Nous qui pensions que l'un devait 500 euros à l'autre, ou quelque chose du style. Les USA ont fait un peu exploser le budget, même s'il était déjà dépassé depuis un bout de temps. Du coup, on est tout les deux déçus, chacun pensant qu'il allait récupérer de l'argent de l'autre. Marrant. Nous terminons, avançons, et il est vite 2h du matin.
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