Moment fort de la journée : Découvrir une coutume chinoise incroyable depuis la Patagonie
Retour au bercail aujourd'hui, pour cette dernière journée dans le parc. Le ciel est un peu couvert, mais, d'après l'allure du drapeau situé à côté de l'entrée du refuge, pas un pet de vent. Tant mieux. Et surprise en sortant, après avoir rangé le sac et remis les matelas en place, il ne fait pas très froid, alors que nous pensions le contraire. Il est 8h45.
Le début de la marche est un peu dur. Une montée nous attend, sans véritable chemin (mais on aime, c'est beaucoup plus sympa, et un chuïa technique). En fait, nous nous rendons compte que nous nous sommes trompés, et sommes sortis du passage, sur lequel nous retombons très vite. Nous retrouvons une forêt d'arbres brulés, et laissons les sommets derrière nous. Peu à peu, ils s'éloignent. Nous nous retournons, de temps en temps, pour leur lancer quelques regards. Le temps passe. Nous marchons silencieusement, chacun dans ses pensées. Dans ces moments - ceux qui l'ont pratiqué le savent - on pense à ses proches, à soi, on pense au passé, au présent, au futur. Et après huit mois de voyage, nous pensons bien sûr à ce qu'il nous arrive, à cette aventure sur laquelle nous n'avons probablement toujours pas de recul, mais où nous pouvons déjà ressentir le temps écoulé depuis les premiers pays visités. Après avoir laissé un lac bleuté sur notre gauche, nous passons une colline, puis une série de virage à gauche, et quittons définitivement la vallée, pour retrouver la grande plaine faite de steppe par laquelle nous étions arrivés avant-hier. Nous retrouvons d'ailleurs les chevaux que nous avions croisés, et qui nous regardent tous fixement, même s'ils sont un peu loin. Le vent commence à souffler, mais dans des proportions bien moindres que celles de l'autre jour. Après deux heures, nous en avons marre, et nous demandons où est ce refuge sommaire où nous avions fait une pause à l'aller. Nous ne nous sommes en effet pas encore arrêtés, et avons besoin de souffler un poil, ne serait-ce que parce que nos pieds nous font un peu mal après les efforts cumulés des jours précédents. Une demi-heure plus tard, nous le trouvons enfin, après avoir longé pendant un bout de temps la rivière, et perdu un peu d'altitude (environ 70m). Nous avons 1/2 heure d'avance sur le temps estimé indiqué sur notre carte, et avons parcouru 10km. Plus que 7. Ouf, nous avons fait plus de la moitié. Nous restons 20 minutes, assis sur un tronc d'arbre, à grignoter quelques gâteaux, manger une banane, et boire un coup.
Nous repartons, en sachant que cette deuxième partie va être un peu lassante. Terrain plat, décor qui ne change pas. Ca y est, les étranges formations rocheuses au pied desquelles nous
étions hier sont "loin", et ont presque disparu derrière une colline. Nous retrouvons au loin sur notre droite le volcan au sommet enneigé du début, et dont la partie supérieure plait
tant à Fred, qui imagine son chaudron - bien dessiné, typique - rempli de lave comme il le fut sûrement à une époque. Encore plus loin, au fond, un groupe de montagnes blanches tranche
avec le jaune paille des herbes hautes s'étendant tout autour. Une épaisse couche de glace, superbe, relie leur sommet. A un moment, devant nous, là-bas, nous distinguons deux points
noirs. Il faut attendre presque dix minutes pour être sûrs que ce ne sont pas des animaux, mais bien deux personnes, qui semblent marcher dans notre sens. Deux trekkeurs commencent leur
journée, comme nous il y a deux jours. Et quand seulement une centaine de mètres nous séparent, nous n'y croyons presque pas en reconnaissant nos amis espagnols rencontrés à Santiago et
Valparaiso. Quel hasard. Nos trajets s'étaient séparés pour prendre des itinéraires différents, mais allions tous dans le sud du pays. Et les voilà dans nos traces à deux jours d'écart.
Dommage de ne pas avoir pu parcourir le parc ensemble. Nous restons donc à discuter, une fois la surprise passée, et marquons l'instant par une photo souvenir. Ils rentreront à Puerto
Natales dans deux jours, et dorment dans une guesthouse à 30m de la notre, mais nous ne serons malheureusement plus là. Et pourtant, comme nous leur disons, "jamais deux sans trois".
Nous reprenons tous notre route, et après une heure et demi, arrivons enfin à "Administracion", l'endroit où nous avions garé la voiture, et point de départ de toutes les marches dans
le parc. Il est 13h30, et le temps, toujours couvert, s'est refroidi à cause du vent léger qui souffle en permanence. Nous sommes contents d'avoir terminé, et avons mal au pied et aux
jambes.
Nous déjeunons dans la voiture, porte arrière du 4x4 ouverte et réchaud à gaz allumé dans le grand coffre. Une heure plus tard, nous mettons le contact, et partons pour découvrir la partie Est du parc, en empruntant la piste en gravier qui le sillone. Nous espèrons voir les trois tours, les fameuses Torres del Paine, même si nous ne pourrons nous en approcher à cause du chemin pour y parvenir, fermé. De toutes façons, nous n'avons pas vraiment envie de re-marcher une heure ou deux aujourd'hui. Nous croisons différents lacs, retrouvons les deux montagnes - pas si loin - d'hier (mais en les ayant contournées avec la voiture), passons à côté de deux cascades qui ne cassent pas des briques, et, après une demi-heure de route un peu sportive, où il suffirait d'aller un peu plus vite dans les virages pour perdre un peu d'adhérence et faire chasser légèrement l'arrière de la voiture (nous n'avons pas enclenché les quatre roues motrices), nous avons devant nous deux des trois pics qui ont donné leur nom au parc. En continuant sur cette unique route, le troisième apparaît et se découvre de plus en plus. Ce sont donc Torre Sur, Torre central et Torre Norco que nous avons en face, à 15h30. Les nuages sont suffisamment hauts pour ne pas obstruer la vue, pouvoir faire quelques photos, et dire que nous serons venus là et aurons vu de nos yeux ces sommets que l'on voit sur presque toutes les photos du parc (avec les trois autres d'hier). Youpi. Nous pouvons repartir vers Puerto Natales, à une centaine de bornes de là. Torres del Paine, c'est fini, et cela nous aura beaucoup plu. Un des parcs nationaux que nous aurons préféré, et, selon nous, à la hauteur de sa réputation. Nous regrettons même de ne pas être resté une nuit de plus pour rallonger notre trek, aller voir le glacier Grey, et appartenir à cet endroit sauvage un jour et une nuit supplémentaire.
Sur le chemin du retour, peu après être partis, nous prenons en stop une femme, travaillant près du parc, et rentrant chez elle. L'occasion de discuter un peu, et de se faire inviter à l'anniversaire de sa fille ce soir si nous souhaitons. Gracias, mais nous allons dîner chez Mimi, la française rencontrée samedi soir. Nous arrivons à Puerto Natales, et n'attendons qu'une chose, prendre une bonne douche chaude, et nous habiller plus confortablement. Chose faîte dans la demi-heure qui suit. Trop bon. C'est bien pour ça aussi les treks. Parce que l'on sait qu'il y a une fin, que cela permet du coup d'apprécier des conditions un peu moins confortables, de profiter des avantages que cela procure (aller dans des endroits inaccessibles autrement, rentrer dans la montagne, être le témoin privilégié d'évènements divers, vivre avec la nature...), et de les retrouver ensuite. Nous défaisons nos sacs, passons un coup de fil pour aller rendre la voiture (avec bien plus d'essence que nous devions, dommage, nous n'aurions pas dû en mettre autant), allons faire quelques courses (ne serait-ce que pour apporter une bouteille de vin chez Mimi). Nous hésitons à ce moment à partir demain pour El Calfate, notre prochaine destination (de l'autre côté de la frontière, en Argentine, un peu plus au nord, à cinq heures de bus), ou à rester une journée de plus à la guesthouse pour nous reposer, et partir après-demain. Nous décidons de rester un jour de plus, car après ces 48km, ne rien faire, dormir un peu plus tard, et mettre à jour le site (certains semblent se plaindre de ne pas avoir de lecture) nous tente bien.
Mimi vient nous chercher vers 19h, et nous partons avec Paulina, la fille s'occupant de la guesthouse. La nuit est déjà tombée, et, pris par toutes ces petites choses depuis notre retour à Puerto Natales, nous sommes complètement passés à côté du crépuscule, qui devait cela dit être superbe vu les nuages d'aujourd'hui. Chez elle, nous prenons un apéritif copieux à base de pisco sour maison, et avons le privilège de manger du Centolla. C'est quoi ? Tout simplement le nom donné ici aux crabes géants pêchés dans les eaux froides proches de l'Antarctique, ou que l'on trouve aussi au Kamchatka, entre la Sibérie et l'Alaska. Un met rare et délicieux, vendu à des prix exorbitants en Europe, alors que ces crabes pullulent dans les eaux de ces deux endroits du monde. Rien n'aurait pu nous faire plus plaisir que cette attention, alors que nous avons mangé sommairement depuis trois jours. Fred, connaissant ce produit rare, le signale d'ailleurs à Mimi, et la remercie chaleureusement. Enchantée et toujours pleine d'énergie et d'attention, elle tient à nous donner la recette du "Chupe de Centolla", une préparation locale mélangeant chair de crabe géant, fromage fondu et panure. Et n'ayant cette recette que sur un tablier de cuisine, elle décide de l'offrir à Fred, qui est ravi de ce cadeau si approprié et spontané. Nous passons une excellente soirée à discuter comme l'autre fois. Avant de partir, Mimi nous montre un film de vacances en Chine, lorsqu'elle y était allé avec son sac à dos, à la recherche des "femmes aux petits pieds", dans un village du Yunan. Selon la coutume, les femmes ce cet endroit reculé ayant de petits pieds pouvaient se marier aux hommes riches. Du coup, quatre orteils étaient coupés aux bébés de l'époque, pour ne laisser que le pouce, et bander les pieds dès les premières années pour les serrer et éviter qu'ils grandissent. Résultat : des femmes aux pieds minuscules (semblables à ceux d'enfants de cinq ans), témoignant devant la caméra. Mimi nous raconte qu'elle a du insister auprès de son interprête chinoise - qui ne croyait pas à cette histoire de petits pieds dont elle avait entendu parler - pour trouver ce village et s'y rendre. C'est donc un documentaire de grands voyageurs, aux confins de l'Empire du Milieu, inestimable, dans un village perdu, que nous regardons ébahis pendant une vingtaine de minutes. Des images brutes, qui donnent l'impression d'être perdu au bout du monde, au milieu de traditions centenaires probablement inconnues du reste du pays (c'était il y a 20 ans, et quand on sait à quelle point certaines régions de Chine sont encore enclavées...), sans parler d'au delà. Bref, cela nous parle, d'autant que nous aurions bien été du style à partir à la découverte et filmer ce genre de choses. Fred ne manque pas du coup de le faire, en allumant la caméra pour enregistrer les images sur l'écran. Mimi a hérité d'une paire de chaussons utilisés par cette femme. Elle pense que cette tradition s'est perdue depuis, car personne à l'époque ne prenait la relève de cette vieille dame à l'allure si incroyable, que l'on dirait sortie d'un film. C'est drôle, car c'est au Chili que nous apprenons quelque chose de nouveau sur la Chine, et qui sera une des grandes découvertes culturelles du voyage. Cela change tout dans notre esprit en étant allé là-bas il y a sept mois.
Nous rentrons vers 23h30, et nous endormons rapidement, en savourant la douceur du lit.
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La Plume de Rosa (lundi, 15 juillet 2013 08:07)
de
Jérôme (mardi, 16 juillet 2013 07:43)
Salut les ptits choux
Vous devez inspirer les enfants. Ils jouent a Fred et Audrey et dorment dans le jardin depuis 2 jours. ...
On hesite à vous les envoyer. ...
Jérôme (jeudi, 18 juillet 2013 18:06)
Bah alors pas de news? ??
Baptiste me demande pourquoi vous faites le tour du monde?
Vous avez 2h avant que je relève les copies. ...
Bizzzzzzzzz