Dans le même esprit qu'hier, avec le tour de la ville, nous partons en fin de matinée au marché central de Santiago, où un tour gratuit est animé par un étudiant tous les matins. Préférant être libre de s'arrêter quand nous voulons et de flâner, nous décidons en revanche de pas nous joindre à d'autres touristes et de rester tous les deux. Nous arrivons sur place vers 11h, après avoir rejoint l'endroit à pied en une demi-heure, et être passés par la grande place proche de la guesthouse, et avoir longé un bout du parc municipal. Il fait froid, et beaucoup moins beau qu'hier. Le ciel est gris, et nous ne distinguons pas les montagnes autour de la ville.
Le marché est en fait assez petit, pour ce que nous découvrons de prime abord. C'est une halle, avec une dizaine de poissoniers installés en carré, aux étalages plutôt rikikis, vendant du
thon, des oursins, et quelques autres poissons. En fait, c'est assez décevant. Il n'y a pas de crustacés, hormis un que nous ne connaissons pas, une sorte de bulot, avec deux espèces de
crochets, dans une coquille collée à d'autres, pour former un bloc aux multiples ouvertures d'où l'on aperçoit la chose bouger doucement. Les regards des gens sont parfois un peu intrusifs,
ou étranges, ce qui nous surprend car nous ne nous sentons pas si différents des gens d'ici. En Inde ou en Asie, ok, nos têtes ne faisaient pas couleur locale, mais ici, c'est un peu
inattendu. Nous sommes à l'aise, mais l'ambiance en général n'est pas très joyeuse, et les visages ne sont pas très ouverts ou souriants. Dommage. Une discussion avec un poissonier fait
mentir cette remarque, mais c'est plutôt une exception. Pas question de généraliser quoique ce soit, cela ne fait que deux jours que nous sommes là, et nous verrons bien ce qu'il en est
dans les prochaines semaines. Dans cette halle se trouvent également de multiples restaurants, bistrots, abrités sous une grande voute vitrée, aux couleurs rouges et blanches. C'est
assez avenant, et des rabatteurs sont là pour faire en sorte de vous attirer dans l'un plutôt que l'autre. Nous apercevons d'ailleurs celui que Felipe nous a conseillé hier. Nous irons
probablement tout-à-l'heure, car nous n'avons pas très faim pour le moment.
Nous sortons des lieux après ce tour plus rapide que prévu, et traversons la rivière Mapocho pour rejoindre le marché aux fruits et légumes, bien plus grand. Il se met à pleuvoir. Sur les stands, on trouve un peu de tout, comme des croquettes pour chien dans de grands bacs à disposition pour se servir et aller peser tout ça, ou bien des produits ménagers, ou encore quelques voitures européennes de milieu de gamme exposées à côté d'un grand étalage de fruits. C'est assez folklorique, nous aimons bien. Sur tous les étalages, un poste de télévision retransmet en direct le match de football Chili-Angleterre, que tout le monde regarde assidûment. Les bouchers, nombreux, vendent tous des pièces de viande grossièrement découpées, sans chercher à les mettre en valeur, contrairement à nos boucheries françaises. Nous apprendrons dans quelques jours qu'il n'y a pas une grande culture gastronomique, à la différence du voisin argentin par exemple, même si saucissons, patés et autres produits de bouche n'existent pas beaucoup là-bas non plus. Sur les étalages de fruits et légumes, nous remarquons les multiples espèces d'avocats, et notamment certains très petits, en version miniature, bien mûrs. En fait, c'est un peu la spécialité du Chili. Des avocatiers, il y en a jusque dans la rue. Au bout d'un moment, nous revenons sur nos pas, et sortons pour retrouver le pont et la halle du marché central. Nous décidons d'aller nous poser dans le restaurant recommandé par Felipe. Surprise, le couple d'australiens rencontré hier pendant le tour est assis à une table. Ils nous invitent à se joindre à eux, et nous voilà réunis un verre de "pisco sour" à la main dans la minute qui suit. Le pisco, autrement dit l'alcool qui compose ce cocktail national, est fait à partir de muscadet. Fred commande un ceviche (une composition de poissons crus et de légumes), et Audrey un "Chupe de Jaibas", un plat chaud mélangeant chair de crabe et fromage gratiné. Respectivement, les plats sont mauvais et très bon. Nous discutons des élections en Australie, de la situation en Europe et en France, ou de comédies musicales. Moment sympa, même s'il fait un peu froid. Une heure après, nous sortons, faisons un bout de chemin tous ensemble, puis nous quittons, en sachant que nous pouvons retourner dans la banlieue de Sydney quand nous souhaitons. Il est 15h.
N'étant pas très motivés pour monter voir la Vierge qui domine la ville sur la colline San Cristobal et regarder le panorama, qui ne doit pas être terrible aujourd'hui à cause des nuages,
nous marchons jusqu'à la guesthouse, où nous nous connectons pour réserver notre hotel pour demain sur Valparaiso, la ville multicolore située à une centaine de bornes de Santiago. Nous
y passerons deux nuits, afin de pouvoir aller à Vina del Mar, une station balnéaire voisine, et rentrerons samedi matin, pour être de retour vers 10h30. Nous avons en effet rendez-vous
avec un ami d'une amie d'Audrey, viticulteur en France et s'étant installé il y a deux ans pour faire du vin ici au Chili. Une rencontre intéressante s'il en est, et qui pourra sûrement
nous faire visiter la ville. Il habite à 300km au Sud de la capitale chilienne, mais sera dans le coin ce week-end. Et puis c'est toujours agréable d'avoir un contact dans un pays que vous
ne connaissez pas. Avant de rentrer, nous avons fait un détour par le supermarché, pour acheter de quoi manger ce soir, mais sans prendre de vin. Une grosse erreur que nous
regretterons, car nous passerons la soirée avec d'autres voyageurs, mélangeant des nationalités aussi diverses que Néo-zélandaise, anglaises, ou des canadiennes originaires de
Hong-Kong. Nous les avions presque tous rencontrés rapidement ce matin au petit-déjeuner, et les revoyons quand nous nous installons dans le salon de la maison pour "travailler" (Fred
commence à regarder des sites pour s'informer sur les Galapagos par exemple, Audrey planifie un peu les semaines à venir et comment rejoindre le sud du Chili puis la frontière bolivienne),
pendant qu'ils regardent un film sur l'écran plasma installé sur le mur. C'est au moment de diner, ou de prendre l'apéritif, que l'ambiance change, et que tout le monde se met à
discuter. La sauce prend, et l'ambiance est joyeuse. Aaron, le néo-zélandais de 40 ans, dont le métier est d'emmener des clients fortunés pêcher à la mouche dans son pays (ça paye
apparemment, car il ne travaille que 5 mois sur 12 et voyage le reste du temps), ouvre même sa bouteille de crème de vanille rapportée de Mendoza, en Argentine, quand les
deux bouteilles de vins qu'il a partagée avec un couple d'anglais sont terminées. Nous proposons un jeu de groupe, dont Audrey a le secret et a pratiqué régulièrement lors des longs
trajets en bus pendant ses tournées, puis un autre, et encore un troisième, avant que des anglais prennent le relai. Bref, nous nous amusons bien, surtout quand trois canadiennes se
joignent à nous. L'une d'elle adore la bouffe, connait bien San Francisco, et veut nous donner des adresses en apprenant que nous y allons en septembre. Les pizzas sont digérées depuis
longtemps quand nous montons tous nous coucher vers 2h du matin, après cette soirée mélangeant des voyageurs d'horizons divers, et dont les chemins se sont croisés ce soir, avant
que chacun ne poursuive son tour du monde ou d'Amérique du sud...
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La Plume de Rosa (mercredi, 03 juillet 2013 08:15)
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