Réveil difficile pour tous les deux, mais surtout pour Audrey qui n'a pas très bien dormi cette nuit, mais debout malgré tout, puisque Arnaud vient nous chercher vers 11h. Nous l'avons décidé hier soir, aujourd'hui, nous partirons avec lui pour Linares, à 300km au Sud de Santiago, pour aller chez lui, et passer la journée de demain dans la propriété de son ami Fabricio, autrement appelé "el Pato", qui travaille avec lui, et est devenu un ami. Nous partirons lundi soir en bus pour descendre 730 km plus au Sud, rejoindre Puerto Montt et commencer le deuxième chapitre de nos aventures chiliennes, celui consacré au Sud du pays (et normalement au froid !). Contrairement à d'autres destinations dans lesquelles nous sommes allés, ici, en Amérique Latine, nous n'avons pas préparé grand chose, même si nous savons ce que nous souhaitons voir. C'est juste que nous n'avons pas vraiment de plan à dérouler. Et c'est donc pour cela que nous avons accepté la proposition d'Arnaud, de l'accompagner, car nous sommes libres de nous organiser comme nous voulons. Et tant pis si nous ne savons pas bien comment nous nous en sortirons pour parvenir à nos fins. Esprit tour du monde quoi. Esprit d'aventure. Allons dans l'inconnu. Au bout de presque 8 mois de voyage, ce n'est pas quelque chose qui nous effraie (enfin, Fred surtout). Super nouvelle donc, qui va nous permettre de passer un peu plus de temps avec "Don" Arnaud (les gens appellent souvent quelqu'un d'un peu important, ou d'agé "Don" ici... on aime bien cette petite touche, on trouve que ça fait classe), de visiter des vignes, de discuter, de mieux se connaître, et de passer un bon moment chez un chilien, amateur de bonne chaire (et qui revient de son premier voyage en France d'ailleurs, en compagnie d'Arnaud, qui lui a fait entre autres visiter l'Aude).
La soirée ayant été longue, et la nuit courte, Arnaud nous prévient par texto qu'il passera finalement vers 12h30. Nous libérons la chambre, et passons une heure et demi dans le salon de la
guesthouse, le dos chauffé par les rayons de cette journée très ensoleillée. A 12h20, nous montons à bord du pick-up. C'est parti pour quelques heures de route, à descendre la Ruta 5 (ou
Carretera Panamericana), autrement dit la seule véritable autoroute du pays, longue - excusez du peu - de plus de 5000 km. Le Chili, ce n'est pas large, mais c'est grand. Cette route, c'est un
peu comme la route 66 aux Etats-Unis, celle qui traverse tout le pays. Sur notre gauche, la cordillère des Andes est bien visible, tout comme les sommets enneigés, excepté celui de l'Aconcagua -
plus haut sommet d'Amérique du Sud, culminant à 6960m - pourtant situé dans les environs de la ville. Mais sur notre droite, alors qu'il devrait y avoir l'océan, même si nous ne le voyons pas
d'ici, se trouve une autre partie de la cordillère. Nous sommes en effet dans la seule partie du Chili où deux cordillères cohabitent, séparées par une grande vallée, avant qu'elles ne se
retrouvent et se rejoignent à un moment, la Ruta 5 passant juste au milieu, avant que les montagnes n'occupent plus que la partie Est. Nous arrivons après quelques temps dans la vallée Santa
Cruz, une des meilleures régions viticoles du pays, puis continuons, après deux heures de route, sur des domaines réputés comme l'Apostole, ou les vignobles Viu Manent, non sans avoir failli
écraser un ou deux chiens depuis tout-à-l'heure, tellement ils sont nombreux, et en liberté, au Chili, sans parler de l'absence de grillages ou de protection en général. En Australie, nous
voyions souvent des kangourous morts sur la route. Ici, ce sont des chiens. A chacun son style, ou ses spécificités. Nous passons par l'un des domaines les plus grands au monde en surface (mais
dont certains vignobles sont répartis autre part au Chili ou à l'étranger). Arnaud nous montre aussi une zone où il a acheté ses raisins (car ici, vous n'êtes pas obligé d'avoir de la vigne pour
faire votre vin, vous achetez généralement des raisins pour faire le votre). Deux autres grands producteurs de vins, Santa Rita et San Pedro, sont installés ici et ont des domaines un peu
partout. Au bout d'un moment, tard pour nous mais à l'horaire habituel au Chili - donc vers 15h - nous nous arrêtons pour trouver un restaurant, après avoir passé Rancagua, une grande ville du
coin. Arnaud en a un en tête depuis le début. Un restaurant péruvien, mais qui est en fait fermé, comme la plupart des restaurants aujourd'hui, pour cause d'élections primaires pour la
présidentielle de Novembre (nous avions vu les affiches à Santiago). Incroyable, surtout que nous allons apprendre que la participation s'élève à seulement 10%. Nous nous arrêtons finalement dans
un restaurant situé dans un hôtel façon "Relais et Châteaux", où nous ne pouvons commander de vin, pour la même raison. Arnaud n'y croit pas. Nous mangeons un joli morceaux de viande, une sorte
d'entrecôte (le "lomo vetado") cuite au barbecue, délicieuse. Il fait toujours aussi beau, mais un peu frais.
Nous repartons, et profitons de la belle lumière pour faire un détour et visiter quelques vignes, voir des pieds centenaires, des cultures en pergola (que nous n'avons jamais vues en
France), en parlant du terroir chilien et de la qualité des terres du pays. "Tout pousse ici, la terre est fantastique", nous dit Arnaud. "Et le nombre de terrains non exploités est
hallucinant...c'est fou, mais c'est fou ce qu'il y a comme place" rajoute-t-il avec l'accent du Sud-Ouest. On sent le potentiel. Nous ne sommes pas en Chine, mais nous comprenons que les
opportunités sont énormes ici, en tous cas dans l'agriculture et les industries liées. Près d'un domaine, nous nous rapprochons des eucalyptus géant (à la taille des arbres, nous comprenons en
effet que beaucoup de choses poussent, et vite, pour atteindre une taille que nous n'avions pas rencontrée en Australie), et Arnaud nous montre les colibris faire du sur-place pour picorer la
fleur d'eucalyptus : ils sont tout petits, assez hauts, et parfois difficile à voir. On dirait de gros insectes, restant immobiles, puis se déplaçant rapidement pas très loin, pour fuir
finalement vers un autre arbre. Une première pour nous.
Après avoir repris la route, et observé, en quittant la piste en terre bordant les propriétés, les arbres protégés laissés au milieu des vignes (interdiction de couper ces deux espèces
d'arbres), nous roulons une demi-heure, et arrivons chez Don Santiago, l'ancien employeur d'Arnaud, qui l'a aidé à s'installer au Chili et lui a donné sa chance. Un gros propriétaire de
70 ans, qui nous accueille très gentiment, et nous invite à table pour prendre le "tomar te" ou "tomar once", une sorte d'aftenoon tea que les chiliens ont l'habitude de prendre entre
le déjeuner et le dîner, aux alentours de 17/18h (qu'est ce qu'ils mangent tard ces chiliens, c'est l'exact opposé des polynésiens). Arnaud ouvre une bouteille de Toro de Piedra Gran
Reserva 2010 du domaine, qui, après s'être ouverte un peu, donne un vin fin, rond, et assez long en bouche. La première bouche n'attaque pas trop, et monte progressivement, comme Fred aime.
Don Santiago et sa femme, eux, sont au thé, et se préparent des tartines de pain-beurre-confiture de mûres, tous assis dans la cuisine de cette grande maison, cette hacienda, qui
ressemble presque à un ranch. Nous partons en sachant que nous pouvons les appeler si nous avons un problème au chili, et en les saluant poliment.
C'est ensuite une longue heure et demi de piste et d'autoroute dans la nuit pour rejoindre la maison d'Arnaud, en passant par la plus grande zone viticole du pays, pour arriver à Linares vers 21h30, discuter un peu, et nous coucher, après qu'il nous ait montré où envoyer demain quelques affaires en France, et acheter nos tickets pour le bus de nuit que nous prendrons en fin de soirée pour descendre à Puerto Montt.
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La Plume de Rosa (mercredi, 03 juillet 2013 08:17)
est
CHRISTIANE (mercredi, 03 juillet 2013 11:37)
je trouve la plume très active ces jours ci!!!et très matinale
quel suspense!!j ai hate de comprendre!
Laurent (jeudi, 04 juillet 2013 18:40)
Peut être est-elle "de vacaciones" comme on dit au Chili et se lève tôt pour profiter un maximum de ses congés?!