Le débrief houleux avec l'agence DTS de Delhi

Nous nous décidons enfin à retourner à l'agence dont nous avons été clients ces deux dernières semaines, un peu à reculons, car nous savions que cela serait une prise de tête, et qu'il allait falloir se battre pour récupérer quelque chose. Nous avons préparé nos arguments hier, listé toutes ces choses qui ne se sont pas passées comme prévu ou qui ne sont jamais arrivées (comme les personnes qui devaient nous attendre après les trains ou bus pour nous conduire à l'hôtel) et avons noté le prix des hôtels, des transports etc... afin de pouvoir être crédible. 

 

Nous y sommes allés en fin d'après-midi, à un moment où il y avait encore de futurs clients assis devant différents bureaux, comme nous avant. Nous étions assez énervés. Calmes mais en colère. L'homme qui s'était occupé de nous l'a tout de suite senti. Nous avons commencé à lui expliquer tout ce qui n'était pas allé, et il s'est mis à nous couper pour tenter de s'expliquer, avec des arguments un peu foireux, comme le fait que l'Inde était encore un pays en développement et que tout n'est pas aussi parfait qu'en Europe. Certes, mais ces types ont une agence clean, parlent parfaitement anglais, et sont censés répondre à une demande que d'autres agences bien moins entretenues ne peuvent pas traiter. Le ton est monté, et l'atmosphère est agitée. Ca commence alors à gueuler sévère. Un type est arrivé en se présentant comme le manager (alors que Fred l'a reconnu et lui avait demandé il y a 15 jours si c'était le manager - car il était un peu mieux habillé que les autres - et la réponse avait été négative). Fred lui répond qu'il bluffe car il lui avait demandé justement. S'ensuit alors un nouveau récap (nous n'avions pas fini d'énoncer tous nos points d'ailleurs), en étant de nouveau coupés dans nos propos. Lorsque nous lui disons que nous avons payé trop cher le palace, car nous avons les prix dans le Lonely Planet, il nous dit que le Lonely Planet n'est pas fiable ! Nous rigolons. Ce fameux "manager" nous dira plus tard qu'il connait bien le Lonely car il travaille pour eux. La blague. C'est alors que Fred se penche et demande tout haut à tous les clients présents de ne pas faire confiance à cette agence, que ce sont des menteurs, et de venir écouter le débriefing de notre voyage pour savoir pourquoi. Du coup, bien sûr, l'ambiance a continué de chauffer. Ca l'était déjà, cela dit, avec quatre personnes autour du bureau. Nous reprenons la liste de nos griefs, comme par exemple notre chauffeur qui nous a demandé 10% du prix de notre voyage en pourboire, au moment où nous l'avons laissé à Pushkar, alors qu'il n'avait jamais été question de pourboire (en tous cas pas de cet ordre). Bien sûr, nous avons donné 5 fois moins. Pour faire sérieux, l'homme dit à un des autres de trouver immédiatement le nom de notre chauffeur, de l'appeler, et de lui dire qu'il est viré. Dallas, vous connaissez? Ca fait son petit effet en tous cas, car jamais nous n'avons été témoin et acteur d'une telle situation. Nous restons cependant imperturbables, mais énervés, car après tout, ce n'est pas notre problème (nous en avons déjà assez avec eux). La suite sera du même acabit, nous nous faisons prendre pour des cons, ouvertement. Ils nous diront même que nous leur faisons perdre leur temps et devons rembourser l'heure de travail perdu à cause de nous. Fred s'énervera pour de bon un peu plus tard, en renversant par terre une bonne partie de ce qu'il y avait sur le bureau. Ils tentent de nous impressionner en disant qu'ils vont nous faire un procès, ou peuvent nous bloquer à l'aéroport grâce à la photocopie de nos passeports. Une blague de plus. Fred bluffera, quand il lui demande sa profession (plusieurs fois dans la discussion, notamment au début quand nous étions plus calmes et impassibles devant leurs foutaises) en leur répondant qu'il est Financial Controler dans un cabinet d'avocats (merci Arnaud !). Bon, arrêtons d'en parler, car le stress et l'énervement reviennent rien que d'y repenser aussi précisément, alors que nous avons depuis rapidement tenter de passer à autre chose.

 

Finalement, ils nous rendent en cash 5 ou 6% du montant que nous avons payé. La situation prend fin quand nous acceptons leur deal. Notre sortie est brutale, car Fred a fait mine - comme le manager une dizaine de minutes avant - de filmer le décor et les différentes personnes avec l'Iphone, et en disant qu'il avait tout enregistré. Ca en a mis un hors de lui, qui a saisi l'Iphone et s'est senti insulté (car il avait fait en sorte que nous récupérions un peu plus que la somme proposée initialement). Il a failli le jeter par terre pour s'assurer que rien ne resterait, mais ne l'a pas fait. Il a menacé Fred, qui ne s'est pas laissé impressionner. D'autres personnes de l'agence l'ont aussi un peu calmé. Voilà comment nous sommes partis, avons fermé la porte et réglé nos comptes avec cette agence privée, nommée DTS (Delhi Tourism Service), et située sur Connaught Place. Nous repartons assez furieux, mais content d'avoir toujours l'Iphone en bon état.

 

Quelques mètres plus loin, Audrey craque. Et là, nous croisons un indien chauffeur de tuk tuk, jeune, qui s'arrête pour nous réconforter et nous expliquer que cette agence n'a pas bonne réputation, qu'il est désolé pour l'image que cela donne de l'Inde, qu'il n'aime pas voir les gens pleurer etc... après le froid, le chaud. Ou comment vous réconcilier avec le pays. C'était saisissant. Il nous dit que c'est une agence particulière, et mêle dans son discours des éléments d'ordre religieux. Comme quoi l'apparence d'unité que nous avons n'est pas à prendre - évidemment- sans une pincée de recul (cela dit, une française connaissant très bien l'Inde, rencontrée le jour de notre départ à l'hôtel, nous confirmera la plupart des choses que nous avons écrites à ce sujet dans nos différents articles, et que l'unité n'est pas seulement apparente ici... et donc qu'on est bien loin de la France). Il nous dit - et insiste sur ce point - que nous pouvons appeler la police, et qu'ils seront clairement de notre côté, car nous sommes les touristes. Nous hésitons à le faire. Et d'un autre côté, il nous reste peu de temps dans la ville, qu'il vaut mieux utiliser de manière plus positive. Nous discutons comme cela dix minutes, et partons nous changer les idées, en marchant autour de la grande Connaught Place, sous les arcades de ses galeries marchandes. Pendant un certain temps, nous avons envie à 50% de passer à autre chose, 25% d'appeler quand même la police, et 25% de revenir demain matin, se poster pas très loin, et faire fuir leurs futurs clients. Nous optons pour le premier choix, et d'être raisonnables. Audrey va moyennement, Fred n'est pas trop énervé et arrive à breaker assez vite, à moitié satisfait d'avoir pu récupérer quelque chose, d'avoir fait fuir un client, et d'avoir a priori bien énervé la plupart des employés de l'agence, une belle bande d'enfxxxxx, alors que nous aurions pu rentrer les mains dans les poches.

 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    christiane (samedi, 15 décembre 2012 12:05)

    pauvre audrey elle a du avoir peur devant cette violencefred soit zen et prudent poupougne bien audrey pour qu elle retrouve sa sérénite

  • #2

    Phil cadou (samedi, 15 décembre 2012 19:16)

    Un régal de vous lire! Vraiment super!

  • #3

    Isabelle - Ferrières (mardi, 18 décembre 2012 13:57)

    Coucouc vous deux.
    Pose déjeuner journalière et comme d'hab, je me connecte.
    Quel palisir de vous lire, de regarder les photos et vidéos.
    Merci, merci.
    Prochaine étape, changement culturel important.
    J'ai hate, mais reviens toujours avec plaisir sur les deux précédents pays. Continuez et gros bisous