J13 - Milford Sound

A 8h, en se réveillant, des voitures de touristes arrivent déjà sur le parking du lookout. Nous ne sommes pas sereins, car il est interdit de passer la nuit ici, même en étant "self-contained" (lorsque votre camping-car ne rejette aucun déchet ni eaux usées). En fait, la voiture arrêtée à côté est celle d'un couple que nous avions croisé pendant la marche dans la Hooker Valley, celle où il avait tant plu et venté. Nous nous dépêchons quand même de tirer les rideaux et de nous habiller, puis de faire chauffer le moteur pour dégivrer le pare-brise. Le ciel est bleu, et nous retrouvons le panorama sur la vallée, toujours aussi sympa, surtout avec les couleurs du matin.

Nous partons, et retrouvons la route que nous avons empruntée hier. Est-ce parce que nous la connaissons déjà, ou parce qu'il fait complètement jour, que nous sommes un peu moins impressionnés ? Néanmoins, nous nous arrêtons plusieurs fois faire des photos, filmer, car tout est très beau et toujours aussi majestueux. Les montagnes sont regroupées, et la route serpente à leurs pieds. Par terre, l'herbe est blanchie par le givre. En fait, nous ne sommes pas moins impressionnés, juste plus à l'aise. Car en regardant tout cela, tout autour, nous sommes quand même comtemplatifs. Comment ne pas l'être de toutes façons ? Nous adorons. Impression que les sommets vont se renverser sur nous, tels d'énormes vagues (600 à 800m tout de même) arrivant simultanément de tous les côtés. Nous arrivons à l'entrée du tunnel d'hier, et attendons les 4min 50secondes que le feu nous donne la permission d'entrer et de passer à travers l'intégralité de la paroi. A côté, comme à l'autre bout, nous sommes aux pieds d'un barrage naturel. Un des grands décors qui nous ont marqué jusqu'à présent. Les échelles sont différentes, surtout quand on voit une voiture, minuscule, sur la route, perdue au milieu de tout cela. Nous continuons, avec de nouveaux arrêts photos qu'il serait criminel de zapper (même si finalement tout ne rend pas), et nous garons, en ressortant de ce groupe de sommets qui nous ont donné tant d'émotions entre hier et aujourd'hui, pour aller voir "The Chasm", un torrent passant entre des rochers et dans une faille naturelle, que l'on peut observer depuis quelques mètres de haut via un pont aménagé. Le bruit de l'eau dévalant et ayant sculpté la roche est abrutissant. Il ne faut que 10 minutes pour rejoindre la voiture, en passant dans un bois semblable à la forêt d'hier, plein de lichen et de vert, luxuriant et végétal. Sur le chemin, depuis ce matin, la route fume par endroits, à cause de la condensation de l'air, de la fraîcheur et des rayons du soleil sur l'humidité de l'aube. A 11h20, nous arrivons à Milford. Le temps est toujours beau, mais quelques nuages se forment sur les hauteurs. Nous avons devant nous une vaste étendue d'eau, fuyante, bordée de paroi et de pics. Un peu comme si vous étiez en altitude, proche des sommets, et qu'il y a avait de l'eau devant vous. C'est donc ça les fjords. Sur la croisière que nous allons faire un peu après, nous apprendrons que ce décor résulte d'un glacier de l'époque glaciaire (on parle donc d'un glacier d'une autre dimension que ceux d'aujourd'hui, probablement de plusieurs kilomètres d'épaisseur à l'époque) se jetant dans la mer, qui a peu à peu modelé les parois des montagnes autour, puis a fondu pour laisser place à ces plans d'eau sur lesquelles il est possible de naviguer. A contrario, un "Sound" (comme Doubtful Sound) est une vallée où l'eau s'est engouffrée suite à l'affaissement du terrain, ayant passé sous le niveau de la mer (et pas que de quelques mètres).


Nous commençons par faire une petite marche autour de la "plage", dans une forêt qui débouche sur l'eau, et sur le Mt Mitre, dont le sommet trône 1692m plus haut (nous sommes de notre côté au niveau de la mer). C'est drôle, car nous sommes dans les montagnes, et ça sent la mer. C'est en effet marée basse, d'après les mètres de sable découverts devant nous, dans lesquels picorent quelques hérons. Un ballet d'hélicoptères vont et viennent, à intervalles réguliers. Nous allons ensuite là où les bateaux sont acostés, et où il est possible de booker des croisières plus ou moins longues. Nous hésitons à passer la nuit sur un bateau, avec possibilité de prendre un kayak pour pagayer à quelques mètre des bords verticaux des bouts de terre s'élevant un peu partout, mais préférons finalement une croisière partant dans 20 minutes, de 2h (la plus longue), car la météo n'est pas bonne demain, et va apparemment se gâter d'ici la fin d'après-midi. Coup de chance, c'est à partir d'aujourd'hui qu'une réduction de 20% prend effet sur tous les prix. Nous embarquons donc sur un grand bateau, un 3 mats motorisé, avec une cinquantaine d'autres passagers. Le trajet nous emmène au milieu de ces bras d'eau, naviguer le long des parois, observer des phoques posés sur des rochers, jusqu'à l'embouchure et la mer de Tasmanie, pour admirer les fjords au seuil de l'océan, couvrant plus de 200km de côtes. Pas commun de naviguer au milieu des montagnes. C'est très beau, et différent. Nous imaginons les premiers hommes (des européens) ayant parcouru ces sentiers fluviaux et maritime, découvrir ces paysages, les montagnes abruptes surgissant de l'océan, à naviguer dans cette vallée, de jour comme de nuit. A l'aller comme au retour, nous passons à côté de cascades de plusieurs centaines de mètres de haut, en nous approchant tout près. Il paraît qu'il y en a partout lorsqu'il a beaucoup plu les jours précédents. L'équipage sur le gros bateau nous délivre de nombreuses informations à travers le haut-parleur. Il pleut ici plus de 235j/an, et tombe environ 7 à 8m d'eau, en faisant un des endroits les plus pluvieux du globe. Nous avons donc de la chance aujourd'hui. La profondeur de l'eau varie de 200 à 400m, ce qui nous scotche, car nous pensions qu'il y avait une cinquantaine de mètres de profondeur. On imagine du coup la taille du glacier ayant fondu... la balade se termine, non sans être passé par un autre chemin, permettant d'apercevoir un versant couvert de neige pas très loin (bizarre, quand on regarde de l'autre côté on voit la mer et l'océan ! ). Nous avons bu la soupe qui était à disposition, et arrivons au quai lorsqu'il commence à pleuvoir. Parfois, sur le trajet, des dauphins ont suivi la bateau et ont ouvert le chemin. Tout le monde s'est alors précipité à l'avant pour les observer bondir hors de l'eau.

 

C'est le milieu d'après-midi, et après avoir réfléchi, nous décidons de rentrer sur Te Anau. A part refaire une autre croisière, ou prendre un hélicoptère pour voir tout cela de haut (nous préférons faire ça plus tard, autre part dans le pays, car ce n'est pas donné), il n'y a pas beaucoup de raisons de rester. Si, nous pourrions trouver une marche. Mais le temps n'est pas terrible, et nous préférons avancer. Retour donc dans la vallée, dans le tunnel, à avoir cette fois-ci devant nous le décor que nous avions laissé dans le rétroviseur ce matin (et toujours aussi beau, avec de nouvelles vues, sous d'autres angles), puis, après une heure de route, la pluie s'arrête, et nous sortons de la zone montagneuse pour retrouver quelques forêts, puis des champs (mais avec toujours en arrière-plan, au loin, la chaîne). Nous marmonons la chanson du Seigneur des Anneaux tous les deux, en choeur, en roulant pendant tout ce temps, sur la seule route disponible. Ici, écrivains, peintres, et artistes se sont servis de ces décors pour leur inspiration. Lesquels ? On ne sait pas, c'est juste écrit dans le Lonely Planet. Ce ne serait pas du tout étonnant cela dit. Nous progressons bien, le soleil refait surface, et nous retrouvons à Te Anau le même camping qu'avant hier à 17h15. Nous payons les 5 NZD pour avoir Internet, faisons des crêpes que nous n'arrivons finalement pas à faire cuire dans cette fxxxxxx poêle qui accroche autant qu'elle peut. La bonne idée sera d'aller chercher celle à disposition dans la cuisine du camping, et de remettre de l'huile dedans à chaque fois en grattant avec un sopalin avant chaque crêpe. On aura eu du mal, mais on les aura eu nos crêpes. Nous trions des photos d'Australie, que nous regardons en ayant l'impression que c'est loin, pour commencer notre Best of de ce pays, afin de le sauvegarder sur Internet.

       

Écrire commentaire

Commentaires: 3
  • #1

    La Plume de Rosa (samedi, 04 mai 2013)

    qui

  • #2

    Royal (dimanche, 05 mai 2013 09:48)

    Yo les amoureux !!
    J'ai trop peu lu vos aventures, faute de temps, mais vous inquiétez pas, je pense souvent à vous. Vous avez l'air d'en prendre plein les yeux. Ca fait plaisir ! Profitez en bien !
    Ici ca va, des petites choses qui bougent et sinon la routine. De votre côté, j'espère que vous pensez un peu à nous, pauvres français et qu'on vous manquent quand même un peu.
    Et aussi, j'espère que vous trouvez l'occasion de danser de temps en temps !
    Allez je vous laisse, ma femme me harcèle pour avoir son petit déjeuner ! C'est ca la vie d'homme marié ;-)
    A bientôt ! G hâte de vous revoir !
    Peace,
    Royal

  • #3

    Couz - JM (mardi, 21 mai 2013 14:17)

    si fred entends : Bon app !