Nous sommes réveillés pas quelques grands coups sur la fenêtre droite du camping-car, un peu en sursaut : un ranger sexagénaire nous signale que nous n'avons pas le petit carton obligatoire sur le pare-brise indiquant que nous avons payé notre place en arrivant. Effectivement, nous ne l'avons pas fait hier soir (pluie torrentielle), et comptions le faire en partant. Nous le lui signalons, et il nous fait un signe de la main, en plaçant le petit coupon à remplir, comme chaque fois, sur le pare-brise. Il fait superbement beau ce matin, et cela donne la pêche. Nous sommes au bord du lac, et le canard d'hier, accompagné par sa belle, est toujours aussi curieux lorsque l'on ouvre la porte. Il suffirait de tendre le bras pour le toucher.
Départ à 9h50, après avoir glissé nos 12 NZ$ dans la petite boîte aux lettres en bois. 10 minutes après, en revenant vers la ville, nous passons le cap des 3000km parcourus en NZ. Allons-nous battre le record d'Australie ? Pas sûr. Passage à la seule dump station du coin, à côté de l'usine de traitement d'eau, et au Mac Donald pour nous connecter rapidement à Internet. Nous devons en effet confirmer notre guesthouse pour notre dernière île en Polynésie, Rangiroa.
11h, nous quittons la ville, direction Hamilton, toujours plus au nord. La route est sympa, notamment quand nous passons sous une sorte de tunnel végétal constitué d'arbres dont les branches se
replient vers l'intérieur pour cacher la lumière sur une centaine de mètres. Le vert des champs et des pelouses et le bleu du ciel dominent. Nos lunettes de soleil sont bien posées sur notre nez.
L'idée, aujourd'hui, est d'aller visiter Hobbiton. Qu'est-ce que c'est ? Ce sont les décors qui ont servi au début (et à la fin) du Seigneur des Anneaux (et du Hobbit) pour les séquences dans le
village Hobbit. Autrement dit, toutes les petites huttes aux portes colorées et rondes, ouvrant sur un espace creusé dans la colline. Objectif atteint, en prenant la bonne direction et en suivant
le panneau indiquant la bifurcation depuis l'autoroute, et arrivée au Hobbiton Movie Set à 12h, sous un grand soleil. En roulant, et en s'approchant du lieu, on comprend pourquoi Peter Jackson
est venu construire ces maisons ici, après un repérage par hélicoptère : tout est extrêmement vert, et il n'y a que des champs, des moutons, des collines, sans véritable trace d'une présence
humaine, ou en tous cas d'urbanisme. Nous passons une petite demi-heure dans la boutique, en attendant que le groupe dont nous faisons partie soit emmené en bus sur les lieux du tournage, à
12h30. En fait, le "plateau", en plein air, a été complètement reconstruit, à l'identique, pour devenir une attraction permanente. Le terrain est une propriété privée, et a été loué à Peter
Jackson et à la maison de production pour la durée du tournage. La fille qui nous accompagne (nous sommes une vingtaine) nous explique que sa famille a hésité à signer, et qu'ils ne s'en veulent
pas du tout quand ils ont réalisé l'affaire que cela représentait. En fait, Peter Jackson avait plusieurs lieux en tête, mais le cours d'eau d'à côté, un arbre centenaire, et la configuration
générale des lieux, ainsi que l'absence de routes ou de maisons sur des hectares à la ronde, ont guidé son choix. Du coup, une route de 1,5km a été construite (par l'armée de NZ, ainsi que
quelques opérations de terraformage) pour que les gros camions puissent acheminer la matériel sur place, une régie audiovisuelle, un espace restauration etc... bref, quelque chose de complètement
différent de l'élevage de moutons dont la famille vivait (et vit encore aujourd'hui). L'équipe du film est ensuite revenue pour le dernier volet de la trilogie, pour le Hobbit il y a deux ans, et
plus récemment pour les épisodes à venir. Et aujourd'hui, les visites et l'intêret des fans et des touristes doivent plus qu'arrondir les fins de mois. Nous apprenons que bien sûr, plusieurs
jardiniers travaillent à temps plein pour entretenir tout cela en état.
Arrivés sur place, après un gros quart d'heure de bus (avec un chauffeur bourru très bavard), nous commençons le tour, qui nous fait passer par les principales allées, ou "rues" reliant les
petites maisons (on imaginerait bien des schtroumphs vivre là aussi), puis par le terrain où la fête se déroule au début du premier épisode (avec les tentes jaunes caractéristiques, la
balançoire, et cet arbre majestueux ayant beaucoup plu à Peter Jackson, car identique à celui décrit dans les livres de Tolkien), pour terminer par le pont et la place du village, ainsi que la
taverne "Green Dragon" dans laquelle un verre de bière ou de cidre nous est offert (ce dernier étant excellent). De nombreux commentaires sont dispensés, que ce soit des infos techniques, des
chiffres (il a fallu 9 mois pour tout construire, y compris la route et la modification du relief, et le tournage a duré 3 mois), ou quelques anecdotes. Jusqu'à 400 personnes ont travaillé ici.
37 trous de hobbit ont été construits. Le moulin à eau et la pont à double arche ont été contruits à partir d'un échaffaudage de polystyrène et de bois, puis peints (et font parfaitement
illusion, et supportent le poids de tout notre groupe sans problème). Nous apprenons que tous les plans filmés à l'intérieur des huttes l'ont été en studio. Les décors intérieur ont ensuite été
re-créés à l'identique dans les véritables huttes, pour éviter les erreurs lors des séquences tournées en extérieur (un objet qui ne serait pas à la même place entre la scène intérieure et le
plan extérieur où il a disparu derrière la fenêtre par exemple). On nous montre l'endroit où la logistique était supervisée, et on nous parle des problèmes d'approvisionnement, d'évacuation des
eaux usées, ou des repas à servir pour les centaines de personnes travaillant là. Bref, un travail important, dans la lignée de celui de Weta, et digne du niveau de production et du succès du
film. En fait, nous n'écoutons pas tout, car nous allons et venons dans les allées, à prendre des photos, à observer les détails (comme les légumes démesurés ou aux formes étranges), à
s'imprégner de l'atmosphère des lieux etc... en gros, on se croirait dans le film. Le passage sur le pont et l'arrivée sur la place du village, ainsi que la visite de la Green Dragon Tavern, ne
font que poursuivre l'illusion, d'autant qu'il fait très beau, que tout est lumineux, et que le petit lac est calme... une atmosphère paisible entoure les lieux. En regardant le moulin à travers
les vitres de la taverne (l'intérieur est génial, aux teintes jaunes, en bois, avec une grande cheminée, des dessins ou des contes fantaisistes et imaginaires sur les murs... nous sommes dans un
autre univers), la chanson du film nous vient immédiatement à l'esprit. On se croirait dans le film, c'est drôle. Du coup, ce soir, pas possible de faire autrement que de regarder de nouveau les
20 premières minutes du premier épisode (ce sera très bizarre en fait, mais agréable... on saura du coup où étaient placées les caméras, on se dira "on a marché ici, on était là, on est passé là"
etc...). Tout cela prend presque deux heures. Nous ne regrettons pas d'être venus, car la qualité des décors, des commentaires, et l'organisation générale (on ne nous presse pas, on nous laisse
le temps de prendre toutes les photos que nous souhaitons...) sont excellentes. Mais bon, pour 75 NZ$ (47euros), c'est aussi un peu normal.
Nous rejoignons le camping-car vers 14h, mais partons un peu plus tard, après avoir déjeuné, et reparlé de tout ce que nous avons vu. Du coup, nous sommes pressés de revoir les séquences du film
ce soir. Nous décollons véritablement à 15h50, et rejoignons Hamilton (164 000 habitants) vers 17h. Nous sommes alors loin des petites villes du sud du pays. Il fait encore jour, et nous
continuons en direction d'Auckland. Les paysages sont un peu languissants, lassants, répétitifs, à cause de leur ressemblance. La couleur du vert est néanmoins surprenante, partout.
Vers 18h, nous nous installons dans un campervan Park, à Ramarama, à 40km au sud d'Auckland. Il semble en effet qu'il n'y ait pas du tout d'endroit pour les camping-car là-bas, mieux vaut donc
s'arrêter ici, surtout que le prix de celui-ci est encore correct. On ne sait pas bien du coup comment nous ferons quand nous reviendrons dans le coin dans quelques jours. On verra bien. Nous
écrivons quelques articles jusqu'à 20h, avant de recharger l'ordinateur dans la laverie commune, mais vide, du camping, en le camouflant sous des magazines que nous posons sur l'un des
sèche-linges disponibles.
Après dîné, nous repensons à nos moments préférés ici, en NZ, à quelques jours du départ, après un mois et demi passé dans le camping-car et à silloner le pays. Et du coup, nous extrapolons sur
les autres pays dans lesquels nous sommes allés, chacun donnant son opinion. Cela nous demande de réfléchir, et de nous concentrer, ce qui est révélateur. On aurait presque besoin du site pour
voir si nous n'oublions pas un moment important. En fait, bien qu'étant toujours "dans" le voyage, le nez dans le guidon, à absorber les expériences, et avec encore beaucoup de choses devant
nous, c'est la première fois que l'on commence à entrevoir l'étendue de ce que l'on fait. On comprend qu'il va falloir du temps une fois rentré pour mesurer tout cela...
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Sof (vendredi, 07 juin 2013 09:01)
J'essaie de rattrapper mon retard... :-p
C'est génial!!!! Quelle chance vous avez eu d'aller voir ça!! Vous ne regarderez plus jamais le Seigneur des Anneaux de la meme manière... :-)