6 mois déjà... so far so good

... et dejà plus de 50 000km, plus de 10 000 photos, des lieux magnifiques et si différents, des kilomètres de marche à arpenter une partie du globe, des rencontres en tous genre, des émotions pleins la tête, et beaucoup, beaucoup de souvenirs.

 
C'est drôle de n'être à la moitié du voyage, pour ce moment un peu fatidique qui marque désormais un décompte jusqu'à notre retour (bien que nous ne le vivions pas du tout comme cela), et d'être en plus pile à ce moment à l'opposé du globe exactement, en NZ. L'autre moitié du globe pourles 6 autres mois. Détail amusant.

Il nous reste encore beaucoup de choses à voir, et non des moindres. Des endroits exotiques, d'autres plus classiques, encore des plages, des montagnes, des îles, de la nature, des villes, d'autres cultures, que nous pourrons ensuite comparer aux autres, même si nous n'en aurons eu qu'un aperçu.

Un an de voyage pour faire le tour de la planète, c'est ce qu'il faut. Nous nous disons que nous faisons déjà beaucoup d'arrêts, et 6 mois n'étaient pas de trop pour n'aller "que" jusqu'en Nouvelle-Zélande. Alors imaginer aller sur les autres continents et s'immerger dans leur culture dans ce même laps de temps, cela aurait voulu dire vouloir en faire trop, et privilégier la quantité. Autrement dit, nous n'imaginons le cas où nous n'aurions eu que 6 mois et faire tenir dedans ce qu'il nous reste à faire. A la moitié de notre aventure, nous sommes ravis d'avoir encore bien du temps devant nous. Nous n'avons pas le blues du pays, et ne nous sentons paradoxallement pas si loin, grâce au site, et aux nouvelles que nous donnent certains.

Néanmoins,  être parti permet de réfléchir à soi, aux autres, à ceux qui comptent, de prendre de la distance, de se rappeler bien des choses, et, pour faire simple, de réaliser à quel point nous aimons certaines personnes et avons de la chance. Comme, par exemple, que notre sphère de liberté soit gigantesque, alors que dans de nombreux pays, elle ne prend forme qu'à la maison, et rarement en dehors. Que cela engendre un nombre d'excès incroyable. Que l'hypocrisie est phénoménale, et qu'un grand nombre d'interdits sont là pour forcer un mode de vie, dans une tentative de nier et d'accepter le monde dit "moderne". On comprend mieux la soif de vivre à l'occidental de plusieurs pays dans lesquels nous sommes allés. Voyager, et vivre des situations si différentes, permet aussi de relativiser bien des choses, et d'en remettre d'autres en perspective, que ce soit sur le plan personnel, ou bien par rapport à notre pays d'origine. La vision de la France à l'extérieur est si différente de celle que nous avons à l'intérieur. Ecouter des points de vue, comparer des modes de vie...nos 6 derniers mois appellent bien des refléxions, sur tant de sujets. Se rendre compte que le monde se globalise tous les jours, que c'est une réalité et surtout une aspiration pour de nombreux indiens, chinois, cambodgiens, japonais ou australiens. Une soif de l'extérieur. Tout cela appelle aussi son lot de questions et de débats. Mais, après avoir parlé à tant de personnes, notre point de vue ne sera probablement plus jamais le même. Qu'en sera-t-il de l'autre côté de la planète, et au milieu du Pacifique ?

Se remettre en cause, se confronter à d'autres habitudes - personnelles, collectives, ou sociales - se plier à d'autres codes, affronter l'inconnu, être capable de se dépasser, de s'adapter, observer les choses selon d'autres perspectives, réfléchir sur l'uniformisation des comportements, s'interroger sur ce que recouvre réellement la notion d'écologie après être allé en Inde, avoir l'impression que ce n'est qu'un concept de pays riche, se questionner sur l'humanitaire quand certains projets déstabilisent des villages, créent des tensions, ou que certains en profitent pour s'accaparer un savoir pour faire payer les autres, réaliser que nul n'a besoin d'aller au bout du monde pour véritablement aider, observer les mêmes effets partout du tourisme de masse, se demander en quoi a-t-on changé, qu'a-t-on appris.... tant de choses parmi d'autres auxquelles nous pensons en regardant un peu derrière nous, sans pour autant savoir répondre à ces questions ou mettre en mots les pensées qui les accompagnent. Une boîte à questions est désormais ouverte. Il faudra du temps pour apprécier les retombées de ces expériences. 

Ces 6 mois, ce sont aussi des mois et des mois à deux sans jamais, vraiment jamais, se quitter, se séparer, à part deux fois pour seulement quelques heures. Mais jusqu'ici, tout va bien. En revanche, l'absence de vie sociale, en dehors de rencontres éphémères, pèse un peu parfois, chacun de son côté. Partir à deux, c'est faire le choix de ne plus avoir de "moments à soi", ou très peu. Une expérience en soi, parmi d'autres, dans l'aventure.

Quand nous pensons au retour, nous sommes contents. Peut-être cela changera-t-il, mais aujourd'hui, et depuis pas mal de temps, nous imaginons tous les bons moments que nous allons vivre, de l'arrivée à l'aéroport au tour de France que nous ferons pour voir tous ceux auxquel nous pensons, et raconter, partager, échanger. Et aussi les retrouvailles avec de "vrais" fromages, saucissons, foie gras, et bonnes bouteilles qui attendent dans vos caves (rires). Ca va être bien.

Après ces 6 mois, une chose en tous cas nous semble certaine : nous avons fait le bon choix, et prenons peu à peu conscience de l'impact que tout cela va avoir, ainsi que de la taille du projet que nous nous sommes donnés les moyens de vivre.

Régulièrement, nous nous disons que ce que nous sommes en train de vivre est complètement fou.