Comme hier, nous sommes réveillés par le contrôleur une demi heure avant notre arrivée. Il fait toujours nuit quand nous descendons du train. La gare est grande, et dehors, une grande place déjà bondée pour cette heure matinale s'offre devant nos yeux, tout comme ce mur de pierre, telle une muraille, qui part de gauche à droite. Un peu plus loin, toujours devant nous, des enseignes lumineuses, un Mac Donald dont les néons éclairent tout le trottoir, et pas mal de circulation. Cette ville de plus de 3 millions d'habitants semble bien plus urbanisée que nous ne l'avions imaginé. Nous retrouvons facilement nos amis espagnols. Nous prenons tous un tuk tuk, chacun le notre, pour rejoindre nos quartiers. Notre guesthouse n'est pas très loin, à environ 10 minutes. Tout près, un grand bâtiment rectangulaire, dans le plus pur style soviétique, avec le drapeau chinois flottant au dessus. Probablement quelque chose d'administratif, ou du gouvernement. Nous apprendrons plus tard que c'est une préfecture. A la réception, nous bookons une chambre pour ce soir. Elle sera prête deux heures plus tard, vers 9h, le temps pour nous de prendre un petit déjeuner, et de regarder si nous avons quelques commentaires à lire! Nous sortons juste après pour rejoindre nos amis dans leur guesthouse, à 20m de la notre. Nous convenons de nous retrouver vers 9h30, et de voir si nous allons ensemble voir l'armée en terre cuite, et comment s'y rendre, car nous sommes cinq. Notre chambre est enfin prête. Elle est terrible. Grande, la couette épaisse, et la salle de bain presque luxueuse, avec une cabine de douche et un carrelage en imitation marbre. Ca tombe bien, ce soir, c'est la nuit de Noël.
Après avois étudié les différentes options avec nos compères ibériques, et nous être renseignés auprès de la réception, nous concluons qu'il vaut mieux aller voir l'armée en bus local, même si nous avons un changement, plutôt que de prendre deux taxis, ou de passer par le service de la guesthouse (qui comprend un guide, un arrêt shopping, un arrêt boisson...). Nous repartons ainsi vers ce bâtiment administratif, sur la grande place, et prenons notre premier bus. Dedans, rien pour composter. Il faut simplement glisser un billet de 1 yuan dans la petite tirelire. Et tant pis pour vous si vous n'avez pas la monnaie. Nous sommes un peu bruyants, et nos amis en forme. Nous nous installons au premier étage. De retour à la gare, nous cherchons pas mal de temps cet endroit où se trouve le second bus, le 306. Coup de chance, quand nous le trouvons, il s'apprête à partir. Le trajet coûte 7 yuans par personne (presque 1 euro), et prend un peu plus d'une heure. Nous en aurions payé 200 en taxi. Nous prenons une autoroute, et ne quittons jamais les zones urbaines. Nous passons à côté d'une grande centrale thermique, avec deux grandes cheminées, comme dans le Rhône avec nos centrales nucléaires. Nous sommes déposés à une gare routière, juste à côté de l'entrée du parc où se trouve l'armée. Comme souvent, nous prenons un "audioguide", afin d'avoir des commentaires et informations sur ce que nous allons voir, et mieux comprendre tout cela. L'armée en terre cuite, ou Army of Terracotta Warriors, est une des découvertes archéologiques les plus célèbres au monde. Pendant plus de deux millénaires, ces milliers de soldats à taille humaine, enterrés sous terre, ont silencieusement gardé la tombe de celui qui a, pour la première fois, unifié la Chine: l'empereur Qin (à ne pas confondre avec la dynastie Qing, entre le 17 et le 20ième siècle, juste après celle des Ming). Dire qu'à cette époque, Platon n'était décédé que depuis 200 ans! On ne sait toujours pas à ce jour s'il était terrifié par les esprits de ceux qu'il avait vaincus de son vivant, croyant qu'ils l'attendraient dans l'au-delà, ou, comme beaucoup d'archéologues pensent, qu'il espèrait que son règne continue une fois mort, dans l'autre monde. Quoiqu'il en soit, l'occasion nous est donnée de porter un regard sur ce que fût le monde de la Chine ancienne. La découverte de cet ensemble fût fortuite. Incroyable quand même. Un pur hasard. En 1974, des paysans ont creusé un puit et découvert une voute enterrée renfermant tous ces soldats. On imagine ce que les experts ont du ressentir lorsqu'ils ont découvert une, puis deux, puis dix, puis cent, puis mille, et enfin plus de 6000 statues, en formation de bataille, mais aussi des chevaux, au fur et à mesure de la progression des recherches. Aujourd'hui, les guerriers ne tiennent plus leurs armes à la main, car celles-ci étaient en bois, et ont donc pourri avec le temps, tout comme des chariots de guerre eux aussi enterrés, et dont on aperçoit les vestiges. Et comme beaucoup le savent, aucun des fantassins n'est identique. La plupart n'ont pas le même visage, mais c'est parfois un détail sur la robe de guerre, la manière dont elle tombe juste sous le genou, ou les protections sur les épaules, qui diffèrent les unes des autres.
Nous avons commencé notre visite, après concertation avec les espagnols, dans l'ordre inverse de ce que font la plupart des gens. Les soldats sont en effet exposés dans 3 fosses distinctes. Délibérement, nous avons débuté par la plus petite, la N°3, afin de terminer par la N°1, la plus grande, et conserver le "wow" effect ! Dans chacun des bâtiments, des photos des fouilles sont exposées, expliquant le travail effectué pour mettre à jour cette armée. Nous découvrons que les soldats étaient peints, ou bien habillés. Certains d'entre eux sont exposés individuellement, protégés par une vitre autour de laquelle vous pouvez tourner pour observer les détails, comme la semelle d'un archer agenouillé, totalement gravée, comme si la chaussure devait accrocher le sol. La fosse N°3 ne contient qu'une soixantaine de soldats, mais est considérée comme étant le quartier général, étant donné la proportion de hauts gradés parmi les statues. La fosse N°2 contient environ 1200 soldats et chevaux, et est toujours en travaux pour les sortir de terre. Nous n'apercevons pas grand chose dans ce grand hall, beaucoup de terre couvrant toujours la chair à canon en terre cuite. Cependant, c'est là que 5 d'entre eux sont exposés derrière une vitre : un archer agenouillé, un debout, un cavalier et son cheval, un officier de rang moyen, et un général. Tous ont des expressions différentes, et des détails différents sur leur tenue. Enfin, nous entrons dans le "Pit 1". Il fait la taille d'un hangar d'avion, voire de deux. 2000 guerriers sont diposés, en formation longiligne, prêt à la bataille, ainsi qu'une première ligne transversale d'archers, sur 3 ou 4 rangs. Il paraît que la salle contient 6000 personnages, devant encore être mis à nu. Autrefois, tous tenaient une arme, que ce soit un arc, une arbalète, une épée, une masse d'arme, ou bien une lance. De même, l'infanterie était accompagnée de plusieurs dizaines de chariots, aujourd'hui désintégrés. A côté de ces 3 halls s'en trouve un autre, présentant une autre découverte faite sur le site : 2 chariots et leurs chevaux, entièrement coulés dans le bronze, placés juste à 20m de la tombe du premier empereur. Ce dernier est d'ailleurs connu pour sa tyrannie, et son dédain du confucianisme, à tel point qu'il fît brûler tous les livres en parlant, et, d'après la légende, fît enterrer vivants près de 500 étudiants. Il a néanmoins créé un gouvernement centralisé efficace, modéle pour les futures dynasties, et unifié les mesures, la monnaie et l'écriture à travers le pays, sans parler de toutes les routes construites pendant ses 36 ans de règne (qui débuta à l'âge de 13 ans), par la force des bras de milliers d'esclaves.
Nous sortons de l'enceinte du musée, après avoir pris notre temps à observer, scruter les détails et contempler ce qui pourrait bien être une merveille du monde. Avant de reprendre le bus pour retourner à Xian, nous nous arrêtons tous un peu au hasard dans un des nombreux restaurants, juste à la sortie. Nous pensions nous rechauffer, mais pas du tout, la seule source de chaleur était le poêle au milieu de la salle. Petite pensée pour le Népal. Auparavant, nos amigos de Saragosse ont fait quelques emplettes et négocié dur pour acheter quelques figurines en terre cuite. Ce n'est pas le choix qui manquait, vu le nombre d'étallages et le peu de touristes à cette époque de l'année. Enfin, nous repartons. L'ambiance est bonne, la bonne humeur du Sud de l'Europe n'ayant pas de fin. Nous nous mettons à chanter 'Viva Espana" au mileu de passagers asiatiques, et faisons quelques pas de passo doble. Aucune réaction de nos voisins aux yeux bridés. Drôle. Il fait encore jour quand nous descendons tous du bus, après avoir effectué notre changement, comme à l'aller. En traversant la place, nous sommes témoins de la descente du drapeau national, juste devant la grande porte d'entrée de la fameuse préfecture. Une musique militaire retentie dans un haut parleur, et les gardes se mettent à marcher au son du clairon, en portant le drapeau à l'intérieur.
Une fois notre guesthouse rejointe, nous nous préparons pour notre soirée de Noël. Nous avons proposé aux espagnols de nous rejoindre le soir, une fois qu'ils auront visité un peu la ville, comme ils le souhaitaient, alors que nous préférions rester tranquillement dans notre chambre et prendre notre temps. Un sapin orne l'entrée de notre résidence de Noël, décorée pour l'occasion. Fred s'installe dans la grande salle, où un concert à lieu ce soir, et Audrey le rejoint un peu plus tard. N'ayant pas d'emploi du temps à respecter, nous en profitons pour mettre un peu le site à jour, et nous pencher sur ce que nous souhaitons faire demain, avant de reprendre le train pour Beijing. Cocktail en attendant les espagnols. Les tables de la salle sont quasiment toutes réservées, par des asiatiques, et non par les locataires de la guesthouse, mais le personnel est super et nous trouve un endroit qui va bien. Du monde arrive, et s'installe. L'ambiance est bonne, ça s'agite, discute, et rigole. Nos amis arrivent eux aussi, avec toujours la même bonne humeur. Séance photo avec nos voisins. Nous trinquons tous ensemble. Nous sommes conscients que c'est Noël, mais cela est très différent de d'habitude. Pensée pour nos proches en France, avec 8h de décalage. Le concert commence à 22h, et dure 1 heure. Une fois terminé, tombola pour tirer au sort les chanceux qui ont droit à un cocktail gratuit. Arrivée du Père Noël local, qui distribue un cadeau symbolique (fruits, bonbons, biscuits) à chaque table. Un "Vive le vent" traverse la salle, et nous nous rendons un peu plus compte que Noël est aujourd'hui. Avec toutes nos visites, et le fait que cette fête ait moins de portée ici (bien que nous ayons vu plus de décorations qu'imaginé en Chine), nous n'avons pas senti la date approcher, avec l'excitation qui caractérise généralement ce mois de décembre. A minuit, nous nous souhaitons tous un "Joyeux Noël", et allons nous coucher dans l'heure qui suit.
Écrire commentaire