J33 - Tongariro Alpine Crossing

Grosse journée de marche, qui débute finalement à 8h30, et va se terminer à 16h30. Nous aurons donc mis 8 heures, pauses et déjeuner inclus, en prenant notre temps, pour rejoindre les trois lacs nichés 800m plus haut, au milieu de fumerolles. Tout le long, et dès le départ, une odeur de souffre nous accompagne, plus ou moins forte selon les moments. Une fois arrivés là-haut, après deux grosses montées d'une heure chacune les pieds dans les blocs de lave sèche ou dans une piste de sable noir fin, avec des reflets rouges par moments, bien pentue et entourés d'un brouillard épais, nous ferons demi-tour, pour remonter une grosse centaine de mètres, et reprendre le chemin par lequel nous sommes arrivés. Nous avons en effet décidé de faire un aller-retour, plutôt que de continuer et payer la navette du retour.


La première partie de la marche consiste à se rapprocher du Mt Nagauruhoe, autrement connu comme le Mont Doom dans le Seigneur des Anneaux (toutes les scènes ont été tournées ici, et on comprend pourquoi quand on voit la désolation des lieux), et à gravir un de ses versants, pour arriver ensuite au Red Crater, une grande plaine aux couleurs jaunes et rouges située entre ce mont et le Mt Tongariro, sur notre gauche. Pourtant, cet endroit n'est pas un cratère à proprement parler. Il en a juste l'allure. Une fois là haut, après une pause d'une dizaine de minutes qui permet à Audrey de repartir après avoir envisagé d'abandonner (horrible idée) à cause d'un accès de faiblesse prolongé, nous naviguons entre les deux sommets, dont le premier est superbe. Formé il y a 2500 ans, il a une vraie gueule de volcan, aux pentes longues et convexes, au sommet horizontal, à la forme conique, avec une cheminée, aux côtés parfaitement sympétriques, comme dans les dessins d'école. Un vrai stéréotype, et clairement le plus typé des trois volcans de la zone. Superbe, surtout quand nous sommes si proches. Quelle sensation agréable de se trouver si près d'une montagne, quand elle change d'échelle pour révéler toute sa grandeur, et devient si imposante qu'elle en devient presque effroyable, en tous cas menaçante, systématiquement. Nous sommes à 1500m d'altitude, soit 300m plus haut que notre voiture. Plus que 400 avant une descente qui nous mènera aux lacs, et que nous devrons regravir sur le chemin du retour. Nous croisons pas mal d'autres marcheurs. Le vent est faible, mais le brouillard, surtout pendant cette deuxième partie de l'ascension, devient plus important, couvrant quasiment tout le temps le sommet du Mt Ngauruhoe, jusqu'à tout ce qui nous entoure au fur et à mesure de la montée. Nous sommes dans les nuages. Nous n'avons pas froid, sauf aux mains, et sommes bien couverts. Là haut, un panneau nous indique que nous traversons la zone à risque, la plus exposée en cas d'éruption. C'est d'ailleurs cette partie qui était fermée jusqu'au 8 mai dernier, suite à l'éruption du Tongariro (1968m) d'il y a 6 mois. Lui et le Mt Ngauruhoe (2290m) peuvent être gravis, mais les conditions d'aujourd'hui ne valent pas le détour et l'effort : nous n'y verrions rien. Nous continuons donc, après avoir fait une pause bienvenue, sous le ciel gris. Les couleurs de la roche, qu'elle soit à nos pieds, proche, ou distante, passent du noir au jaune, avec des traits rouges, parfois sous forme de strates, parfois dans un mélange poudré dont on se demande l'origine. Enfin, après être montés puis avoir continué dans la descente, nous arrivons près des lacs, que nous ne distinguons pas à cause du brouillard. Sensation un peu frustrante de savoir que tout autour de nous est spectaculaire sous un ciel bleu. Puis, quelques minutes après, pendant que nous faisons attention à nos pas dans cette pente où notre pied s'enfonce à moitié dans le sable noir (de la lave broyée), les lacs se découvrent, par intermittences. Une fois à côté, nous pouvons mieux les voir, mais sans pouvoir admirer ce que leur couleur serait avec une belle lumière d'été. Néanmoins, leur bleu est déjà très beau. Sur les côtés, la terre fume, et s'échappent ci et là des colonnes blanches, tout autour. Génial. Dire qu'ici, quand la terre gronde, le magma jaillit, et que ces pierres autour de nous, comme ces deux coulées de lave géantes que nous avons passés et traversées il y a quelques heures, et que nous retrouverons sur le chemin du retour, lorsqu'il ne nous restera qu'une grosse heure à marcher, étaient un jour en fusion, et viennent des profondeurs de notre planète. On adore. Un peu comme les baleines, c'est le genre de choses que l'on ne connaissait que dans les livres ou dans les documentaires. Mais là, nous y sommes, et nous pouvons réaliser l'endroit et l'environnement qui nous entoure, et dont nous faisons un court instant, pendant quelques heures, une fois dans notre vie, partie. On espèrerait presque une explosion et être invincible. Notre esprit s'aventure, étant donné le contexte - et pendant l'une des pauses au cours desquelles nous regardons autour de nous - à contempler, à imaginer ce qui a pu se produire ici, la violence et le déchainement des éléments, la brutalité (ou non) d'un toussotement volcanique aux dimensions inhumaines. On comprend pourquoi les Moari ont rendu ce lieu sacré. Comment ne pas imaginer une puissance divine, dans d'autres temps, en assistant à une éruption ? 


Après être revenus au Red Crater, et avoir mangé un coup, nous retraversons la plaine, nos pieds dans une boue jaunâtre à moitié sèche, pour sortir du nid volcanique, et retrouver le versant extérieur par lequel nous sommes arrivés. Nous avançons facilement (la descente aidant) sur le chemin très pratiquable, complètement entourés de lave sèche. Au loin, plus bas, nous apercevons la voiture. Le temps s'améliore un peu, surtout quand nous terminons la dernière demi-heure, à longer un petit ruisseau dont l'eau est parfaitement claire et le fond jauni par le souffre. Nous arrivons, enfin, après plus de 20km, au parking. Il est 16h30.

 

Fatigués par la distance, la durée, et le dénivelé (+850/-850, pas incroyable, mais correct), bien qu'Audrey serait d'accord pour dormir de suite, nous décidons de partir pour Turangi, à 1h de route de là, afin d'avancer un peu et de gagner du temps, pour profiter encore de la lumière pour rouler. A l'arrivée, la statue d'une grande truite nous accueille (vous avez remarqué, ils aiment bien les grandes statues à l'entrée des villes en NZ). La Tongariro River toute proche est en effet connue comme étant l'une des plus fameuses pour la pêche à la truite. Tout comme le lac Taupo d'ailleurs où elle se jette au nord de la ville, et que nous longerons demain. Nous trouvons rapidement un camping, quasi désert, prenons une bonne douche, et passons une soirée tranquille. La nuit sera, évidemment, très bonne. 

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 3
  • #1

    Couz - JM (lundi, 27 mai 2013 09:27)

    Et Sauron, vous l'avez pas vu ! Paysage incroyable...hate de voir la suite de vos aventures...A quand une séquence avec ma présentatrice préférée :) ?

  • #2

    La Plume de Rosa (lundi, 27 mai 2013 09:48)

    personnes

  • #3

    Lolo (samedi, 01 juin 2013 12:40)

    vous m'avez volez mon préécieuuux