Moment fort de la journée : s'asseoir dans un car pour la nuit sans bien savoir vers quoi nous allons
Réveil à 9h, en compagnie de la femme de ménage d'Arnaud, avec qui nous échangeons quelques mots, malgré les efforts réciproques de faire plus. Au Chili, il est fréquent d'avoir du personnel de
maison. Nous nous attardons un peu, en profitons pour suivre le conseil de notre ami audois et lui donner les trois affaires à laver que nous avons, et partons à La Poste pour envoyer quelques
affaires pour la France. Nous longeons un parc municipal, ou plutôt une sorte de place rectangulaire où les arbres manquent un peu, tournons à gauche, et arrivons sur une autre, plus vivante,
coincée entre quatre rues fréquentées. A l'intérieur du bâtiment public, nous n'attendons pas longtemps avant que notre tour arrive, et expliquons notre objectif. C'est assez simple au début,
mais se complique quand on nous explique qu'il faut décrire exactement tout ce que notre paquet contient, ainsi que la valeur unitaire de chaque objet. D'habitude, nous devons effectivement
décrire grossièrement le contenu et lui donner une valeur, mais là, c'est un inventaire complet que nous devons faire. Et sans savoir quels mots utiliser, car tout doit être fait en espagnol. Pas
simple, mais nous le prenons bien, et rigolons en faisant face à une lourdeur administrative qui nous rappelle des souvenirs. Du coup, on fait au pif, sans clairement savoir combien vaut tout ça,
ni connaître exactement par coeur ce que nous envoyons. Peu importe. Pendant ce temps, une classe d'adolescents est arrivée, et attend son tour. Ils nous dévisagent tous, en nous regardant du
coin de l'oeil, curieux et amusés. Ils ont envie de nous parler, nous envoient des sourires timides, sans oser venir vers nous. Nous leur parlons donc, en demandant aux plus proches comment ils
s'appellent. Dès lors, tous les autres arrivent et écoutent, puis se font du coup interroger. Javiera, Daniela, Luis... sont quelques-uns des prénoms que nous avons retenus. Cela nous rappelle
l'école dans laquelle nous étions allés au Népal. Quelque chose qui n'est pas arrivé assez souvent à notre goût. Nous sortons l'Iphone pour prendre une photo tous ensemble et immortaliser cet
instant.
Une fois terminé, et avoir calculé le prix du kilo par avion (7,3 euros/kilo, soit 35% de moins qu'en Nouvelle-Zelande), nous nous arrêtons quelques instants acheter un café et quelque chose à
manger, et nous rendons à la gare routière, un peu plus loin, pour prendre notre ticket de car pour ce soir. Nous apprenons qu'un bus part pour Puerto Montt, notre destination, à 21h30. Tant
mieux, car nous pensions le prendre plus tard, vers minuit. Nous bookons deux places au rez-de-chaussée (il y a un étage dans ce bus, comme souvent pour les longs trajets), et deux sièges
"semi-cama", c'est-à-dire se baissant partiellement, mais pas complètement, pour former un vrai lit et une position horizontale. Cela dépend des bus, et des compagnies. Nous arriverons demain
matin vers 7h, soit après presque 10h de trajet. Nous payons les 12 000 pesos requis, soit 18 euros par personne. Rendez-vous ce soir.
Juste avant l'heure fixée par Arnaud, 12h, nous arrivons chez lui, attendons son retour, puis partons pour aller déjeuner chez son ami "El Pato", à 60km de là, dans une grande hacienda, ou
"campo", au bord des vignes, d'orangers, de cactus (produisant des figues de barbarie, que nous goûterons en fin de journée), ou encore de kakis. L'idée est de gouter plusieurs vins autour d'un
bon morceau de viande. Nous emportons du coup deux bouteilles de Regalona, dont une des dernières de 2007, et l'autre de 2008. En rentrant, nous irons faire un tour à la cave où Arnaud travaille
pour goûter les 2011 et 2012. Nous roulons pendant trois quart d'heure, sortons de la route goudronnée, et empruntons une longue piste en terre perdue dans la campagne, pour arriver finalement à
la propriété. Juste avant, sur la dernière portion, quelques instants après avor refermé la grille en bois derrière nous, Arnaud s'arrête pour nous montrer des cèpes de pins, des champignons
semblables à ceux que nous connaissons, poussant au pied des pins environnants (un grand nombre de pins sont plantés chaque année au Chili, pour l'industrie du bois, appauvrissant au passage les
sols et ne laissant aucune chance aux espèces locales). Excités, nous proposons d'en ramasser, de les ramener chez son ami, et de les manger ce midi avec un peu d'ail. Nous voilà du coup partis
pour une demi-heure de cueillette, en nous servant d'un parapluie comme panier, et en apprenant à distinguer les champignons valables (les petits, dont le dessous du chapeau n'est pas encore trop
jaune ni mousseux) des autres. Une fois la quantité suffisante ramassée, nous repartons et arrivons. Fabrizio (el Pato) est un bon vivant, souriant, avec un faux air de Garcimore (sûrement la
coupe de cheveux...), content de voir Arnaud et de nous rencontrer. Il revient du Sud de la France, où il allait pour la première fois, et s'amuse avec Arnaud à jurer en français dès qu'il peut.
Un truc universel. Du coup, nous apprenons notre premier juron en chilien ("me importa una raja"). La maison est grande, rustique, et nous passons une bonne heure dehors, près d'un des barbecues,
à côté du four en terre, à préparer les champignons. De superbes morceaux de viande attendent d'être mis sur la grille. Ils proviennent de boeufs ayant tirés des embarcations pour les sortir du
port, quand ils ne restaient pas dans les prairies à brouter l'herbe. Autrement dit, des boeufs sains, qui n'ont pas été nourris au grain, et dont la chair est tendre (rien qu'au toucher), et la
graisse peut-être un peu moins saturée. Nous verrons en les mangeant, mais d'aspect, la viande est superbe, locale, et l'énorme entrecôte non découpée sur l'autre table est impressionnante. C'est
clair, nous avons faim. Mais nous commençons par boire, en débutant par la bouteille de 2007, qui a très bien veillie, en épluchant les champignons et en mangeant un peu de saucisson, tous autour
de la table. Cela dure un petit moment. Arnaud les met ensuite à cuire en deux fois dans une casserolle posée sur la grille, les assaisonne, puis rajoute de l'ail. Dommage, nous n'avons pas de
persil. Quelques saucisses grillent pendant tout ce temps, que nous mangeons à la volée. Nous mettons ensuite les morceaux de viande, et nous re-servons du vin. La deuxième bouteille est à ce
moment entamée. Nous rentrons à l'intérieur pour nous mettre à table, et déjeuner. Il est 15h30. Depuis tout-à-l'heure, du Julio Iglesias tourne sans cesse. Arnaud adore, et c'est ici au Chili
que le chanteur a connu parmi ses plus grands succès. L'après-midi passe donc rapidement, dans cette ambiance de bons vivants. La Regalona 2008 est un peu plus puissante que son aînée, et passe
très bien. Nous partons ensuite marcher dans les vignes et vergers d'El Pato, en passant devant d'énormes cactus dont les fruits ne sont autre que des figues de barbarie - que nous goûtons sur le
champs, bien qu'elles soient trop jeunes et amères - des orangers, ou des oliviers, puis en revenant en terminant la boucle de 30 minutes que nous venons d'effectuer. Le soleil se couche et nous
offre un joli ciel, avant qu'il ne fasse complètement nuit, et nous donne le signal du retour.
Le trajet vers Linares se passe sans histoire. Après une heure de route sur la piste en terre non éclairée puis sur l'autoroute, nous arrivons, et passons voir là où Arnaud travaille comme
winemaker. Nous visitons les lieux, saluons le gardien, passons au milieu des cuves de différentes tailles, visitons le bureau d'Arnaud, ainsi que l'endroit où il quantifie certaines
caractéristiques du vin, rempli d'alambics, de pipettes, ou d'instruments de mesure divers. Il est en revanche malheureusement trop tard pour goûter les derniers vins mis en bouteille. Nous avons
en effet trop tardé chez El Pato, même si nous ne regrettons rien. Chez Arnaud, nous faisons nos sacs, bien qu'ils n'aient pas été beaucoup défaits depuis hier, discutons un peu, avant qu'il ne
nous accompagne à la gare routière de la ville, vers 21h15. Au revoir un peu triste, dernières salutations et accolades après ces bons moments et ces quelques jours, et nous voilà à attendre
notre bus, nos gros sacs posés par terre, dans le froid. Tiens, cela faisait longtemps que nous n'avions pas été comme ça, sacs sur le dos, en mode 4x4, à tout transporter. Ce moment marque un
peu le début de notre aventure en Amérique du Sud, car nous sommes désormais seuls, loin du réconfort et des repères inconscients donnés par les grandes villes, à partir dans le sud du pays, dans
un continent que nous ne connaissons abolument pas et sur lequel nous avons entendu bien des histoires. On y pensait avant de partir de France, maintenant, il va falloir faire gaffe à nos
affaires, dans les bus, dans les guesthouses, partout. Ce sentiment un peu spécial est renforcé par le fait que nous n'avons rien préparé quant aux jours à venir. Nous arrivons demain à Puerto
Montt, mais après, c'est le point d'interrogation sur la suite.
Le bus arrive avec un peu de retard, et nous découvrons après avoir mis nos sacs dans la soute (nous avons reçu un ticket en échange, c'est rassurant) que les places 15 et 16, qui sont sensées
être les notres, n'existent pas. Mince. On ressort, on demande de l'aide et des explications, mais non, nous aurons droit à celles à l'étage, numéros 56 et 57, tout à l'arrière. Nous qui voulions
être en bas, endroit toujours plus confortable. Tant pis, nous n'avons pas d'autres choix, sauf prendre le car suivant, à minuit et demi. A l'intérieur, toutes les places sont dejà occupées par
des chiliens - certains dormant dejà (le car vient de Santiago) - sauf les deux du fond qui nous attendent. Bon, heureusement, ces places ne sont pas moins bien que celles que nous avions
réservées, et le dossier se baisse presque complètement, nous permettant d'adopter une position quasi-allongée, comme celle de notre voisin de devant, laissant du coup peu d'espace pour nos
jambes. Mais c'est pas mal. Et étant tout à l'arrière, nous ne craignons pas trop de nous faire voler notre sac (les sacs sont en effet généralement dérobés par les voisins de derrière, qui les
tirent en passant le bras sous votre siège). De toutes façons, c'est, d'après les témoignages que nous avons eus, plutôt en Bolivie et surtout au Pérou qu'il faudra être particulièrement
vigilant. Le car se met à rouler, nous regardons un peu le film diffusé sur les petits écrans disposés à quelques endroits, et nous endormons, sans trouver de sommeil bien profond. Les rideaux
sont tirés. Destination unknown. Un des moments du voyage où nous nous trouvons devant un grand point d'interrogation...
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La Plume de Rosa (vendredi, 05 juillet 2013 08:46)
à
CHRISTIANE (vendredi, 05 juillet 2013 09:28)
vous en laissz des cadavres sur votre passage!dans les prochains jours vous serez a l eau je pense car dans la pampa il n y a pas de restau
soyez prudents
Sof (lundi, 08 juillet 2013 10:01)
Nous a fait la meme mais sous le soleil et ac 28 degrés ce we :)