Réveil matinal, car c'est le dernier jour pour profiter de la ville. 6h30 donc, Audrey se rendort, et nous nous levons finalement à 8h30. Petit-déjeuner, bagages pliés pour être prêts ce soir - nous dormons dans un ryokan - et posés dans la locker's room, nous franchissons le seuil de la porte pour aller pas très loin, au Kiomizu Temple, construit en 798, puis re-construit en 1633 après avoir brûlé. Pagode en bois sur notre droite, toits typiques, ferveur locale, et petit temple à côté dans lequel nous entrons pour marcher dans le noir total, juste après avoir fait un voeu, en allant tout droit, puis en tournant à gauche, avant d'arriver devant une pierre éclairée qu'il faut réussir à atteindre pour qu'il s'exauce. D'après ce que l'on nous dit, nous entrons symboliquement dans l'utérus de Bodhisattva (la femme Buddha) pour faire un voeu. Ce parcours ne prend que 5 petites minutes. Il y a beaucoup de monde. Nous marchons dans les allées autour du temple principal, et voyons tout un tas de japonais affairés, en ligne. Ils font la queue pour accéder à une source d'eau pure sacrée, la fontaine précieuse du temple, qui apporte santé et longévité. La procédure à suivre consiste à attraper une louche en bois, se laver la main gauche, puis la droite, et enfin se rincer la bouche avec l'eau, puis la remettre dans la même position qu'au départ. Nous rentrons ensuite dans le temple principal, situé à flanc de la colline, et passons près des fondations, de centaines de piliers toujours en bois, dont le diamètre fait bien 1,5m. Tout cela a perduré depuis le 17ième siècle. Le complexe contient de nombreux autres temples, dont le plus connu est dédié au Dieu de l'Amour et des bonnes rencontres. Nous y accédons en empruntant un chemin sur notre gauche. Le chemin se raccourcit, ça se bouscule autour de nous, et sommes pris dans cette efferfescence. de chaque côté, dans de petits espaces sacrés, colorés, de différentes formes. Chacun a son rituel. Par exemple, marcher d'une pierre à l'autre, 18m plus loin, les yeux fermés, afin de trouver l'amour. Soi-disant, si quelqu'un vous aide, vous trouverez l'amour grâce à un intermédiaire (qui vous aidera à trouver l'amour). Si vous y arrivez tout seul... vous avez compris. Autre part, c'est un papier qu'il faut jeter dans l'eau, en inscrivant dessus un problème que vous avez. Quand il sera dissout, votre problème sera résolu. Chaque Dieu résout des problèmes spécifiques, et a sa spécialité. Bien sûr, offrande bienvenue.
Il est 11h45. Encore une fois, nous avons un programme à suivre. La prochaine étape se situe au centre de Kyoto, et nous devons reprendre le bus pour nous y rendre. C'est le Nishiki Food Market. Un marché couvert, parcourant une longue rue, où le poisson est roi. Balade détendue, à regarder, découvrir, goûter et s'émerveiller des différents produits que nous voyons. Reportage spécial dans une des rubriques du site. Inutile d'en dire plus ici, la vidéo sera bien mieux. Nous y restons jusqu'à 14h15. Ensuite, nous nous rendons au Kinkakuji Temple, bien plus connu chez nous sous le nom de "Pavillon d'Or". Construit en 1397, c'est, comme à chaque fois, une villa, ici destinée à la retraite du shogun local (Ashikaga Yoshinitsu), et convertie en temple par son fils. A peine entrés, nous sommes stupéfaits : l'endroit est magnifique. Un des plus beaux que nous ayons vus depuis le début de notre voyage. Le ciel est clair. Le temple, entièrement recouvert d'or, fait face à un petit lac dont l'eau bouge à peine, créant ainsi des reflets plus que bienvenus, sublimant encore plus l'endroit. Il faut dire que lorsqu'on entend parler du Japon, on entend souvent parler de ce temple. Aussi parce que certaines reliques de Buddha y reposent. L'affluence est grande sur le promontoir juste en face, où le point de vue pour une photo est parfait. Nous restons plusieurs longues minutes à enregistrer ces images. Traditionnel grand écart pour Audrey. Puis nous faisons le tour, en longeant le chemin précu à cet effet. En route, juste à côté, nous nous écartons brièvement pour apprécier les jardins japonais tout autour. Nous nous sentons bien. La lumière à cette heure, 16h (nous pensons qu'il est 17h, le soleil se couche tôt), donne de jolis reflets. Nous poursuivons jusqu'à la sortie, en passant derrière, de plus près, observant les détails, avec parfois quelques branches d'arbres au premier plan, pour mieux régaler nos yeux.
Direction ensuite, vous avez devinez, un autre temple classé à l'Unesco. Celui là pour son jardin zen. Devant l'entrée, nous découvrons qu'il est impossible d'utiliser une carte bleue. Cash
only. Et pas de bol, nous n'en avons pas assez. L'entrée coûte 5 euros. Audrey est déçue. Nous décidons donc, plutôt que d'abandonner, de la jouer façon Pékin Express. Nous allons
tenter de nous faire inviter. Nous essayons de trouver des occidentaux, mais il n'y a pas grand monde autour. Seuls quelques japonais. Nous demandons à l'un d'entre eux, sûrement la
trentaine, s'il sait où se trouve un distributeur de billets. Nous savons qu'il n'y en a pas aux alentours. Devant notre déception, et en lui glissant que nous repartons demain du Japon
pour la France, il sort de sa poche un billet et nous le tend, content de pouvoir nous aider. Thanks l'ami. Cela s'est fait bien plus facilement que nous le pensions. Du coup, c'est
parti pour une belle visite. Nous passons à côté d'un petit lac, puis rentrons dans le temple, à l'intérieur duquel se trouve le fameux jardin - devant lequel plusieurs personnes sont
assises à méditer ou contempler le lieu. Point particulier, il n'y a ici aucun arbre. Seulement 15 rochers basaltiques entourés de mousse, au milieu d'une mer de sable parfaitement
ratissée. En fait, le sable symbolise l'océan, et les rochers les montagnes. Ces derniers sont disposés de telle sorte qu'il est impossible de voir les quinze à la fois. Soucis du
détail, dont le sens nous échappe. Face à ce jardin, les chambres sont ouvertes, composées de murs coulissants peints. Nous sommes vraiment au Japon, l'ambiance est unique. Nous marchons sur
une petite promenade au dessus d'un autre jardin, pour rejoindre une autre partie. Puis nous partons. En bus, pour changer (le métro n'a que deux lignes ici).
Nous devons effectuer un changement pour rejoindre une boutique où Fred tient à aller. Bonne nouvelle, un nouveau temple classé, le Ninnaji Temple, se trouve à cet endroit précis. Nous ne
verrons cependant que les deux énormes statues de chaque côté de la porte principale, car il est désormais trop tard pour entrer. Ici, tous les sites ferment entre 16h30 et 17h30. Nous
attendons le bus relativement longtemps. Il nous emmène de l'autre côté du Palais Impérial, côté Est, chez Tozando, une boutique de sabres et épées japonaises. Fred, qui adore
l'époque médiévale japonaise et ce qui entoure les samouraïs, ne pouvait passer à côté. Le magasin est assez grand. Au rez-de-chaussée, des sabres de première ou deuxième catégories,
d'autres en bois, des livres spécialisés, et des kimonos. Nous discutons longuement avec l'une des deux personnes présentes, un italien vivant depuis 3 ans au Japon, venu spécialement
pour pratiquer le Kendo, l'art martial utilisant le katana. Fred écoute attentivement ses explications, sur les différentes lames, leurs qualités intrinsèques, les différences de prix, les
longueurs de lames etc... à l'étage, quatre superbes armures, et des lames fabriquées à la main, selon une méthode tradionnelle (qui prend plusieurs longs mois de travail, respectant un
cahier des charges précis, une composition minérale particulière, utilisée depuis le 12ième siècle). Le Japon a longtemps abrité les meilleurs forgerons de la planète, et l'acier en
provenance des mines du pays est de particulièrement bonne qualité, grâce à la composition géographique et minérale du territoire nipon. En outre, c'est tout l'esprit japonais qui se
concentre dans la fabrication d'une lame. Presque une oeuvre d'art. Superbe fruit du travail humain, de persévérance, d'humilité, et de rigueur. Fred repart avec, entre autres, un livre
ou deux sur tout cela, car ici, la carte bleue est acceptée.
Il se fait tard, et nous commençons à être en retard pour notre ryokan, d'autant que nous devons repasser prendre notre sac laissé ce matin dans la locker's room à K's House. Nous avions dit que nous arriverions vers 18h, il est déjà 19. Nous marchons dans cette grande rue vide et sombre pour rejoindre le métro. Comme au temple, pas un sou en poche, nous prenons donc les tickets "enfants" au distributeur automatique, en espèrant ne pas nous faire prendre par quelqu'un, sachant qu'il y a systématiquement un ou deux agents près des tourniquets (on ne sait pas, on se dit que la sonnerie retentissant quand on passera notre ticket ne sera pas la même par exemple). Pas de problème, personne ne nous appelle, nous traçons sans vraiment savoir où est notre ligne comme si de rien était, sans demander quoi que ce soit. Depuis tout-à-l'heure, aucun distributeur de billets acceptant les cartes Visa ou Mastercard. C'est fou. Nous arrivons à la guesthouse, et prenons nos sacs fissa. Sens inverse, retour au métro, nouveau ticket enfants. Rebelote. Nous retournons sur Gion, dans le centre de la ville, là où était la salle de spectacle d'hier soir. Nous avons l'adresse du ryokan, mais pas de plan. Quelqu'un nous a expliqué comment s'y rendre, mais comme souvent, certaines choses en route vous font doutez, et perdre votre chemin. Nous demandons. Ca semble assez loin. Mince. Nous partons dans la direction indiquée, qui nous semble étrange. Nous re-demandons. Nous sommes sur le bon chemin, mais il y a pas mal de marche pour y arriver. Sac de 15 kilos sur le dos, nous marchons, doublons des japonais plus petits de 15 cm dont l'allure est au ralenti, et sommes un peu stressés. Nous sommes maintenant dans les petites rues du quartier. C'est très joli. Nous aimerions bien savoir ce qui se cache derrière toutes ces façades en bois, lanterne rouge, et petit arbre. Sûrement de très bons restaurants, ou d'autres ryokans luxueux. Finalement, nous trouvons. Il est 20h15. Nous enlevons nos chaussures, et mettons les petits chaussons qui nous attendent depuis pas mal de temps déjà. Tout le monde, y compris les clients, est en kimono ici. Nous détonnons, avec le sac et nos affaires. Tout est calme. Couleurs claires de bois, banzaï, vases simples à motifs bleus ou verts disposés ça et là. La demeure date de la fin du 19ième, et a été rénovée il y a quelques années. Nous montons l'escalier. Le couloir est étroit, et bordé de portes coulissantes claires. La personne nous présente notre chambre. Un grand espace séparé en deux. A gauche, une petite table devant laquelle nous nous asseyons, agenouillés, pour boire un thé. A droite, la pièce est vide, hormi une coiffeuse, et deux petits fauteuils avec une table sur le côté. La personne nous laisse quelques instants. Nous découvrons deux kimonos par personne, un petit trousseau contenant une serviette individuelle, un rasoir, une brosse à dent, et un chauffe-main. Tout est parfaitement disposé. Nous posons notre manteau sur un chevalet. Quand la personne revient, elle nous apprend que notre réservation ne comprend pas le dîner, et que la cuisine est fermée. Euh... comment dire ? L'offre que nous avons prise par Internet ne comprend en effet pas le dîner. Nous sommes un peu dégoutés, car nous nous faisions une joie d'être là et de dîner dans ce lieu, servis dans notre chambre après avoir pris un bain chaud, et revêtus d'un simple kimono. Petite baisse de moral. Nous sommes très étonnés, mais effectivement, c'est bien le cas. Et il aurait été étonnant que la personne nous mente, vu le pays, la mentalité, et le lieu où nous sommes. Elle nous suggère un restaurant à côté, et nous y emmène. Celui-ci est fermé, car il est presque 21h. Après un échange de mots que nous ne comprenons pas entre la personne du ryokan et celle à l'accueil du restaurant, nous sommes invités à entrer. Nous comprenons, ou plutôt ressentons dans cette conversation, qu'il était question d'honneur et de respect des invités. La personne du ryokan repart, et nous laisse. Malheureusement, il n'y a absolument personne dans le restaurant. Nous décidons donc de partir, pour aller un peu plus dans le centre ville, toujours à Gion, à pieds, et en trouver un autre. Nous tournons un peu, et ne souhaitons pas nous éterniser, car avant de quitter le ryokan, nous avons réservé la salle de bain, pour 23h, afin de profiter du spa et du bain chaud, dans ce décor de cinéma. Nous suivons notre nez et nous arrêtons dans un restaurant de viande, un teppanyaki, comme l'autre fois, celui-ci étant plus simple et populaire. Nous nous asseyons au comptoir, à côté de japonais en costume et ayant plusieurs verres de saké d'avance. Nous sommes bien tombés, car la déco et ce qu'il y a dans nos assiettes nous plaisent bien (du waygu notamment). Verre de vin en plus, pour rattraper la déception de la mauvaise réservation du ryokan, qui casse un peu l'expérience que nous souhaitions avoir ce soir. Nous repartons en passant par ce temple que nous n'avons pas eu le temps de visiter cet après-midi, tout éclairé maintenant qu'il fait nuit, et dont le jardin est ouvert. Nous pensions d'ailleurs prendre un raccourci en passant à travers, mais sommes obligés de revenir sur nos pas.
Nous arrivons, sans nous perdre cette fois-ci, au ryokan, à l'heure pile, et montons dans notre chambre enfiler notre kimono. Nos matelas ont été installés par terre, et
quatre couvertures qui ont l'air incroyablement confortables. Bien plus que les tatamis tout durs sur lesquels nous pensions dormir. Nous prenons notre temps, et regardons les détails
du lieu, inspectons notre lit, puis partons pour la salle de bain. Nous restons dans ce bain chaud une petite demi-heure. Ensuite, crème après rasage Sheshiedo pour Fred, à disposition
des clients, avant de se glisser dans notre tatami plus que confortable, avec toutes ces épaisseurs et cette couverture épaisse et ultra moelleuse.
Il s'agit quand même de dormir, car demain, direction Hiroshima, via le train de 8h33.
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alain maryse (vendredi, 11 janvier 2013 08:49)
après ces belles photos et vidéos nous allons c'est sûr passer une journée zen. bisous
Marie, Anaïs et Justine (vendredi, 11 janvier 2013 21:03)
C'est superbe ! comme ds les dessins animées disent les filles.
Sinon je ne connaissait pas votre coté "arnaqueurs" !!!
Sof (samedi, 12 janvier 2013 08:46)
Bravo pour la débrouille!! ;)
C'est marrant: en vous lisant j'éprouve la meme frustration que vous devant les portes closes et le stress du tps trop court pour voir et faire tout ce que vous aimeriez...
Je pense qu'un autre voyage au Japon s'impose! ;-)