Phortse Tenga - Machhermo
3400 - 4400m
5h30 de marche
Ca y est, la barre des 4000 est passée. Fred doute qu'il en soit de même pour le CAC, malgré l'élection présidentielle américaine, dont nous venons d'apprendre le résultat. Passage pas forcément facile pour Audrey, dont le mal de tête se fait sentir pendant l'effort, mais normalement dira-t-on. Les symptômes de l'altitude apparaissent et c'est bien normal, surtout pour une première fois dans son cas. Rien d'handicapant, juste une petite barre au niveau du front et les tempes qui battent le rythme en marchant, même à allure modérée. Pas question de jouer à aller vite de toutes manières. Désormais, c'est le rythme respiratoire qui dicte celui des pas, et non l'inverse. C'est le secret de tout effort d'endurance.
La journée a bien commencée. Même s'il fait toujours aussi froid dans la chambre (on attend de voir cette nuit et demain !), nous avons très bien dormi. Encore une fois, vive les duvets qui font parfaitement le job. Surprise au réveil de voir que la buée sur la fenêtre avait gelée ! Idem pour la chasse d'eau des toilettes (communes bien sur) et le robinet. C'est en effet ce matin que nous voulions tester nos pastilles purificatrices d'eau, afin d'éviter d'acheter de l'eau en bouteille dont le prix a doublé (2euros/litre). Mais avec un robinet gelé, pas facile. Heureusement, notre guide est allé en prendre dans la cuisine. Petit déjeuner copieux (thé, céréales, oeufs au plat, pain tibétain), puis début d'une marche de 2h30, départ tardif vers 8h15. On suit la rivière et remontons son lit, en montant de plus en plus. Cascades de glaces, stalactites géantes, l'air est froid mais c'est beau. Nous n'avons pas froid, grâce aux différentes couches de vêtements et à l'effort, tranquille mais constant.
Nous arrivons à 4000, dans le petit village où nous avons prévu de nous arrêter. Nous avions rajouter cette étape lors de l'élaboration du parcours (en fait, nous avions prévu de diviser en deux une étape) afin de favoriser l'acclimatation et rassurer Audrey. Finalement, nous nous sentons bien et décidons de poursuivre jusqu'au village prévu initialement. C'est vrai que, se dire que la journée est finie à 10h45, c'est moyen.
Nous nous arrêtons un peu plus tard pour déjeuner, et Fred retrouve par hasard un des guides avec qui il avait fait le tour des Annapurnas il y a 5 ans. Il lui montre des photos de l'époque, et Saunam (c'est son nom) se souvient. Il accompagne un groupe d'espagnols. Le monde est vraiment petit.
La suite de la journée sera un peu plus difficile, comme souvent lorsque l'on passe les 4000. Le décor change: plus beaucoup de végétation, une sorte de steppe/toundra, du vent, un ciel
bleu, un sol couleur jaune/marron (et d'innombrables dégradés en fonction de la lumière), plus de vie animale, et des sommets qui nous surplombent et rendent tout cela grandiose.
D'autant que nous sommes absolument tout seuls. La progression est plus lente, même si le dénivelé est progressif (rien à voir avec les marches de ce matin ou d'il y a quelques jours).
Il vente pas mal, le thermomètre affiche 4°C, malgré le ciel bleu. En bas, la rivière de ce matin, à moitié gelée. Nous suivons un chemin sur le flanc de la montagne, et
apercevons celui que nous prendrons, sur le versant d'en face, lorsque nous redescendrons dans quelques jours. En le voyant, nous sommes impressionnés par sa taille, toute petite au
regard de la montagne. Nous sommes à 4200, et le sommet sur notre droite monte facilement à 6000, tout comme ceux derrière nous, et ceux qui se découvrent au loin, entièrement
recouverts de neige. La fin du parcours sera un peu pénible pour Audrey, qui est pressée d'arriver et demande régulièrement à quelle altitude nous sommes, et si c'est encore loin.
Enfin, nous arrivons. Le village est niché dans un immense couloir de pierre, surplombé par un pic magnifique. Nous nous sentons rentrer dans la montagne. Nous sommes à 6 jours de
marche de notre point de départ. Nous changeons d'univers. Plus question d'aller au même rythme que d'habitude à partir d'aujourd'hui, bien que nous soyons encore à une altitude
raisonnable. Juste une question d'attitude à prendre. Pour nous réconforter nous décidons de sortir un de nos deux saucissons Fayet, que nous avions emportés pour les moments difficiles
de cette aventure népalaise. Nous invitons notre guide à partager ce moment gustatif à 4400 m d'altitude. Nous apprenons les gestes pour dire "miam miam" en népalais : tourner l'index
posé sur la joue!
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