Deuxième jour dans le parc, et réveil avec le soleil, même un peu avant. Les deux asiatiques rencontrés hier soir en arrivant sont étonnés de nous trouver dans la pièce, en train de nous réveiller, lorsqu'ils entrent pour prendre un petit déjeuner (salé, à base de pommes de terres on dirait). Nous nous levons, d'autant que la journée d'aujourd'hui va être longue. Nous avons en effet 14km aller-retour, 500m de dénivelé, soit environ 10h de marche d'après la carte dont nous disposons, sur laquelle sont indiquées les distances et l'estimation des temps de marche. Plutôt que d'aller voir le glacier Grey, qui doit pourtant être impressionant, nous préférons aller dans la vallée "Francès" et nous approcher des sommets si étranges que nous avons vus hier. Nous aurons en effet l'occasion de voir de près d'autres glaciers, dont l'un des plus fous, le Perito Moreno. Nous buvons un thé, rangeons les matelas à leur place (même si nous referons pareil ce soir), laissons quelques affaires dans la chambre, et partons.
Dès les premiers pas, vers 9h, nous apercevons de grands rapaces au dessus du lac, planant et tournoyant. Les fameux condors des Andes ? Peut-être. Nous laissons bientôt le refuge loin derrière nous, et ne le voyons plus lorsque nous franchissons la grande colline, où se découvre progressivement une face du massif d'à côté, au fur et à mesure que nous avançons. Là haut, une épaisse couche de glace couvre le toit rocheux, et descend le long de la paroi. Nous traversons, comme hier, une forêt d'arbres morts. Le chemin commence à monter, et s'efface parfois, sans bien savoir par où aller. Heureusement, de grands batons oranges indiquent quelle direction suivre. Après presque deux heures, nous arrivons devant un pont pas très bien entretenu, traversant un torrent, et donnant directement sur le versant ouest de la montagne que nous avons fini de contourner. Whaou, elle est impressionante cette paroi. Et superbe. Deux ou trois glaciers semblent couler, mais nous n'en sommes pas sûrs à cette distance. Malgré un point culminant pas très haut, la difficulté semble grande pour qui souhaiterait gravir le sommet par ce côté. Nous restons quelques minutes à l'observer. Audrey, qui est toujours un peu anxieuse lors des franchissements de ponts (bien que ce soit loin d'être son premier, et qu'elle soit désormais "Nepal approved"), passe de l'autre côté sans difficulté. Cela dit, c'est vrai qu'il n'inspire pas très confiance au regard de l'allure des bouts de bois plus ou moins espacés, et de son aspect rudimentaire. Nous arrivons juste après à un refuge, fermé en cette saison, et rencontrons deux polonais ayant passé la nuit ici dans leur tente, à se battre un peu moins cette nuit contre les souris qui arrivent généralement à passer partout pour aller grignoter leurs rations quotidiennes de bouffe (ils sont dégoutés car il leur en manque deux du coup). Il est 11h20, et restons bien trop de temps, environ 30 minutes, à discuter et à accepter le café qu'ils nous offrent, après avoir fait bouillir un peu d'eau de la rivière. Nous nous entendons bien, et ils sont très sympas. Nous ne sommes qu'à mi-chemin de notre destination, plus haut, plus loin, plus proche des parois. Nous repartons. A partir de là, le terrain commence à être un peu plus accidenté, et à monter un peu plus. Nous suivons les bâtons oranges, toujours présents, et marchons pendant 30 minutes sur un tapis de pierres, remontant parallèlement la rivière sur notre gauche. Nous passons plusieurs fois quelques petites étendues d'eau gelée, manquons parfois de tomber, et suivons une piste ondulant avec le terrain, en gagnant progressivement de l'altitude. Heureusement, il fait un temps magnifique (ce qui fait que depuis le départ, les vues sont superbes), mais le vent commence doucement à se lever. Nous avons quitté la façade enneigée de tout-à-l'heure, et assisté au passage à quelques avalanches, que nous remarquons par le bruit qu'elles font en se déclenchant, sommes passés de l'autre côté (clairement, cette paroi était fascinante, Fred pourrait passer une heure à la regarder, et à s'imaginer comment cela est de plus près, à côté de ces coulées de glace et de neige), et ne distinguons plus, à cause des arbres, les étranges formations rocheuses caractéristiques du parc.
Enfin, après deux heures supplémentaires de marche depuis notre arrêt, nous arrivons sur une plaine, découvrant tout à coup ces dernières, et le barrage naturel que forme la chaîne
montagneuse en face, au loin. Il est 13h40. Ne trouvant pas le point de vue indiqué sur notre carte, ne voyant plus de bâtons oranges, et concluant d'après nos informations/estimations
que le chemin est terminé, nous nous arrêtons, et déjeunons. Nous sommes au pied des pics, couleur sable, sur notre droite, que nous apercevions de si loin hier en progressant dans la
steppe. Nous mangeons des chips, quelques tartines de pâté, un sandwhich de fortune au jambon, sous ce beau ciel bleu, mais dans le froid apporté par les rafales de vents, qui nous
obligent à nous depêcher pour ne pas avoir trop froid. D'autant qu'il ne faut pas trop trainer, car nous avons tout le chemin du retour à faire. En quasiment quatre heures de marche, nous
n'avons croisé que les deux polonais, et pratiquement aucun animal ni oiseau, en dehors d'un lièvre et des rapaces de ce matin.
Nous partons à 14h30. Le soleil est en train de disparaître derrière le massif du fond. La trajectoire ellyptique qu'il forme dans le ciel chaque jour, en étant à notre avis à 35° seulement au dessus de l'horizon en milieu de journée, et en se couchant bien plus près de son point de départ que chez nous, s'explique par les latitudes où nous sommes. Si loin de l'équateur, et en plus dans l'hémisphère Sud (l'inclinaison de la Terre accentue ici les choses), arrivant au coeur de l'hiver, celle-ci est de plus en plus courte, et proche de l'horizon. En Patagonie, l'été, la nuit ne dure que 5 heures, entre 23h et 4h du matin. C'est l'inverse, l'hiver. Cela se sent. Nous préférons ne pas tarder. C'était pour le moment un peu plus "technique" que les autres treks, car il n'y avait parfois pas de chemin, ou celui-ci exigeait d'utiliser ses bras pour franchir quelques mètres un peu pentus, ou de confectionner un passage en jetant quelques grosses pierres dans des mares d'eau dont la surface est gelée, ou de mettre des morceaux de bois, pour pouvoir passer. Légèrement plus fatiguant, mais en fait beaucoup plus sympa et marrant. Nous remettons nos gants, que nous enlèverons dans 20 minutes, tout comme notre bonnet, et partons donc en sens inverse.
Nous repassons devant tout ce que nous avons vu à l'aller, notamment devant le versant blanchi par la neige de la montagne, désormais sur notre droite. Nous profitons d'être là une dernière fois pour nous arrêter, et regarder encore les formations glacées. Une avalanche se déclenche. Nous avons le temps d'en filmer une partie (voir ci-dessous), puis nous remettons en marche. Nous ne pouvons en effet pas nous permettre de traîner. Une heure passe, puis une deuxième. Nous arrivons au pont suspendu, qu'Audrey franchit en courant (nan, c'est une blague). Nous jetons une dernière fois un coup d'oeil derrière nous lorsque nous quittons ce côté du massif. Le soleil est alors caché derrière depuis un petit moment, éclairant les pics granitiques, et accentuant leur couleur beige. Une autre heure passe. Il est presque 17h. Le ciel est parfaitement dégagé, nous privant des couleurs si jolies qu'il offre quand les nuages sont présents. Cela à l'avantage de nous offrir un maximum de lumière, jusqu'au dernier moment. Nous retrouvons un chemin plus facile, et repassons devant un ou deux endroits dont nous nous souvenons. Le contraste est faible, comme à chaque fois que le soleil s'est couché mais qu'il ne fait pas encore nuit. Cependant, nous ne sortons pas nos frontales. N'ayant pas ralenti notre allure malgré le terrain (bien tracé, mais cela reste un chemin de montagne, pas un trottoir de grande ville) et le fait que nous ne voyons plus grand chose, nous prenons garde à ne pas nous tordre une cheville et faisons attention. Nous arrivons finalement à 17h50, alors que les premières étoiles sont déjà de la partie. 8h30 après être partis, et après 1 heure de pauses cumulées, nous revoilà au refuge.
Comme hier, nous mangeons, profitons du feu dans la pièce, rencontrons deux américains d'Atlanta avec qui nous discutons un peu, et nous endormons au chaud vers 23h50, exactement dans les
mêmes conditions qu'hier.
Écrire commentaire
La Plume de Rosa (vendredi, 12 juillet 2013 08:15)
concours
Sof (vendredi, 12 juillet 2013 10:42)
Un vrai pont à la Indiana Jones! :))
rosa la plume (vendredi, 12 juillet 2013 12:20)
La Plume, souviens toi de ce jour : 22 juin 2013