Il est 10h15 lorsque nous ouvrons les yeux, les rideaux encore fermés, au chaud dans ce lit qui a tenu toutes ses promesses. Nous avons envie de traîner, mais nous sommes en même temps impatients de découvrir là où nous sommes, et à quoi ressemblent ces montagnes, et cette fameuse rivière, à côté desquels nous sommes. Nous nous levons donc, d'autant que, à cette heure, c'est la dernière possibilité de prendre un petit déjeuner. La salle en bas, ce matin, est éclairée par la timide lumière du soleil, qui peine à percer à travers la brume. Le feu est déjà allumé dans la cheminée. Le couple de californiens rencontrés hier est là aussi, tout comme un autre couple d'américains, ainsi que leurs deux enfants. Ambiance chaleureuse, pour un petit déjeuner copieux, avec jus de fruits frais, bacon, oeufs brouillés, toasts, et thé au jasmin. Nous nous précipitons néanmoins dehors juste après avoir commandé pour découvrir le paysage tout autour. Derrière la maison, trois grandes falaises, de plusieurs centaines de mètres de haut, tombant à pic sur nous. Devant l'entrée, un petit jardin, quelques sièges et tables, et un petit escalier menant droit à la rivière, seulement quatre ou cinq mètres plus bas. Tout proche, un énorme plant de bambous, haut d'environ sept ou huit mètres, tout comme ceux sur la rive en face. Au loin, sur notre gauche mais également sur notre droite, d'autres pics tout aussi impressionnants, qui ressemblent parfois à de gigantesques mammouths minéraux vus de profils, ou encore à des menhirs géants et surnaturels, les uns cachants les autres derrières eux, et jouant donc sur plusieurs plans en même temps. Juste à nos pieds, la rivière Yulong, affluent de la rivière Li. Calme absolu. Tellement calme que les montagnes se reflètent sans difficulté dans l'eau claire. Un bateau en bambou, long de quatre mètres et large d'un et demi, passe, sans bruit, seulement mû par la force du bras de son propriétaire, debout sur la poupe, ne tenant qu'une tige de bambou, probablement aussi longue que l'embarcation. Les petites vagues provoquées par son passage viennent à peine troubler le reflet du paysage dans la rivière. Impression de le voir glisser sur l'eau. Génial. Quel réveil. Et quelle sensation. Nous nous croyons dans un de ces dessins chinois à l'encre de chine, toujours dépouillés et peu colorés, que nous avions vus dans un musée précédemment. Nous sentons que notre semaine va être différente : reposante, calme, détendue, au grand air, apaisante. Le rythme d'ici va s'imposer à nous.
Nous décidons donc de partir explorer les environs, et tenter de s'approprier un peu de tout cela, ou plutôt simplement admirer ces paysages jusqu'alors inconnus. Nous louons deux vélos,
disponibles dans le chalet, achetons une carte de la région (avec les différents sites touristiques, pistes cyclables, et itinéraires conseillés dessus), et filons vers le nord.
Objectif le Dragon Bridge, à 10km d'ici. La photo sur la carte n'a pas l'air démente, même si le pont a 800 ans, mais peu importe, c'est le bon pretexte pour prendre l'air, et faire du
vélo dans cette région qui s'y prête bien. En outre, jusqu'ici, nous n'avons jamais eu l'occasion d'en faire. La route est tantôt goudronnée, tantôt en terre, mais souvent à une seule voie.
La circulation est faible, et les quelques scooters ou voitures que nous croisons s'annoncent en jouant du klaxon (un petit coup bref néanmmoins, pas comme en Inde). Nous traversons
différents villages, nous permettant d'apprécier les habitudes des ruraux chinois. Des hommes jouent aux cartes, des femmes font de la broderie, d'autres construisent leur maison,
améliorent la route, ou cultivent les champs. Le terrain est plat, accentuant l'effet des montagnes dont nous nous approchons. Nous slalomons entre les champs de blé, de riz, ou de
clémentines sous serre. Les couleurs sont vertes, brunes ou minérales. Les verts se déclinent en de multiples variations, du vert foncé des arbres et de la forêt qui recouvrent les
montagnes, au vert brillant des salades, en passant par le vert doux des bambous. Le ciel est couvert, donnant au paysage une ambiance presque noir et blanc, où seul le vert ressort.
Rien de rouge, jaune ou bleu, comme si ces couleurs n'existaient plus. Nous pédalons un peu plus de deux heures, à un rythme modéré, le temps de se perdre un peu, ne sachant pas bien où
passer parfois, la route s'arrêtant pour se diviser en plusieurs pistes possibles. Les locaux ne parlent bien sûr pas anglais, et nous indique le chemin lorsque nous nous arrêtons pour
leur montrer la photo du pont sur la carte. Une ou deux fois, devinant notre itinéraire, ils lèveront le bras vers la direction à suivre avant même que nous ne leur demandions quoique
ce soit. Nous faisons à plusieurs reprises une halte au bord de la rivière, parfois pour regarder le paysage, observer les radeaux, ou encore hésiter à embarquer sur l'un d'eux. Une
prochaine fois.
Après être allés trop loin et être tombés sur une route nationale, nous revenons en arrière et trouvons le fameux pont. Bon, soyons franc, ce n'est pas le pont du siècle, ni celui du Gard.
Pas très impressionnante, cette passerelle en pierres. Certes, elle a 800 ans, mais ça ne se voit guère (plutôt rassurant du coup). Nous nous asseyons dans l'un des seuls endroits
servant à manger - il n'y a quasiment personne autour, et c'est la basse saison - et avalons un fried rice qui nous rappelle le Népal, assis face au pont. Il est 14h30. Il fait bon, le
temps s'arrête de passer. Faisant partie des rares touristes du jour, plusieurs personnes viennent nous demander si nous souhaitons descendre la rivière, et rejoindre notre point de départ
en bateau. Notre "non" souriant mais ferme les étonne, car ici, c'est LA chose à faire. Oui mais nous restons presque une semaine, monsieur ! Alors on se la garde en réserve, et today,
c'est vélo. Séance photos, rapide, traversée du pont, et sens inverse sur l'autre rive. Là encore, nous nous perdons un peu, et découvrons qu'il faut en fait emprunter un chemin en
terre large d'un demi-mètre pour continuer. Autour, toujours ces champs à moitié cultivés, et ces montagnes, dont nous sommes maintenant au pied, dans ce décor aux couleurs douces. Nous
mettons deux bonnes heures pour rentrer.
Douche ultra chaude qui fait du bien, même s'il ne fait pas très froid dehors, puis apéritif au coin du feu. Pour un peu, on se croirait au ski. Cela ne fait que 24 heures que nous sommes
là, et nous nous sentons terriblement bien. Clairement, cette semaine va être différente, et va nous permettre de nous reposer. On casse le ryhtme. Savourer ces plaisirs simples, comme
lire le journal pendant une heure devant la cheminée sans avoir d'emploi du temps. Se coucher tôt (ou pas), ou regarder un film dans ce lit douillet pour s'endormir. Jouir du calme et
du silence de la campagne, qui nous a sûrement manqué jusqu'ici.
Nous dînons, discutons avec les autres hôtes, et nous éternisons un peu, avant de monter dans cette chambre si agréable, et se dire en s'endormant qu'il fait bon être ici.
Écrire commentaire
annick (samedi, 26 janvier 2013 19:38)
bonsoir ou bonjour a tous les deux ça y es j'ai rattrapé mon retard j'ai donc tout vu sur le japon les photos les vidéos et bien lu tout les textes bravo c'est extraordinaires,géniale( bravo pour le nouvel appareil les photos sont magnifiques)c'est un régal de vous lire continuer de nous faire voyager et de nous émerveiller A+ BISOUS
François P. (samedi, 26 janvier 2013 19:59)
Hé hé ! J'ai hâte de lire le prochain post car après 4 heures de vélo vous allez avoir de bonnes courbatures aux fesses ;-)
alain maryse (samedi, 26 janvier 2013 22:47)
D'accord avec François plus de 20 bornes à vélo pour des cyclistes comme vous, ça a du laisser des traces! de bons massages seront les bienvenus ainsi qu'une bonne nuit dans ce fameux lit douillet.
bisous
cruche (vendredi, 01 février 2013 09:02)
j'ai été ébahie des talents cyclistes d'Audrey, après l'étape en chine j'aimerai bien la voir dans l'&tape du Tourmalet.
miaou!
ISABELLE F (lundi, 04 février 2013 13:46)
Coucou. pour les pro du vélo, l annee prochaine, venez faire les pistes de royan, ou nous serons installés pour une retraite bien méritée
Toujours autant de plaisir à vous lire. Merci, merci, merci.....
Gros bisous