Départ à 9h40, après un petit coup d'oeil aux commentaires laissés sur le site. Le genre de détail qui nous met toujours de bonne humeur. On s'aperçoit qu'il est 23h45 en France, et que vous allez vous coucher quand nous commençons notre journée. Ca fait drôle. Typiquement le truc qui nous rappelle que l'on est presque à l'autre bout du monde. Le temps est orageux. Nous levons l'ancre, après avoir chargé le coffre, et tournons à droite juste avant la ville de Robe, initialement notre point de chute d'hier soir. Nous prenons la route de Little Dip Conservation Park, pas très bien goudronnée. Nous n'aurions peut-être pas roulé ici avec cette voiture il y a deux semaines, mais aujourd'hui, en voyant que les compagnies de location ne facturent rien tant que les éventuels impacts sur la peinture ne dépassent pas un centimètre, et que nous avons déjà pris ce genre de route en gravier, nous sommes beaucoup moins stressés. Mais finalement, nous faisons demi-tour, car nous tombons sur une route goudronnée et n'avons plus d'information par rapport au parc que nous souhaitions aller voir. Pas envie de se perdre, ou de passer trop de temps à chercher. Arrivés à Robe, nous allons nous garer près de plusieurs points de vue en bord de mer. Sur l'un d'eux, nous rentrons presque trempés, surpris par l'arrivée rapide de la pluie. Le panorama n'en reste pas moins très joli, avec quelques falaises donnant directement sur l'océan, plutôt agité. A notre grande surprise, nous croisons des ruines, très semblables à des gallo-romaines. Inattendu dans ce coin du monde. Un peu plus loin, un obélisque termine un bout de terre, sur lequel nous pouvons marcher, et admirer la baie face à nous. Sur un rocher, à l'abri des vagues, un éléphant de mer prend le soleil, souvent caché. Le vent souffle par moment, et l'air est salé, à tel point qu'entre la pluie de tout-à-l'heure et les embruns, le pare-brise est couvert de sel. Arrêt rapide dans un supermarché pour acheter de quoi grignoter. Nous tombons sur des mentos goût pina colada et mojito, une découverte.
Vers midi, nous reprenons la route, et choisissons de prendre la Powell Road, celle la plus proche de la côte. C'est en fait une piste au milieu de champs jaunes et de boeufs en liberté. En fait, nous traversons le Little Dip Conservation Park que nous souhaitions faire juste avant, comprenant plusieurs lacs, dont le Lake Elizabeth, très grand, plutôt asséché, et dont la vue surprend au milieu de tout cela. Sur la piste, nous nous arrêtons pour prendre une photo, quand la voiture arrivant juste en face fait de même pour s'assurer que tout va bien, et que nous n'avons pas de problème. Il faut dire que nous ne croisons pas grand monde. Ils sont sympas ces australiens. Dans les prochains jours, Nous ferons du coup de même à plusieurs reprises en voyant des voitures arrêtées au bord de la route.
Il fait maintenant un grand ciel bleu. C'est un peu les giboulés de mars ici. Nous sommes sur la Limestone Coast. A un embranchement, nous choisissons de tourner à droite, vers Nora Creina (il y a apparemment des choses à voir par là), et prenons de nouveau une piste. Après 10 minutes, nous rebroussons chemin, car la pente devant nous, qu'il faut monter, ne nous inspire pas. Trop longue, trop pentu. Pas envie d'avoir un problème, d'avoir des frais à payer plus tard parce que la voiture n'avait pas assez de puissance pour grimper, et est repartie en arrière. Elle a l'odeur d'un 4x4, mais ce n'en est pas un. Nous retrouvons alors, pour ne pas changer, non pas des boeufs, mais un lac de sel rosé. Le Lake St Clair ou plutôt le Big Dip Lake ? On ne sait pas bien. L'un ne doit pas être loin de l'autre de toutes manières. Nous faisons un arrêt au "woakwine cutting", un passage creusé dans la roche, de dix mètres de large, pour permettre à l'eau de l'océan (que nous voyons au loin) de passer et d'irriguer les champs que nous verrons un peu plus tard depuis un lookout donnant sur une grande plaine. Là bas, de belles différences de couleurs apparaissent, avec une belle bataille chromatique autour du vert et du jaune, en fonction du niveau de sécheresse, d'irrigation ou d'ensoleillement.
En début d'après-midi, nous croisons un "ant eater", une sorte de petit tamanoir (son vrai nom, que nous apprendrons ultérieurelemnt, est "echidna"). Une sorte d'hérisson avec un long nez
pour aller chercher les fourmis. Nous ne sommes alors plus très loin du Mont Gambier, 50km tout au plus. Sur le chemin nous passons au milieu de forêts immenses, s'étalant à perte de
vue, et dont la taille surprend quand la route s'élève un peu, permettant de prendre quelques mètres de hauteur et de perdre son regard. Des pins ? Nous descendons vers le sud, mais les
paysages sont comme si nous remontions vers le nord de l'Europe, et passions de l'Espagne à la Hollande. La ville de Mont Gambier, c'est 24 500 habitants, une très grande ville dans le
coin. Elle est surtout connue pour sont lac, situé dans le cratère d'un volcan, qui change de couleur pendant l'été, en passant du bleu cobalt à un gris plus classique (entre avril et
novembre). Par chance, c'est encore la bonne période pour le voir bleu. L'explication n'est pas complètement établie, certains scientifiques perplexes disent que sa couleur
pourrait venir des cristaux de calcite suspendus dans l'eau quand il fait chaud. Nous y arrivons vers 14h. Nous irons le voir plus tard, car nous avons faim, et recherchons dès notre
arrivée un restaurant réputé, trouvé dans le "Limestone Coast Food & Wine Guide", le Barn Steackhouse, connu dans le région pour la finesse de sa viande. Après être passé devant des
boeufs, si massifs, noirs, et vus qu'ils n'avaient pas l'air très stressés, nous avons envie d'en avoir dans notre assiette. L'Australie est un pays bien connu des amateurs de barbaque.
Et dans l'endroit que nous avons en tête, ils élèvent leurs propres bêtes, et font maturer la viande plusieurs dizaines de jours. Miam. Nous nous rendons à l'extérieur de la ville, dans
l'exploitation agricole où se trouve le restaurant, mais malheureusement, ils sont fermés le dimanche midi. Fred est dégoûté. Nous pensons même à changer nos plans, et rester là ce soir
pour pouvoir bien diner. Nous demandons donc l'adresse d'un autre restaurant que nous avons dans notre doc, Mayura, spécialisé dans l'élevage de boeufs Wagyu 100% fullblood (autrement dit,
des wagyu qui n'ont pas été croisés avec d'autres races, comme de l'Angus). Mais nous apprenons que nous l'avons déjà dépassé. C'était à Millicent, 50km en arrière. Mais pourquoi
n'indiquent-ils pas leur foutu adresse dans notre brochure. Ils ont même une "tasting room" (et non "testing room" !). Fred est déçu. Un gros sniff. C'est un peu comme passer par la
bourgogne et ne pas prendre de vin. La chance d'être à poximité d'éleveurs de wagyu, de pouvoir manger ceux qui se baladent dans les champs d'à côté, de pouvoir discuter avec les
propriétaires, d'en apprendre plus sur les restrictions réglementaires, discuter des différences avec le wagyu japonais, considéré comme le nec plus ultra du wagyu (et qui ne s'exporte pas),
surtout après être allé au Japon et quand on connait le peu de pays en produisant... une grosse frustration. Nous pensons à profiter de l'après-midi pour faire le trajet inverse, et
dîner ce soir au Barn Steachouse, mais non, ce ne serait pas raisonnable, il vaut mieux avancer, d'autant que nous avons passé pas mal de temps à Adelaïde. Une occasion rare de manquée, qui
ne se présente pas tous les jours, et ne se représentera sûrement plus. Pas en Europe en tous cas (sauf peut-être en Espagne, mais sans être sûr que ce soit du 100% fullblood). Nous
nous arrêtons du coup dans un fast-food, devant l'impossibilité de trouver un restaurant ouvert ici. Ensuite, passage à l'office du tourisme pour prendre des documents sur la nouvelle région
de demain, l'Etat de Victoria. Nous allons alors voir ce fameux lac bleu, qui vaut vraiment le détour, depuis différents points de vue, puis le Mutton Lake et le Valley Lake (qui lui
est tout gris, et sans grand intêret). Il est 16h20, et nous repartons. Direction Port Fairy, pour ensuite profiter de la Great Ocean Road, une route mythique dans cette partie du
pays. Nous ne ferons donc pas le détour vers le nord, pour visiter le parc des Grampians, qui était pourtant sur notre liste de choses à visiter en Australie. En fait, c'est le revers
de la médaille d'être restés peut-être un ou deux jours de trop à Adelaïde.
C'est à 17h20 que nous quittons l'Australie du Sud, pour entrer dans le Victoria State. Une immense forêt de sapins, certains plantés il doit y avoir seulement un ou deux ans, nous entoure.
Un projet de re-forestation a lieu ici, et donne des hectares de sapins, tous à la même hauteur, mais d'âges différents. Un bel exemple, quand on voit le résultat et l'étendue. La
route coupe à travers tout cela, sur des dizaines de kilomètres. Nous faisons un arrêt pour rejoindre un lookout situé derrière les arbres, atteint après avoir marché un peu dans le
sable en suivant le chemin indiqué, pour tomber face à l'océan, tout au fond, sur une côte vierge, remplie de dunes de sable. Quel changement après avoir roulé entouré de sapins depuis trois
quarts d'heures. Nous avions oublié que l'océan était tout près. Probablement, sur toute cette longueur, la côte est sauvage. Nous n'avons traversé aucune ville, simplement des rangées
d'arbres à n'en plus finir. Nous traversons ensuite différents parcs nationnaux, comme le Glenelg National Park, ou le Mt Richmond National Park. Encore une fois, à part la côte que
nous apercevons de temps en temps, et les panneaux de kangourous, on se croirait au Canada. Un peu plus tard, nous faisons un stop photo lorsque un "ant eater", le même animal que Fred
a vu ce matin, traverse tout doucement la route. Audrey ne l'a pas vu, nous faisons donc demi-tour pour l'observer de plus près. Lorsque nous arrivons une demi-heure plus tard à Portland,
un barrage de flics nous arrête pour soumettre Fred à un alcotest. Fred, qui a un peu abusé des canettes de whisky coca qu'il n'a jamais trouvées en France, tellement il n'y a jamais de
flics et personne sur la route, est positif, et se fait embarquer. Nan, on déconne, nous passons sans problème et demandons si nous sommes sur le bon chemin. Après 20 minutes, c'est au
tour d'Audrey de prendre le volant, et Fred écrit un article avec elle pendant les 50 derniers kilomètres. Arrivée à 19h.
Un panneau "Port Fairy welcomes safe drivers" indique l'arrivée en ville. Pas grand monde ici non plus, dans cette cité de bord de mer. Nous nous arrêtons au YHA, recommandé par le Lonely,
bookons notre chambre, puis reprenons la voiture pour aller voir l'océan, sur une plage de l'autre côté d'une dune de sable. Nous faisons de même de l'autre côté de la petite
rivière, pour tomber sur une autre, immense. Top. La vue est belle, les vagues petites mais régulières, et se cassant en rouleaux, formant des traits hozizontaux ordonnés disparaissant
sur l'horizon. Nous passons faire un tour au supermarché, pour acheter quelque chose à préparer dans la cuisine de la guesthouse, au moment où il ferme. Nous ne savons pas encore qu'en
passant dans l'Etat de Victoria, nous avons perdu une demi-heure, et devons avancer nos montres. On comprend donc mieux qu'ils ferment alors que pour nous, il n'est encore que 19h37.
Mais bon, toujours sympas ces australiens, ils veulent bien rallumer quelques lumières pour nous permettre de quoi faire des carbonaras. Retour à la guesthouse deux rues plus loin,
puis préparation des pâtes. Nous dînons dans le salon commun, avec deux anglais et un canadien, en profitant du wifi mis à disposition par un autre client ayant acheté une heure de
connexion sur le PC équipé d'une fente à pièces, fonctionnant comme un parc-mètre. Une première ce genre d'engin. Nous rentrons dans notre private room comme d'habitude, un peu avant minuit.
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Lolo (jeudi, 04 avril 2013 12:59)
je veux des mentos pina colada
Sophie (jeudi, 13 août 2020 11:10)
Le coup de l’arrestation policière n’a pas fonctionné cette fois ! Une fois pas pas deux :-)