J7 - Mt Cook

L'électricité, ça a du bon quand même. Contrairement aux autres jours, cela nous a permis de nous servir du micro-ondes hier, de faire griller du pain ce matin (avec du Nutella, sublime), de ne pas nous soucier de l'eau chaude car nous n'utilisons pas le gaz (on apprendra plus tard que l'on se fait encore trop de soucis pour le gaz, et que nous sommes loin d'en manquer), pouvons utiliser le chauffage électrique, recharger nos appareils, et ne pas se soucier du niveau de la batterie principale pour les lumières. Bon, on s'en sort bien quand même sans, mais de temps en temps, comme aujourd'hui et hier soir, ça fait du bien.


10h, nous mettons le cap vers le Mt Cook, et laissons le lac et cet endroit pour un autre que l'on espère tout aussi beau. Après 45 minutes de route, pendant lesquelles nous sommes un peu plus près des montagnes, et naviguons toujours dans un décor mi-désertique (rien, aucune vie visible, et une seule route le traversant) mi-fabuleux, nous atteignons, en sortant comme hier d'un virage, le lac Pukaki. Vous devinez la couleur, c'est la même que celle de celui d'hier. C'est fou ces couleurs, mais comment ils font pour avoir ce genre de choses les Néo-Zélandais ? C'est vrai quoi, pourquoi nous n'avons pas de telles étendues et de telles couleurs en France ?  Eh bien parce que les sédiments du bassin où se situe le lac sont issus d'un ancien glacier, qui est peu à peu descendu jusqu'ici, chargeant lentement mais sûrement la glace de petits minéraux qui flottent aujourd'hui dans l'eau pour lui donner sa couleur laiteuse, bleutée et parfois brillante quand les rayons se reflètent dessus. Le lac est partiellement entouré de montagnes enneigées, et au fond, tout au fond, le Mont Cook (ou Mt Aoraki en Maori) se dresse magistralement, du haut de ses 3 754m. Sur le parking du lookout où nous nous sommes arrêtés pour reprendre nos esprits après ce choc panoramique, c'est la claque visuelle. La première (espèrons pas la dernière) de Nouvelle-Zélande. Clairement. Les volumes, les couleurs, la superposition des plans, le contraste entre le plat immense de la vallée vers laquelle nous allons et les parois des montagnes, la petite route et les voitures perdues dans ces echelles inhumaines... vous coupent le souffle. Un paysage rare et jamais vu auparavant. Pour le moment, l'un des plus beaux que nous ayons vu, probablement dans le top 10. Les photos sont sûrement belles, mais observer cela de ses yeux, pouvoir tourner la tête, voir l'ombre des nuages sur l'eau, fixer un point précis sur l'horizon, sur un sommet, ou tout près sur le bord du lac, ou s'amuser à chercher les détails est un vrai privilège. On comprend maintenant pourquoi tout le monde parle de la Nouvelle-Zélande et de ses paysages. Nous reprenons la voiture et continuons, et entrons dans le Mont Cook National Park (un parc de 700km², qui regroupe la quasi-totalité des sommets de plus de 3000m de NZ). En nous rapprochant du Mt Cook, devant nous, clairement visible grâce au beau temps (merci pour cette météo, car nous n'aurions pas eu cette sensation sans un ciel globalement dégagé), nous entrons dans une énnnoorrrrmmmeeeee vallée, que nous remontons petit à petit. On comprend pourquoi Peter Jackson est venu là filmer la trilogie culte de l'Anneau. Pendant des kilomètres, le lac disparaît, pour laisser place à une plaine, pendant que les montagnes gagnent en altitude au fur et à mesure. Nous nous arrêtons plusieurs fois pour des séances photos. Nous pensons être atteint de "camera-clic" aigü. Un virus typiquement local.

 

Nous arrivons enfin au Mt Cook Village, un petit village regroupant une station-service, un ou deux hôtels, un Visitor's Center, et un musée dédié à Sir Edmund Hillary, le premier homme à avoir gravi l'Everest, et néo-zélandais. Nous sommes un peu plus au milieu des parois. Au dessus de nous, nous voyons deux, puis trois, puis quatre grandes coulées de glace bleue, un bon millier de mètres plus haut. Nous faisons un tour pour prendre les infos au DOC Center, après avoir fait un tour au musée. Nous avons confirmation qu'il est possible de faire du kayak autour d'icebergs, ou bien d'aller sur un canöé pour s'en approcher également. Pas mal. Nous passons au café d'à côté, où ces activités peuvent être réservées, mais il est malheureusement fermé, à cause de l'Anzac Day (un jour férié ici et en Australie). Nous repasserons demain à l'ouverture pour voir ce qu'il en est. Nous partons du coup en camping-car à quelques kilomètres, de l'autre côté d'une des montagnes toutes proches (le Mt Wakefield), traversons transversalement la Tasman Valley par une route en gravier à une seule voie, et effectuons juste après déjeuner une marche nous conduisant au sommet d'un petit mont, permetttant d'avoir une superbe vue sur le Tasman glacier. Le glacier est un peu loin, au deuxième plan, et recouvert de terre et de roches. Il est en revanche long. Sa source n'est pas visible d'ici. En 1890, il arrivait à nos pieds, mais aujourd'hui, c'est un lac sur lequel flottent quelques icebergs, les premiers de notre vie que nous voyons. Ils ne sont pas très gros, en tous cas vus d'ici, mais nous voyons bien le bleu et leur transparence par endroits. Dire que ces bouts de glace ont été formés il y a plusieurs centaines d'années ! Au fond, de gauche à droite, le ciel dégagé nous permet de voir le Mt Cook, le Mt Tasman et les "Minarets". La vue est surperbe, car nous avons ces trois sommets face à nous, le glacier, le lac, les icebergs, l'autre versant d'une montagne (bordé d'arbres et de coulées de terre) sur notre droite, et la vallée immense, à perte de vue, derrière nous, avec tout au fond, le lac bleu de ce matin que nous distinguons à peine. Même si le vent souffle un peu, nous restons là, un peu ébahis. Puis nous redescendons une partie de la montée que nous avons prise pour arriver, et bifurquons pour prendre un autre chemin, menant celui-ci à des petits lacs normalement bleus, mais en fait plutôt verts. Ce sont plus des étangs que des lacs, et ils n'ont rien d'exceptionnel. C'est cependant agréable de se promener dans la région, et d'imaginer par exemple le décor en hiver (donc en août), quand tout est recouvert de blanc, et les avalanches qui doivent avoir lieu entre les différentes arrêtes face à nous, là haut. Le temps se couvre un peu, mais il ne pleut pas. Nous revenons enfin sur une route en gravier, d'où reviennent un groupe de touristes transportés par un engin 4x4 bien d'ici, qui nous mène jusqu'à notre point de départ. Nous avons en tout marché 1h30, peut-être un peu moins. Juste chauds donc. On en prendrait bien un peu plus, surtout qu'il n'est pas sûr de faire beau demain. Et puis on est là pour ça, non ? Nous décidons donc d'aller voir de plus près les icebergs de tout-à-l'heure, auprès desquels nous arrivons via un chemin de cailloux et de rochers, après être montés et avoir suivi l'arrête formée par un amoncellement de pierres, donnant directement sur le lac. Les Icebergs ne sont pas loin, mais nous ne trouvons pas le moyen de rejoindre la rive pour être à leur niveau, et devons nous contenter de les surplomber, distants d'une centaine de mètres. Nous sommes seuls, et cela nous rappelle un peu le Népal. Retour au camping-car, et direction le camping du DOC, le seul ici (à part un autre à 25km, et camping sauvage interdit dans le parc) par la même route qu'à l'aller, longeant la Tasman River. Nous inscrivons nos noms sur le bout de papier à mettre dans l'enveloppe contenant les 20$ dûs, que nous glissons dans la boîte aux lettres réservée (le système est basé sur la confiance. Il peut cependant y avoir des contrôles par les rangers), et fixons à notre rétroviseur le numéro correspondant à ce papier, pour aller nous garer sur le site. Nous sommes à l'entrée de la Hooker Valley. Le Mont Wakefield nous sépare juste du côté où nous sommes allés marcher, pour nous retrouver pas très loin de là où nous sommes arrivés ce midi. Le vent commence à souffler quand nous fermons les rideaux. Nous ne sommes pas mécontents d'avoir un camping-car, quand nous voyons en face des gens lutter avec leur tente et dîner à la frontale dehors. Le vent est en train de se lever plus sensiblement d'ailleurs, et il se met à pleuvoir. Nous préparons à manger, et regardons un film, Le Prénom. Nous nous endormons avec le vent soufflant sur notre abri.

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    La plume de Rosa (vendredi, 03 mai 2013 18:20)

    me