Gokyo - Gokyo Ri - Nha
6h de marche
4800-5360-4400m
La nuit porte souvent conseil. Celle-ci fut difficile (nous n'avons quasiment pas dormi), Fred a cogité des heures durant, stressé par le fait que nous ayons appris hier au soir qu'il n'y aurait pas de petit déjeuner si nous partions à 5h du matin. Cette étape étant la plus difficile, et étant une première pour Audrey, il lui semble plus sage et raisonnable de décaler le départ et d'attendre l'ouverture des cuisines, afin de partir le ventre plein, d'autant que les têtes ce matin sont plus lourdes que d'habitude. Nous nous levons quand même à 4h, prévenons notre guide, et attendons de pouvoir manger. Il fait très froid!
Le soleil se lève doucement, nous nous forçons à avaler un oeuf et quelques toasts, et partons finalement aux alentours de 6h. Sage décision que nous ne regretterons pas pendant les 3h de montée. La frontale n'est alors plus utile. Malgré les gants et les chaussettes techniques (achetées spécialement pour cette étape), nous ne sentons plus nos mains et nos pieds. Nous effectuons des mouvements spécifiques pendant la marche afin de faire circuler le sang pour les réchauffer (ça marche!). La pente est raide, dès le départ. Nos gourdes gèlent rapidement. En atteignant les 5000, les rayons du soleil, dépassant les sommets qui nous entourent, commencent à nous réchauffer. L'effort est long, constant. Nous progressons néanmoins, petit à petit. Le rythme est lent, régulier, tout comme notre respiration. Audrey fixe le rythme, tout à fait convenable. L'anémomètre indique 3m/min. Le décor se dévoile peu à peu, nous nous sentons prendre de la hauteur. Souvent, Audrey demande si c'est encore loin. Personne ne répond, chacun étant concentré sur ses pas et son souffle. Plus loin, Audrey demande si les 5000 sont franchis, plus tard, si la moitié du trajet est derrière nous. Silence. Nous commençons à croiser ceux partis avant nous, en train de redescendre, qui nous encouragent. Le jeu en vaut apparemment la chandelle. Nous savourerons quelques heures plus tard le plaisir d'être à leur place. Vers 9h, nous arrivons enfin au sommet du Gokyo Ri, qui avec le Kala Pathar, offre l'une des plus belles vues sur l'Everest. Emotion spéciale pour Audrey.
Le décor est magnifique, avec une vue directe sur l'Everest et le glacier aperçu hier, mais 500m plus haut. Vue à 360°. Nous voyons la vallée parcourue ces derniers jours s'étirer sur des dizaines de kilomètres et serpenter entre les montagnes. Les 3 lacs sont toujours aussi turquoises, si loin, si bas. Nous prenons notre temps, malgré les 45% d'oxygène, et savourons notre victoire. Nous photographions à tout va. Nous sommes une dizaine. Un sexagénaire japonais entonne quelques airs à l'harmonica. Atmosphère rendue un peu magique par l'altitude et la prouesse individuelle et en même temps collective. Quiétude sublimée lorsqu'avec Audrey, ils interprèteront un "Somewhere over the rainbow" particulier. Surprise que tout le monde appréciera. Les yeux rassasiés, nous redescendons les jambes lourdes. Nous mettons une grosse heure pour rejoindre les 4800, qui en paraît au moins le double pour Audrey. Nous ne sommes pas les seuls surpris lorsque nous croisons un octogénaire japonais sur le chemin. Comme quoi, tout cela n'est peut-être qu'une question de mental.
Nous arrivons au lodge fatigués, mais heureux. Audrey s'écroule de sommeil dans la salle à manger. Nous reprenons des forces, tentons de nous réchauffer et repartons deux heures plus tard vers notre prochain point de chute, la journée n'étant pas finie. Notre guide nous avait parlé d'une heure et demie de marche jusqu'au lodge du soir, ce fut finalement plus de deux heures que nous dûmes parcourir, les trois quarts du temps seuls car notre guide a tracé son chemin sans nous attendre, loin devant. Nous nous sommes une ou deux fois trompés de chemin, nous obligeant à revenir parfois un peu en arrière. Moment un peu difficile après la matinée passée. Le soir, nous rencontrons deux israéliens en vadrouille (comme souvent après avoir fini leur armée) dont l'aide est précieuse : ils nous indiquent l'adresse d'une guesthouse apparemment plus que convenable à Varanasi, notre première destination en Inde. Nous nous couchons vers 6h30 mais n'arrivons pas, paradoxalement, à trouver le sommeil.
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Sof (vendredi, 16 novembre 2012 09:48)
Bravo à vous deux!!! :-)
Et encore une fois ma petite Audrey a su rendre un moment magique grace à sa sublime voix....
Fred (dimanche, 18 novembre 2012 15:06)
Superbes photos
Et de 2 Fred !
Je vois aussi que vous avez retriuve la cousine de karate kid L)
JM - Cousin (lundi, 19 novembre 2012 10:27)
Vous êtes des malades !
Bravo à vous deux et surtout à Audrey pour l'exploit !
J'attends la suite avec impatience !