Réveil aux aurores avec un groupe d'un dortoir du bâtiment qui part à 5h, comme nous le ferons demain, et qui ne fait pas dans la dentelle. Déjà que la nuit n'a pas été très bonne. Après s'être rendormis un peu, nous nous levons pour de bon à 8h, prenons un petit déjeuner, et partons à 8h40. Fred a une crêve grandissante et Audrey a un peu mal aux côtes. Chargement de sacs sur le toit du 4x4, et c'est parti en direction des lagunes colorées d'hier (celles toutes rouges), qui sont bien ternes en ce début de journée (comme le guide l'explique, sans comprendre bien pourquoi). Nous passons à côté de quelques maisons, appartenant à la Compagnie Nationale d'Electricité (ENDE), et après une petite heure arrivons à "Arbol de Piedra", une grosse pierre volcanique au milieu du désert de sable, sculptée par le vent et l'érosion. Nous faisons une petite pause, passons une vingtaine de minutes, et repartons. Sur la route, toujours dans ces plaines désolées, nous discutons avec Alberto, au volant, de Evo Morales, le président bolivien, élu depuis 8 ans (2 mandats), très apprécié en Bolivie, et qui sera sûrement ré-élu en 2014. La vision ici est qu'il a fait beaucoup de choses (école obligatoire et gratuite jusqu'au collège...), même si nous ne parlons pas du financement de ces réformes. En outre, il est indigène Quechua, ce qui compte. Nous discutons d'autres choses, comme des "apacheta", ces petits monticules de pierres bien connus des randonneurs, qui servent dans la culture inca à baliser les chemins ou indiquer des zones interdites. Le problème est que les touristes construisent de leur côté de nouveaux monticules (comme au Népal par exemple) et troublent donc les pistes. Enfin, les deux grandes religions ici sont le catholicisme et l'evangelisme. Sur la route, il nous propose de brancher nos téléphones pour mettre de la musique. Nous voilà quelques instants plus tard à chanter du Balavoine, du France Gall ou du Cabrel tous ensemble, pendant près d'une heure. C'est assez drôle et inattendu dans l'endroit où nous sommes : le désert de Siloli, du nom d'une montagne toute proche, que nous traversons. Une zone importante dans les relations politiques avec le Chili, à cause de problème d'eau.
A 11h, nous arrivons aux lagunas altiplanicas, une série de lagunes successives, que nous rejoignons à chaque fois en voiture, et qui sont toutes très belles. Nous marchons un peu le long de la première (laguna Honda), retrouvons comme hier cette bordure blanche et jaune de terre spongieuse et de touffe d'herbes, avec quelques flamands roses au milieu. Nous tentons de nous approcher, mais nos pieds s'enfoncent dans la vase. La seconde est à 10 minutes de là (Laguna Chiarcota). Un viscacha (un lapin à queue d'écureuil) est assis sur un rocher, immobile, nous permettant d'en observer un pour la première fois. A 11h40, nous arrivons à la Laguna Hedionda, aux couleurs blanches (à cause du borax), bleues, et par moments soufrées. Un arrêt qui mérite le détour, avec le lac au pied d'un volcan, le reflet de ce dernier dans l'eau par endroit, le mélange des couleurs, et surtout les centaines de flamands roses tantôt regroupés, tantôt dispersés, dont la couleur rose tranche avec le reste. Nous restons une bonne demi-heure, à longer la rive, à observer ces oiseaux dont la présence est si étrange à cette altitude, à prendre des photos, et tout simplement à nous ressourcer dans ce décor fabuleux. Ne pouvant déjeuner sur place, nous repartons, et après 30 minutes de voiture, nous arrivons à la quatrième lagune, la laguna Canapa ("cagnapa"), blanche, où nous nous installons pour déjeuner sommairement, debouts, en utilisant le coffre du véhicule comme table, face à deux volcans, à côté d'un groupe de vicugnas, perdu au milieu de cette étendue jaune, contrairement aux autres lagunes où la terre était plutôt volcanique ou sableuse. Le "Pastel de papa" (une sorte de hachis parmentiers) et la salade de crudités font bien l'affaire. Les photos parlent mieux que les mots.
13h10, nous repartons. Nous laissons plusieurs autres lagunes derrière nous, la plupart asséchées, blanches, nous permettant de rouler dessus sans difficulté. Pendant la période des pluies, en décembre et janvier, ces endroits sont normalement impraticables. Puis nous arrivons à un point de vue, celui du volcan Ollague, le seul actif dans la région, dont la dernière éruption date de 1970, et marquant la frontière avec le Chili. Il est impressionant par sa taille, que nous découvrons bien avant d'arriver, niché entre deux versants peu élevés droit devant nous. Sur place, la végétation a disparu, et le paysage rappelle certains westerns connus. La terre est rouge, volcanique, aride, mélangée à du sable. Nous sommes toujours au dessus de 4000m d'altitude. Apparemment, pas mal de scorpions habitent par ici, mais Fred et Clément n'en trouvent aucun après avoir pourtant soulevé un bon nombre de pierre, et s'être un peu éloigné sur le côté opposé à la route. Bizarre des scorpions à 4000 quand même. Mais bon. Cela aurait été sympa d'en voir un ou deux. Il n'y a pas grand monde dans le coin, nous sommes quasiment seuls, et l'arrêt est un peu long. Cela dit, quelle variété de décors aujourd'hui ! Alberto nous montre une mousse verte qui pousse sur les rochers, à l'aspect doux mais pourtant très dur, ainsi que la "quenua" ("quegnua"), un arbuste de l'altiplano bolivien. Sur le bord de la route, quelques lamas se baladent sans se soucier de notre présence. Au fond, très loin, nous apercevons le Salar de Chiguana, un désert de sel en formation (où l'épaisseur de la couche de sodium n'est que de quelques centimètres à certains endroits), alimenté par le Salar de Uyuni grâce à des courants d'eau quand ce dernier est immergé. Nous repartons, roulons, roulons encore, puis le rejoignons. Nous sommes tous silencieux, et un peu endormis dans la voiture. Sur place, nous sommes sur une grande étendue blanche, sur laquelle nous avons roulé un petite demi-heure. Une ligne de chemin de fer le traverse, reliant Atacama à Uyuni. Après une petite balade à observer le sol et goûter pour voir s'il est bien en sel, nous remontons dans la voiture, et Alberto prend quelques feuilles de coca, qu'il jette par terre, en offrande à la Terre Créatrice, la "Pacha Mama". Il est 15h40.
Nous passons par un village fantôme, avec son cimetière et ses maisons délabrées, où est maintenant installée une base militaire. 40 minutes passent, nous passons sous les 4000m, et nous arrivons au pueblo de San Juan, sorti de nulle part, où 70 familles vivent de l'agriculture (pomme de terre et quinoa principalement), où les maisons sont faîtes de briques blanches et beiges, et où les cactus servent à étendre le linge. Tout en conduisant, Alberto nous montre sur le versant d'en face des fondations incas et pré-incas. Nous ne nous arrêtons pas dans ce village, puisque personne ne souhaite acheter quelque chose. La montre de Fred indique quelques temps après 3700m, et nous arrivons à 17h là où nous dormons ce soir, dans une batisse aux briques blanches, surplombant une partie du désert dont une route trace vers l'horizon, et qui semble plutôt confortable. Nous avons d'ailleurs le luxe de dormir dans une chambre double, et non en dortoir comme hier. L'endroit est en fait un hôtel de sel, et construit quasi-entièrement en sel. C'est assez étrange, et effectivement, en s'approchant des murs (dans les chambres, dans la salle principale, aux toilettes...), les cristaux de sel apparaissent. L'endroit n'est en revanche pas très bien isolé, et nous avons un peu froid, comme hier, dès que la nuit tombe. Presque seuls dans cet endroit, pour notre dernière nuit, nous nous installons autour d'une table, prenons une douche (même si tout le monde n'aura pas la chance d'avoir de l'eau, froide ou chaude), parlons voyage, jouons à des jeux semblables à ceux d'hier, et dînons tranquillement, avec de nouveau une bouteille de vin apportée par notre guide. Un bon moment, d'autant que nous nous connaissons tous assez bien désormais. Il est 19h30, continuons sur notre lancée jusqu'à 22h30, ne manquons pas de saisir notre chance d'être dans un désert et en altitude pour aller regarder dans le froid le superbe ciel étoilé une fois toutes les lumières éteintes (avec un au Népal et un autre en Australie, un des plus beaux ciels que nous ayons pu voir), et allons tous nous coucher à 22h30. Réveil très tôt demain, à 5h, pour aller voir le soleil se lever dans un endroit tant attendu, le célèbre et impressionnant Salar de Uyuni. Un endroit incroyable qui a rapidement fait partie des endroits indispensables où aller quand nous avons préparé notre tour du monde.
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alain S (jeudi, 08 août 2013 22:16)
Je voudrais revenir sur le Chili et répondre au commentaire de François P sur la fameuse cô te qui descend. Fred et Audrey parlent d'un site identique "la curiosité de Lauriole" dans le sud de la France . En effet, pour avoir fait des tests sur ce site dont la voiture moteur arrété qui remonte la pente, une boule de pétanque posée en bas qui remonte et le test du niveau dont la bulle s'affole, j'ai été convaincu. Donc, François si nous avons au retour de nos tourmondistes le plaisir de faire ta connaissance , je t'inviterai à venir t'en rendre compte par toi même. Amicalement.
La Plume de Rosa (vendredi, 09 août 2013 08:04)
haut
François P. (vendredi, 09 août 2013 09:13)
Merci Alain ! Je viendrais avec plaisir d'autant que j'ai cru comprendre que vous aviez quelques bons vins par chez vous. Pour la curiosité en question, la réponse est a la minute 4 du film au lien ci-joint : http://www.dailymotion.com/video/xdm6it_curiosite-de-lauriole_travel
C'est bien une illusion d'optique, le niveau ne ment pas...
Laurent B (vendredi, 09 août 2013 13:53)
Alain S, je te croyais plus cartésien que tu ne le laisses paraître, va donc voir ces deux liens, http://www.micro-astuce.com/Forum/topic1689.html#.UgSI1n-9Zm8 , http://psiland.free.fr/connexes/cotesinversees/lcdl.html , on sait bien que François P a raison, peut-être veux tu attirer un peu plus de touristes pour parcourir "la route 20" car comme l'a dit quelqu'un: "je confirme aussi que les vins de là-bas ont une bonne côte et pourtant ils descendent pas mal du tout"
François P. (vendredi, 09 août 2013 19:45)
Dans vos "bonnes idées du monde" je trouve rien sur le fait de monter un business d'import de feuilles de Coca en France, c'est normal ?
Fred (dimanche, 18 août 2013 07:49)
Deux questions pour nos aventuriers: Audrey, ca a marche la feuille de coca pour toi ?
Et ca grattait l air la nuit dans un hotel de sel ?!
Super le ciel etoile, j imagine ca ... Encore une fois ca donne envie !
PS: poir joindre le debat Lauriole, je crois Alain S mii ... Mais c est tres perso !
Quand a l idee de Francois d importer de la coca ... tres bonne idee, comme toujours !